On a dit que le conflit nucléaire avait déjà eu lieu, à Cuba, en 1962. Manœuvre audacieuse des Soviétiques mise en échec par la riposte ferme et mesurée de l’administration Kennedy, c’est ainsi que l’opinion occidentale se représente assez couramment ce qu’on a appelé la crise des missiles. Cette compréhension des événements est peut-être à réviser. L'auteur a rouvert le dossier des interprétations proposées et tente ici d’en dégager quelques thèmes de réflexions.
Dans une première partie, il évoque la naissance de la crise et les voies qui se sont ouvertes pour sa résolution. Il rappelle quelles interprétations en ont été généralement admises à l’Est et à l’Ouest, puis il examine quelques essais d’explication plus nuancés.
Les événements d’octobre 1962, provoqués par l’installation de fusées soviétiques à Cuba, passent pour exemplaires. À Washington, on en a fait le modèle du « crisis management ». Beaucoup d’experts y voient un cas unique de dissuasion atomique en exercice ; des analystes veulent y trouver « une grande manœuvre pédagogique en faveur de la coexistence pacifique » (1). À huit ans de distance, il peut être utile de revoir les faits et leurs interprétations.
Certes la documentation est peu satisfaisante. Ce qui s’est passé au Kremlin reste mystérieux. Les textes soviétiques sont de propagande ou de diplomatie. Les déclarations de Fidel Castro sont aussi contradictoires que pathétiques. Les Américains ont été plus généreux en récits et en analyses, mais cette littérature doit évidemment être maniée avec précaution. Partisans et adversaires de l’administration démocrate y apportent leurs préjugés et leurs arrière-pensées.
Il arrive que des récits officiels ou officieux, écrits pour la plupart après le drame de Dallas, tiennent souvent plus de l’hagiographie que de l’histoire (2). Tout cela doit, non pas décourager les essais d’explication, mais simplement les inciter à la modestie.
Problème — choix — solution
Le vraisemblable… et le vrai
Les six voies
L’utile et l’honnête
Résolution de la crise
Le conflit des interprétations
Pour un bilan des exégèses
Une victoire sans lauriers