Défense en France - Visite du Président de la République à l'Enseignement militaire supérieur (EMS) - Réunion des Hauts fonctionnaires de défense
Visite du président de la République à l’Enseignement militaire supérieur (EMS)
Comme il est de tradition chaque année, le président de la République s’est rendu le 13 mars, à l’École militaire pour y visiter les différents éléments de l’EMS.
Cet ensemble, placé sous l’autorité du général Buis, regroupe :
– l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN),
– le Centre des hautes études de l’armement (CHEAr),
– le Centre des hautes études militaires (Chem),
– les Écoles supérieures de Guerre des trois Armées et l’École des officiers de réserve du service d’état-major (Orsem),
– l’Enseignement militaire supérieur scientifique et technique (EMSST),
– l’École supérieure de l’Intendance.
Georges Pompidou a assisté dans chaque organisme à un exposé d’un thème d’exercice ou de travail et en a tiré un certain nombre d’enseignements.
Aux auditeurs de l’IHEDN et du Chem, il a rappelé les limites de compatibilité entre les notions d’alliance et l’indépendance. La décision de la France de s’équiper d’un armement nucléaire national devait entraîner son retrait de l’Otan, ce qui ne l’empêche pas cependant de rester fidèle à l’alliance atlantique. Le président de la République a ensuite défini l’esprit de défense comme la volonté de vivre et de survivre ce qui signifie développer les moyens d’existence, donner un sens à la vie mais plus encore protéger l’indépendance de la nation. Si la France est attaquée elle ne sera pas une victime passive et consentante et la menace qu’elle fait peser incite tout adversaire éventuel à la réflexion.
S’adressant aux stagiaires du CHEAr, M. Pompidou a insisté sur la nécessité du réalisme en matière de conception des armements. Les Armées ont besoin d’armes simples permettant un fonctionnement sûr dans les conditions difficiles du combat et ayant un prix de revient accessible. Lorsqu’un modèle est au point, il faut savoir renoncer à l’améliorer sans cesse sous peine d’aboutir à un armement sophistiqué donc fragile, onéreux, donc plus difficile à acquérir en grandes quantités, et dont la fabrication en série est périodiquement différée, au détriment de l’équipement des Armées.
Le Président a parlé ensuite des exportations d’armes.
Quand un pays achète des armes à l’étranger, il cherche certes à acquérir des matériels de qualité mais veut, plus encore, que son effort d’équipement préserve son indépendance et ne le place pas en contrepartie sous le contrôle politique d’une autre puissance. La France, elle-même soucieuse de son indépendance aussi bien que de celle des autres, donne cette garantie. Il n’est donc pas étonnant que des pays du monde entier désirent acquérir un armement français.
À l’École supérieure de Guerre, le Président a rappelé qu’il ne fallait pas confondre dans les Armées concertation et commandement. Le dialogue est nécessaire pour développer la connaissance et la confiance mutuelle et dans une certaine mesure pour prendre conscience des problèmes, mais la décision est le fait de la hiérarchie. Officiers et sous-officiers doivent commander et obéir.
Parlant ensuite des travaux de réforme administrative dans les Armées, le président de la République a souligné d’une part l’intérêt de toute simplification des tâches administratives conduisant à une plus grande efficacité des unités et d’autre part le danger d’une administration parfaite qui se ferait au détriment de ce qui doit être et rester la finalité de l’Armée, préparer la guerre.
À l’École supérieure de Guerre navale, le chef de l’État a assisté à un exercice mettant en jeu des sous-marins nucléaires et à cette occasion il a rendu hommage aux équipages des sous-marins. Évoquant leurs qualités professionnelles et humaines, il a affirmé que leur haute compétence technique, leur esprit de discipline et d’abnégation leur méritent l’estime, l’admiration et l’affection de la Nation.
