Défense dans le monde - Autriche et Suisse : budgets de défense pour 1971 - Pays du Pacte de Varsovie : réunion des ministres de la Défense et des chefs militaires - Chine : apparition de deux nouveaux chars - Japon et Philippines : retrait des forces américaines
Autriche : budget de défense pour 1971
L’accession au pouvoir du gouvernement socialiste en mars 1970 a accentué le malaise de l’armée et mis en relief les insuffisances graves de la défense autrichienne. La réduction du service militaire de neuf à six mois, qui avait servi de thème électoral devait déboucher sur une profonde réforme de l’appareil militaire. Or, les projets présentés dans cette optique par la Commission chargée de cette étude et exprimant largement les vues du Haut Commandement se sont heurtés à l’hostilité du chancelier Kreisky. Les incidences financières qui devaient résulter de la réforme exigeaient un effort du pays en opposition avec les priorités que s’était fixées le Cabinet.
Ainsi le budget pour l’année 1971, adopté le 16 décembre 1970 par le Parlement était-il attendu avec intérêt. Or ce budget n’a pas favorisé la défense. La part des crédits militaires dans le budget général passe de 4,08 % en 1970 à 3,76 % en 1971 ; en valeur absolue, les dépenses qui s’élevaient l’an dernier à 4 135 millions de schillings (1 schilling = 0,21 franc) atteindront, cette année, à peine 4 185 M de schillings, ce qui représente une augmentation de 1,2 %. Il faut néanmoins souligner que cet accroissement de 50 M de schillings sera en grande partie absorbé par l’élévation du niveau général des prix.
À l’analyse, les dépenses ordinaires, essentiellement affectées au fonctionnement, passant de 3 587 M à 3 614 M de schillings représentent 86,3 % du budget militaire au lieu de 86,7 % en 1970 ; les dépenses extraordinaires consacrées aux équipements passant de 548 M à 571 M de schillings représentent 23,7 % au lieu de 23,3 %.
Dans le domaine des équipements, il est probable que ce budget limité permettra cependant de faire face :
– aux échéances concernant l’achat des matériels aériens nouveaux (SAAB 105Ö, hélicoptères Sikorsky S-65Ö Sea Stallion et amorce de la commande d’une deuxième tranche de 12 hélicoptères Augusta Bell 206A JetRanger) ;
– à l’introduction dans l’armée de terre du véhicule de transport léger à versions multiples Pinzgauer ;
– à la mise en service des premiers chasseurs de chars K franco-autrichiens.
Quoi qu’il en soit, ce budget ne tient pas compte des propositions faites par la Commission d’études pour la réforme de l’armée. Selon elle, le budget de défense aurait dû être porté à un montant supérieur à 5 milliards de schillings pour pouvoir supporter l’accroissement des frais d’entretien des personnels engagés à court terme, l’équipement des formations de réserve, les frais inhérents à l’accroissement des périodes obligatoires, ainsi qu’un certain nombre de dépenses liées à la réforme.
Suisse : budget de défense 1971
Les problèmes posés par la défense suisse qui absorbe de l’ordre de 25 % du budget, impliquent pour la Confédération un effort financier important qu’il s’agisse de la modernisation des armes conventionnelles (et notamment du remplacement de l’avion d’appui au sol) ou de la réorganisation du service territorial. Le projet de budget de la Confédération pour 1971 approuvé par les Assemblées apporte quelques éclaircissements à ces problèmes.
Comme l’année précédente, l’équilibre des dépenses (8 571 millions de francs suisses, 1 FS = 1,28 F français) et des recettes (8 514 MFS) est à peu près réalisé. Par rapport à 1970, l’augmentation des dépenses publiques est de 13 % alors que les dépenses au titre de la défense nationale ne se sont accrues que de 6 %, ce qui confirme la diminution, constatée depuis plusieurs années de la part relative des crédits de défense.
En effet, cette part s’élevait à 32,2 % en 1965, elle n’est plus que de 24,4 % en 1971.
D’autre part, les crédits de défense nationale (2 088 MFS en 1971) se répartissent entre la défense militaire (1 915 MFS soit plus 6,5 % par rapport à 1970) et la défense civile (173 MFS + 1,2 % par rapport à 1970).
Les crédits affectés à la défense militaire peuvent être divisés entre les dépenses d’équipement et les dépenses de fonctionnement.
Les dépenses d’équipement représentent 1 032 MFS soit 53,8 % du total (54,8 % en 1970).
D’une part, les acquisitions en matériel de guerre représentent 832 MFS soit 6,4 % d’augmentation par rapport à 1970. Sur ce montant, 768 MFS concernent des projets adoptés dans le cadre de diverses dispositions prises, relatives à l’armement, aux budgets de matériel de guerre ainsi qu’aux programmes de développement et de recherche.
D’autre part, les constructions et installations sont créditées de 200 MFS.
Les dépenses de fonctionnement représentent donc 883 MFS soit 46,2 % du total de la défense militaire (45,2 % en 1970).
En ce qui concerne le budget de la défense civile, il représente 8,3 % du budget de la défense nationale, soit 173 MFS (2 M de plus qu’en 1970) dont 149 pour la protection civile (2 M de moins qu’en 1970).
Le budget de défense suisse pour 1971 se caractérise donc par une grande stabilité ; il est pratiquement la reconduction du budget précédent.
