Les recherches sur la paix présentent une ambiguïté fondamentale. En tant qu'apparentées aux recherches sur la guerre (polémologie) et d'une manière plus générale à la sociologie, elles visent à l'objectivité et à la neutralité caractéristiques de toute science. En tant qu'action contre la guerre, elles appartiennent au monde de la politique et ne peuvent se départir d'une certaine partialité commune aux pacifismes. À partir de cette remarque qui situe les deux pôles antinomiques de ces recherches, l'auteur décrit leur évolution dans laquelle il distingue – en simplifiant pour les besoins de l'exposé – trois tendances :
1° Une tendance sociologique, représentée surtout par le Professeur Gaston Bouthoul, fondateur de l'Institut français de Polémologie en 1945. Selon lui, la guerre n'est pas l'instrument des motifs qui la déclenchent : ceux-ci ne sont que des prétextes dont elle s'empare pour accomplir des fonctions sociologiques répondant à des besoins profonds (notamment élimination des excédents de population). Pour éliminer la guerre il faut donc fournir des substituts à ces fonctions accomplies par la guerre et qui en constituent le ressort caché.
2° Une tendance stratégique, de type clausewitzien, qui s'est fait jour vers 1955 et qui s'attache, non pas tant aux causes profondes de la guerre qu'aux constantes présentées par les processus belliqueux, au niveau du comportement des acteurs. Cette tendance se propose donc d'agir sur ces processus et elle en recherche par conséquent la rationalisation et la formalisation avec l'aide de la théorie des jeux.
3° Une tendance « globalisante » qui s'est développée à partir de 1962 et généralise la notion de conflit pour englober les phénomènes de guérilla et de révolution. Cette tendance a été poussée à l'extrême par Johan Galtung, lequel assimile à la violence toute contrainte interdisant la réalisation de l'optimum social et économique.
L'auteur fait le bilan des apports de ces trois tendances sur les plans de la science et de l'action politique.