Aux officiers de l’École supérieure de Guerre aérienne, le Président a demandé de toujours conserver présent à l’esprit le coût très élevé des matériels qui leur sont confiés. Ils doivent donc être vigilants dans leur mise en œuvre pour en obtenir le rendement optimum et pour limiter autant que faire se peut les pertes en vies humaines et en matériels.
Le dernier organisme visité était l’EMSST. Le Président devait y déclarer sa satisfaction de l’ouverture vers les problèmes extérieurs aux Armées que cet enseignement fournit aux militaires et se féliciter de ce que les excellents résultats obtenus dans toutes les disciplines témoignent des qualités de travail et d’adaptation des officiers.
Pour conclure sa visite et après s’être fait présenter les 91 officiers stagiaires étrangers venant de 37 Nations, le chef de l’État a dressé, devant l’ensemble des cadres, auditeurs et stagiaires rassemblés, le bilan général des moyens dont sont dotées les trois Armées.
L’Armée de l’air, équipée dès maintenant de nos armes les plus perfectionnées qui lui confèrent d’énormes responsabilités, a tout lieu d’en être fière et satisfaite. Il en sera sous peu de même pour la Marine qui se verra très bientôt confier, et cela de façon croissante tout au long du troisième plan militaire, les armements les plus puissants et les responsabilités correspondantes.
Si l’Armée de terre a vu la modernisation de ses équipements se développer à un rythme plus lent que celui estimé souhaitable, elle doit trouver des sources de confiance dans la mise en service prochaine de l’armement nucléaire tactique et dans l’assurance que les décisions de la 3e loi de programme seront tenues.
En conclusion, le président de la République a demandé à tous les cadres militaires d’orienter leurs efforts avec persévérance et optimisme vers la recherche de la plus grande efficacité des forces armées dans leur finalité, qui est de préparer et, si nécessaire, de faire la guerre.
Réunion des Hauts fonctionnaires de Défense au Secrétariat général de la Défense nationale (SGDN) le 12 mars 1971
Une réunion des hauts fonctionnaires de défense des ministères civils s’est tenue au SGDN, le 12 mars 1971, sous la présidence du général d’armée Beauvallet. Elle avait notamment pour objet d’examiner l’utilisation des crédits annuels consacrés aux plans d’action civils et économiques de défense figurant aux programmes arrêtés par le Premier ministre conformément à l’article 15 de l’ordonnance du 7 janvier 1959, portant organisation générale de la défense.
Il existe dans chacun des ministères un haut fonctionnaire de défense, charger d’assister le ministre dans l’exercice des responsabilités particulières qui lui incombent dans le domaine de la défense. Choisi au sein du Cabinet ou parmi les directeurs des administrations centrales, ce haut fonctionnaire est toujours une personnalité de rang élevé, ayant autorité, en droit ou en fait selon les cas, sur l’ensemble des directions et services de son département ministériel qu’il est habilité à engager au nom du ministre.
Deux de ces hauts fonctionnaires ont une situation privilégiée, due à leur compétence interministérielle. Ce sont ceux du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Économie et des Finances, qui assurent la coordination des actions des autres ministères dans les domaines respectifs de la défense civile et de la défense économique. Ces deux hauts fonctionnaires se voient, à ce titre, chargés d’animer à l’échelon central, la Commission permanente de défense civile et la Commission permanente des affaires économiques de la défense qui groupent les représentants des ministères intéressés et du ministère de la Défense nationale. Ils contrôlent (1) en outre, à l’échelon local, l’action des commissions régionales de défense économique.
La création des hauts fonctionnaires de défense est encore récente, puisqu’elle remonte seulement à une dizaine d’années. Cependant, sous l’impulsion du SGDN, le rôle de ces hauts fonctionnaires s’est révélé déterminant dans la mise en place des structures de la défense dont ils constituent une des pièces maîtresses. ♦
(1) Arrêté du 19 novembre 1968 relatif aux Commissions régionales de défense économique.