Politique et diplomatie - La nouvelle Europe
À la conférence au sommet de La Haye en décembre 1969, M. Georges Pompidou avait accepté le principe de l’élargissement de la Communauté économique et l’ouverture des négociations avec les quatre candidats : Grande-Bretagne, Irlande, Danemark et Norvège. Deux ans plus tard, en janvier 1972, les négociations ayant abouti, les quatre candidats signaient au Palais d’Egmont à Bruxelles le Traité de Rome de 1957 et les traités d’adhésion.
En ouvrant à La Haye les portes de la Communauté à la Grande-Bretagne, M. Georges Pompidou avait — il l’a rappelé dans sa conférence de presse du 16 mars 1972 — réalisé le projet qu’avait envisagé le général de Gaulle au début de 1969. On se souvient qu’en février de cette année le général de Gaulle avait esquissé devant l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, M. Soames, les grandes lignes d’une Europe où la Grande-Bretagne aurait eu sa place aux côtés de la France. On se souvient aussi que le gouvernement de M. Wilson — dans des conditions qui ne sont pas encore très claires — avait vu une manœuvre dans ce qui n’était que l’exposé de vues françaises sur les perspectives d’avenir. La façon dont le gouvernement britannique avait fait état de ces conversations eut pour conséquence de bloquer tout échange d’idées avec le gouvernement travailliste. Le courant passa de nouveau entre M. Pompidou et M. Heath et leurs entretiens à Paris, les 20 et 21 mai 1971, leur permirent de se comprendre mieux encore et d’harmoniser leurs conceptions européennes.
En effet, dès lors qu’on peut considérer comme acquis l’élargissement de la Communauté, au moins à la Grande-Bretagne et vraisemblablement aux deux candidats Scandinaves et à l’Irlande, le problème se pose de savoir quelles seront les structures politiques, économiques et monétaires de cet ensemble européen. À cet égard, la conférence de presse tenue le 16 mars 1972 par le Président de la République contenait un certain nombre d’indications quant aux idées qui vont orienter la politique française, indications qui ont été complétées par le message du Président aux Assemblées, du 5 avril, et par le libellé de la question posée au pays par voie de référendum. À vrai dire, ces idées ne sont pas nouvelles. En ce domaine, la continuité de la pensée de Georges Pompidou avec celle de Charles de Gaulle est manifeste, au moins depuis que le général de Gaulle à la fin de son mandat avait infléchi sa position à l’égard de la Grande-Bretagne.
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