Birmanie et Thaïlande, deux aspects de la circonspection
Limitée au nord par une frontière de 2 000 km avec la Chine populaire, enclavée entre le sous-continent indo-pakistanais tourné vers la neutralité et la Thaïlande jusque-là engagée dans le soutien des opérations américaines au Viet-Nam, la Birmanie persévère depuis 25 ans dans un non-alignement voisin de l’isolement. Supportant à la fois les épreuves politiques et les servitudes économiques de cette expérience rigoureuse, elle semble toutefois attacher aujourd’hui un plus grand prix aux rapports internationaux et vouloir rétablir avec la Chine un meilleur climat de voisinage. De son côté, prenant acte des répercussions des formes nouvelles prises par l’engagement américain en Asie, la Thaïlande manifeste le désir d’assouplir son attitude et cherche, à la fois par un plus large développement de ses relations extérieures et une plus étroite coopération régionale, à préserver quoi qu’il arrive son indépendance et sa sécurité. Mais la compétition entre grandes puissances, fussent-elles uniquement asiatiques, l’affrontement des idéologies et les revendications des minorités ethniques, ne laissent qu’une marge étroite aux initiatives des États secondaires soucieux de sauvegarder leur individualité.
La volonté birmane d’indépendance
Les nationalistes birmans avaient d’abord vu dans les occupants japonais en 1943 les vainqueurs des colonialistes britanniques et, derrière leur leader Aung San, avaient approuvé la déclaration de guerre à l’Angleterre. Puis, groupés dans la « Ligue antifasciste pour la liberté du peuple », ils avaient en 1945 suscité le soulèvement général contre les Japonais et facilité la campagne libératrice de lors Mountbatten. Ils s’étaient cependant fermement opposés à toute nouvelle tutelle britannique et avaient décidé de quitter le Commonwealth. Londres en avait pris son parti. L’accord Attlee-Aung San de janvier 1947 avait admis l’indépendance birmane et la réunion d’une assemblée constituante. Mais l’assassinat le 19 juillet d’Aung San allait priver la Birmanie de la seule personnalité puissante qui aurait pu, comme Sukarno en Indonésie, assurer au nouvel État un ferme départ. Son remplacement par U Nu, président de l’assemblée, engageait le pays derrière un bouddhiste fervent, socialiste et nationaliste, mais d’un caractère beaucoup moins bien trempé.
L’Union birmane officiellement proclamée le 4 janvier 1948, date choisie par les astrologues, réunissait la Birmanie essentiellement bouddhiste, l’État des Chans, bouddhistes d’origine thai, celui des Karens, animistes en partie christianisés, l’Arakan, peuplé de musulmans, et d’autres régions habitées par des sectes diverses. La politique de l’Union sera sans cesse affectée par l’agitation centrifuge de ces minorités surtout septentrionales prétendant à l’autonomie et sensibles aux influences exercées par les forces communistes hostiles au pouvoir central et encouragées par la propagande de Pékin et Moscou. Dès 1947, Rangoon avait établi des relations diplomatiques avec l’U.R.S.S. et, soucieux de son bon voisinage avec la nouvelle Chine, avait été le premier à reconnaître en novembre 1949 le gouvernement de Mao Tsé-Toung.
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