Aux revendications salariales ou ayant trait à la sécurité de l'emploi, s'ajoutent de plus en plus celles qui visent les conditions de travail. Alors que les premières concernent généralement l'ensemble d'une branche professionnelle, les secondes affectent une entreprise déterminée ou un atelier particulier. Cette évolution se traduit dans les modalités de déclenchement des grèves et modifie la nature des relations de l'organisation syndicale avec les travailleurs. On assiste ainsi à un déplacement progressif du pouvoir vers la base. Ignorer une telle évolution peut conduire à l'illusion qu'il est possible actuellement en France, dans le secteur privé, de réglementer la grève par un système institutionnel qui obligerait les syndicats à mener à l'égard des mouvements spontanés de grève une action restrictive qu'ils ne veulent ni ne peuvent assumer.