En moins d’un an l’Iran s’est signalé à l’attention du monde par une série d’événements retentissants : les fêtes de Persépolis en octobre dernier, la mainmise peu après sur trois îlots contrôlant l’accès du détroit d’Ormuz et, au début de cette année, la répression impitoyable du terrorisme révolutionnaire. Enfin le pays vient d’être durement éprouvé par un tremblement de terre qui a fait des milliers de victimes. L’Iran paraît cependant bien engagé sur la voie de la modernité. Un pouvoir fort, des institutions solidement structurées, une économie en cours de décollage et qui, tout en s’appuyant sur l’exploitation du pétrole et bientôt sans doute sur celle du cuivre, ne néglige pas pour autant une agriculture en cours de modernisation après la réforme agraire, tels sont les traits de ce pays chargé d’histoire qui a jadis imprimé sa marque à mainte civilisation de l’Orient.
L’Iran a jusqu’ici habilement tiré parti d’une attitude réaliste à l’égard des Grands ; il peut être tenté aujourd’hui par une politique régionale menée en force en vue de s’assurer la prééminence dans le Golfe. Sa supériorité militaire sur chacun de ses voisins lui en fournirait, certes, les moyens. À cette politique finalement dangereuse, l’Iran devrait préférer la voie pacifique du développement pour lequel la nature l’a si richement doté et qui ferait de lui un modèle exemplaire pour le Tiers-Monde.
En octobre dernier, des fêtes somptueuses ont réveillé l’ancienne capitale iranienne de Persépolis, où parmi les sables se dressent encore les vestiges des fondateurs de la nation. On n’a souvent retenu de ces manifestations que le mélange de faste oriental et de technique moderne, soit pour s’en émerveiller, soit pour déplorer de telles dépenses de prestige dans un pays où il reste tant à faire. Pour le gouvernement de Téhéran, cet aspect des choses est apparemment secondaire, le côté symbolique l’emportant. Lorsque le Chahinchah Mohamed Reza Pahlavi fit le bilan de la nation devant le tombeau de son lointain prédécesseur Cyrus, il pouvait assurément évoquer les grandeurs passées de la Perse, mais exposer aussi de solides motifs d’espérer un brillant renouveau. La vocation de l’Iran est inscrite dans sa géographie et son histoire, elle s’exprime dans sa volonté d’assimiler maintenant le modernisme et de sortir ainsi d’une période d’effacement relatif.
Une terre à vocation historique
Vaste plateau enserré entre deux ensembles montagneux, l’Iran est à la fois un sanctuaire et un lieu de passage. Il communique à l’Ouest avec les pays méditerranéens et l’Arabie par la Mésopotamie, il débouche à l’Est sur l’Asie des steppes et celle du sous-continent indien. Au Nord, il est relié à la Russie d’Europe et s’ouvre au Sud sur l’Océan Indien par le Golfe Persique.
Cette situation exceptionnelle représente un atout considérable pour un pays déjà étendu comme trois fois la France et dont les possibilités naturelles sont variées mais inégalement distribuées. Seule la bordure nord, sur la mer Caspienne, est bien arrosée ; le reste du territoire, à une altitude moyenne dépassant 1 000 mètres, est soumis à un climat semi-désertique. La vie sédentaire y est groupée dans les sites les plus favorisés ; les pasteurs nomades parcourent les terres sèches, dont les plus inhospitalières se situent sur les rivages sud. L’Iran recèle un peu partout des ressources minières importantes (charbon, fer, cuivre, chrome) ; on y trouve encore des gisements de gaz et de pétrole dont la richesse est bien connue.
Une terre à vocation historique
Un effort prioritaire de rénovation à l’intérieur
Une économie chargée de promesses
Une ouverture croissante sur l’extérieur
Perspectives d’avenir