La gauche révolutionnaire au Japon
« En somme, écrit l’auteur dans l’avertissement qu’il place en tête de son ouvrage, l’ouvrier japonais n’est pas plus japonais que l’ouvrier français n’est français ; ils sont tous deux prolétaires, ils luttent simultanément contre le capitalisme et l’impérialisme, qu’ils viennent de l’Ouest ou de l’Est ». Ceci indique clairement l’orientation et le ton général de ce livre au texte assez court et qui donne du Japon une vision évidemment toute différente de celle à laquelle se rallient les écrivains d’idées moins avancées.
Il existe au Japon, affirme Bernard Béraud, une opposition « de gauche », à vrai dire encore assez désunie, mais dont les partis extrémistes, qu’ils soient trotskystes, marxistes-léninistes, marxistes révolutionnaires, internationalistes, débordent largement le communisme classique et dénoncent violemment la montée du néofacisme dans les actes et les intentions du gouvernement en place. Celui-ci, avec la connivence et l’aide des Américains, opprime le peuple qui commence enfin à comprendre à quel point il est exploité et veut réhabiliter le militarisme japonais des années 1940 ; d’où les heurts brutaux que la presse relate parfois entre les opposants, notamment les étudiants et les forces de police.
L’ouvrage est consacré surtout, en dehors d’une description générale de la situation politique intérieure du Japon, à l’histoire des mouvements étudiants et, moins longuement, à celle des partis ouvriers. Il est écrit d’une plume alerte ; ni le style, ni les idées ne cherchent à donner le change sur l’engagement de l’auteur, dont la sérénité et l’objectivité se trouvent ainsi mises en question. ♦