Marine française

Sorties d’automne de nos forces navales

La sortie d’automne de l’Escadre de la Méditerranée s’est déroulée du 19 octobre au 3 novembre 1972 en Méditerranée occidentale et centrale.

Y ont participé le Cassard portant la marque du contre-amiral commandant l’Escadre, les escorteurs d’escadres d’Estrées (T47 refondu anti-sous-marin – ASM), Jaureguiberry, les escorteurs rapides Le Béarnais et Le Vendéen soutenus par le pétrolier ravitailleur La Seine.

Au cours de cette période, les bâtiments ont poursuivi leur entraînement dans un cadre général de surveillance et de présence en Méditerranée occidentale et centrale. Ils ont fait escale à Venise et Trieste et ont effectué les deux exercices ci-après avec les forces navales et aériennes italiennes :

• Un Passex en mer Tyrrhénienne. Cet exercice de recherche ASM et de lutte surface a mis en œuvre :

– du côté français, outre les navires précités, 2 sous-marins et des avions patrouilleurs Atlantic ;
– du côté italien, un croiseur lance-missiles, 4 escorteurs et des aéronefs de types divers (bimoteurs Grumman S-2F Tracker ASM, hélicoptères Sikorsky SH-3D Sea King et Augusta-Bell AB-204B Iroquois embarqués) :

• Un Passex dans le canal d’Otrante au cours duquel les bâtiments de l’Escadre ont été soumis pendant leur transit à des attaques de Lockheed F-104 Starfighter de l’aviation italienne et à des raids de vedettes rapides.

Succédant à l’exercice Murcie VI qui consacrait la reprise des activités de l’Escadre, cette sortie a permis de poursuivre son entraînement tant en ce qui concerne le ravitaillement à la mer que les opérations de défense aérienne, anti-surface et ASM, entraînement hautement favorisé par la participation italienne à deux Passex.

L’Escadre de l’Atlantique, après la relative inactivité de l’été, a repris au début de l’automne son entraînement normal. Fin novembre, les porte-avions Clemenceau et Foch, la frégate lance-engins Suffren et plusieurs escorteurs d’escadre ont appareillé de Brest pour la Méditerranée afin de prendre part au grand exercice interarmées Sterne qui s’est déroulé du 3 au 8 décembre 1972 en Corse. Le Clemenceau avait été, à cette occasion, gréé en porte-hélicoptères (hélicoptères Super Frelon et Puma) et aménagé en transport de troupes pour 1 500 soldats de l’Armée de terre et le Groupement des fusiliers-marins commandos. C’était la première fois que des hélicoptères de manœuvre Puma de l’armée étaient embarqués sur un porte-avions. Sur le chemin du retour et avant de rallier Brest, l’escadre a effectué dans le golfe de Gascogne des exercices variés de défense des approches maritimes.

Caractéristiques des corvettes type C70

Les caractéristiques des trois corvettes type C70 inscrites à la 3^e loi-programme ont été récemment approuvées par le ministre d’État chargé de la Défense nationale. La première, qui a déjà reçu le nom de Georges Leygues, sera mise en chantier cette année pour être présentée en recette courant 1977. Les deux autres suivront à intervalles rapprochés. Ce nouveau type d’escorteur, sur lequel l’État-major de la Marine a décidé d’adapter un système de propulsion mixte comprenant des turbines à gaz (TG) pour la marche à grande vitesse et des diesels pour la navigation économique, résulte d’un compromis entre les caractéristiques de la corvette type C65 Aconit, jugée pas assez rapide, et celles des frégates ASM classe Tourville, fortement armées et équipées, mais dont le coût élevé empêchait une reproduction en série. Le type Georges Leygues, à vocation essentiellement ASM comme ses prédécesseurs, doit être en effet poursuivi au cours du Plan naval à 15 ans. Une version à vocation antiaérienne, dont l’étude devrait commencer prochainement, est également prévue. Les Georges Leygues présenteront finalement les caractéristiques suivantes :

• Déplacement en pleine charge : 4 100 tonnes ;
• Longueur : 129 m (entre perpendiculaires), 139 m hors tout ;
• Largeur : 14 m ;
• Propulsion : 2 TG d’environ 22 000 CV (1 sur chacune des 2 lignes d’arbre), 2 diesel SEMT 16 PA6, 2 hélices à pales orientables et réversibles ;
• Vitesse maximale : 29,75 nœuds sur les TG ;
• Armement :

– Missiles surface-surface : 4 MM38 Exocet ;
– Artillerie : 2 tourelles simples de 100 CA M^le 64 automatiques avec conduite de tir Véga ;
– ASM : 2 hélicoptères WG13 Lynx porteurs d’un sonar et de torpilles L6. Par remplacement de leurs équipements, ces hélicoptères peuvent avoir une capacité anti-surface (4 AS12) ; 2 catapultes pour le lancement de torpilles L5 (10 torpilles au total).

• Équipement électronique :

– Radars : 1 DRBV-26 [NDLR 2023 : Détection Radioélectrique emBarquée de Veille] de veille-air éloignée ; 1 DRBV de veille combinée - DO [désignation d'objectifs] ; 1 de navigation ; 1 appontage.
– Sonars : 1 DUBV-23 de coque [NDLR 2023 : Détecteur ultra-sons bâtiment veille] et 1 DUBV-43 remorqué, tous deux à basse fréquence (BF).
– Senit (Système d’exploitation des informations tactiques) : 1 calculateur P2M5 ; 5 ou 7 consoles ; liaisons 11 et 14.

Capacité de logement : 250 hommes dont 21 officiers.

Un gros effort en vue de l’habitabilité sera fait sur ces bâtiments par augmentation du nombre d’officiers mariniers logés en chambre, l’amélioration des surfaces, la limitation des effectifs dans les postes d’équipages, l’amélioration des sanitaires et le soin apporté à tous les aménagements. Une étude de l’habitabilité sur les bâtiments de surface, en cours, doit permettre d’obtenir une réalisation satisfaisante de ces besoins.

Les Georges Leygues ne le céderont en rien, comme le montre le tableau ci-contre, aux bâtiments de tonnage voisin en service, construction ou projet dans les principales marines.

Marine britannique : l’exercice Britex Corsica

Cet exercice franco-britannique s’est déroulé du 24 au 28 novembre dernier dans la région des Agriates comprise entre l’Île Rousse et Saint-Florent en Corse.

Les participants français, des parachutistes appartenant au 2^e REP, avaient pour mission, par des opérations de harcèlement et de guérilla, de s’opposer à la pénétration des forces assaillantes, en l’occurrence le 41^e Commando des Royal Marines. Celui-ci avait été embarqué sur le porte-hélicoptères Bulwark, tandis que le matériel lourd d’appui, chars et artillerie, avait été réparti entre les transports d’assaut Fearless et Intrepid. La couverture aérienne de l’opération et l’appui au sol du commando étaient assurés par les McDonnell Douglas F-4 Phantom II et les Blackburn Buccaneer du porte-avions Ark Royal, tandis que les hélicoptères Wessex, également embarqués sur ce bâtiment, et la frégate Arethusa fournissaient, peut-on supposer, la protection ASM de l’opération. Quatre grands bâtiments : Ressource, Lyness, Regent et Olwen, appartenant à la Flotte royale auxiliaire (RFA), se tenaient à proximité, prêts à fournir aux forces engagées des rechanges, munitions, vivres et combustibles dont elles pouvaient avoir besoin. ♦