Histoire de l’impôt. Tome II : Du XVIIIe au XXIe siècle
L’entreprise de Gabriel Ardant – le tome I de son ouvrage l’avait déjà montré – a beaucoup plus d’envergure que son titre ne paraît l’indiquer. Le problème de l’impôt se retrouve en effet, sous-jacent, dans tous les domaines de la recherche historique. Quelle que soit l’approche choisie : économique, sociale, diplomatique, militaire… l’historien ne manquera pas d’être confronté, à un stade ou à un autre de ses investigations, avec la question des ressources de l’État, et c’est leur examen qui, presque toujours, lui fournira la meilleure explication des événements. Le livre de Gabriel Ardant en apporte de très nombreux exemples, qu’il s’agisse des origines du 18 Brumaire, des conquêtes de Napoléon ou du retard pris au XIXe siècle par le développement industriel en France.
Mais, bien entendu, c’est la fonction économique et sociale de l’impôt qui retient surtout l’attention de l’auteur. Elle était sans doute moins apparente avant l’essor scientifique et industriel qui commença dans le courant du XVIIIe siècle et le rôle de l’impôt fut alors surtout important dans l’élaboration des techniques qui permirent la formation des États modernes. Mais ces techniques une fois acquises, et une fois l’Europe et les États-Unis installés dans l’ère industrielle, l’impôt devint le moyen privilégié d’orientation de la vie économique et sociale des Nations. Gabriel Ardant nous explique très soigneusement les mécanismes mis en œuvre dans ce but dans différents pays, et à mesure qu’il se rapproche de l’époque actuelle sa démonstration prend l’allure d’un véritable cours de finances publiques. En fait, la dernière partie – une bonne moitié – de son livre, est consacrée à toutes les théories et à toutes les techniques qui sont aujourd’hui – ou qui seront demain – à la disposition de la puissance publique pour assurer par le truchement de la fiscalité les équilibres fondamentaux jugés politiquement nécessaires.
Ce livre ne manquera pas d’intéresser un large public, parce qu’il éclaire d’une façon peu habituelle et souvent inattendue les événements familiers de notre histoire. C’est que, nous dit l’auteur, inspecteur général des Finances, « la vie de l’impôt est, dans une large mesure, une vie secrète qui ne livre volontiers ni ceux qui le paient, ni ceux qui le contrôlent ». Il a fallu à Gabriel Ardant une vaste érudition, attestée par une bibliographie exhaustive soigneusement analysée et abondamment commentée, pour percer tous ces secrets mystérieusement imbriqués, qui nous intéressent d’autant plus que nous en détenons chacun une petite part. ♦