Il marque la volonté du pays de poursuivre régulièrement son effort de défense et notamment la modernisation de ses matériels, celle-ci étant légèrement entravée par l’importance croissante des frais de fonctionnement. Le problème du remplacement des 200 De Havilland Venom ne trouve pas encore sa solution dans le cadre de ce budget. Le déblocage du crédit de 1 300 MFS qui a été prévu à cet effet ne dépend plus que du choix de l’appareil par le gouvernement de Berne, choix qui relève de considérations militaires et politiques.
Pays du Pacte de Varsovie : réunions des ministres de la Défense et des chefs militaires
Les ministres de la Défense des pays du Pacte de Varsovie devaient se réunir à Budapest du 21 au 23 décembre 1970. Annoncée officiellement le 14 décembre, cette réunion a été reportée en raison des événements sur la côte de la Baltique [NDLR 2021 : des émeutes en Pologne liées à une augmentation soudaine des prix de produits de première nécessité et alimentaires].
Le Comité des ministres de la Défense avait été « institutionnalisé » lors des délibérations du Comité consultatif politique du Pacte siégeant à Budapest en mars 1969. Chargé de l’élaboration des propositions adoptées par le Comité consultatif « pour ce qui concerne la question du renforcement de la capacité de défense des pays alliés et de l’amélioration à l’aptitude au combat des forces unifiées », le Comité des ministres de la Défense se situe à un échelon intermédiaire entre la décision politique et la direction des forces, assurée par le commandement en chef des forces du Pacte.
Depuis sa création, le Comité s’était réuni il y a un an à Moscou et en mai 1970 à Sofia. Il semble donc qu’une périodicité de six mois pour les sessions soit normalement prévue.
En Allemagne de l’Est, une réunion des principaux chefs militaires de la NVA (Nationale Volksarmee) s’est tenue le 18 décembre à Berlin-Est, sous la présidence du ministre de la Défense, le général Hoffmann. Cette réunion avait pour objet d’examiner les documents relatifs à la 14e Session du Comité central du SED (Parti socialiste unifié d’Allemagne) ainsi que les décisions prises par le Comité politique consultatif du Pacte lors de sa réunion à Berlin-Est le 3 décembre 1970. Le Comité avait alors mentionné dans son communiqué final la décision d’accroître le potentiel de défense de la RDA.
Le général Malzev et l’amiral Verner, chefs des administrations politiques du GFSA (Groupement des forces armées soviétiques en Allemagne) et de la NVA ont signé le 28 décembre le plan des mesures communes à prendre en 1971 pour développer la coopération et raffermir la fraternité entre les deux armées. Ce plan prévoit des réunions communes pour préparer le 24e Congrès du PC soviétique et le 25e anniversaire de la création de la SED.
Une semaine de Fraternité d’armes aura lieu du 22 février au 1er mars.
Chine : apparition de deux nouveaux chars
Deux nouveaux types de chars semblent avoir été construits en Chine. Ces matériels auraient les caractéristiques suivantes :
• Char léger T-62, d’un poids de 21 tonnes, armé d’un canon de 85 mm et de deux mitrailleuses, monté par quatre hommes, qui serait une réduction du char moyen T-59. Quelques exemplaires auraient été livrés à la Tanzanie mais on ne sait pas si ce modèle est en service dans l’Armée populaire de libération (APL).
• Char léger amphibie T-60, dérivé du PT-76 soviétique, mais qui en diffère par :
– un canon sensiblement plus long,
– une tourelle plus profilée semblable à celle du T.62.
En 1970, plusieurs blindés de ce type auraient été observés en Chine.
Japon et Philippines : retrait des forces américaines
Les effectifs US au Japon devraient être réduits de près d’un tiers avant juin 1971 (12 000 hommes sur 39 000). Cette réduction concernera surtout l’aviation : 6 escadres de McDonnell Douglas FC-4 Phantom II, soit 108 avions, vont en particulier être redéployées en Corée du Sud (base de Josan) et à Okinawa ou repliées aux États-Unis, et quatre grandes bases (1) feront retour au Japon. D’autre part, le support de la VIIe Flotte sera transféré de la base navale de Yokosuka (Tokyo) à Sasebo (Nagasaki). Une évacuation progressive des forces américaines de l’archipel avait été demandée par M. Nakasone (ministre d’État en charge de la Défense), et leur relève est prévue par le 4e Plan de Défense, mais l’ampleur et la rapidité du retrait envisagé paraissent avoir surpris le gouvernement nippon qui va devoir prendre des mesures importantes et urgentes (crédits supplémentaires au budget de 1971, reclassement de 10 000 employés japonais licenciés) pour faire face aux décisions du Pentagone.
Les États-Unis ont accepté de rendre aux Philippines la base navale de Sangley-Point dans un délai de six mois. Sangley-Point, située à une dizaine de kilomètres au Sud de Manille, emploie environ 3 000 Philippins (militaires et civils) et une centaine d’Américains. Elle assure le soutien logistique des unités de la flotte et de l’aviation américaine opérant dans ce secteur. À son transfert, elle sera transformée en quartier général de la Marine philippine et en base de garde-côtes. Vers août 1971, les États-Unis ne conserveront donc plus que deux bases aux Philippines : l’aéroport de Clark et la base navale de Subic-Bay. ♦
(1) Misawa (Nord de Honshu), Yokota et Atsugi (près de Tokyo), Itazuke (Kyushu).