La République Arabe Unie après Gamal Abdel Nasser
En examinant il y a quelques mois, ici même, comment s’ouvrait « l’ère post-nassérienne dans l’Orient arabe » (1), nous notions que le mécanisme constitutionnel égyptien, qui devait pourvoir à la succession présidentielle, s’était régulièrement mis en mouvement, et que nulle difficulté majeure n’était à prévoir. Au milieu d’un désarroi populaire parfaitement compréhensible, la continuité gouvernementale de la République Arabe Unie a en effet été assurée : des hommes nouveaux ont assumé, dans des structures bien adaptées, les hautes fonctions tragiquement devenues vacantes, et la politique générale du pays a été poursuivie sans à-coups.
La disparition subite d’un chef aussi prestigieux que Gamal Abdel Nasser produit cependant des changements qui, pour n’être pas brusques, n’en seront pas moins considérables. On ne saurait, certes, parler de « nouveau régime », puisque rien n’est modifié dans les structures. Mais il s’agira sans doute d’un style différent, dont les traits majeurs apparaîtront progressivement, pour s’accentuer peu à peu, et peut-être pour engendrer par la suite des mutations plus profondes.
L’appréciation de l’évolution ultérieure de la République Arabe Unie nécessitera donc la connaissance de cette période, dont le probable caractère « de transition » n’altère nullement l’importance. À l’intérieur de structures demeurant permanentes, l’économie des pouvoirs s’articule de manière originale. Et la politique générale, dominée par la tension de l’effort militaire et économique, le plan Rogers et la trêve temporaire, nécessite des décisions qui portent la marque de leurs auteurs et qui engagent dans une bonne mesure l’avenir.
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