Maritime - Japon : la Marine dans le quatrième plan de défense - Otan : l'exercice Sunny Seas - Marine française : la phase aéronavale de l'exercice Sterne ; les avisos du 3e plan quinquennal
Japon : la marine dans le 4e Plan de défense
À l’étude depuis mars 1969, le 4e Plan de défense japonais couvrant la période allant du 1er avril 1972 au 31 mars 1977, après avoir été plusieurs fois remanié, a été finalement adopté par le Gouvernement le 9 octobre 1972.
Ce plan a pour but, comme le précédent, de doter le Japon de forces en mesure de prévenir une agression qui serait repoussée par les seuls moyens nippons si elle était de faible envergure, le Japon comptant sur le soutien des États-Unis si l’agression se révélait trop importante.
Le plan, en conséquence, doit permettre le renouvellement des équipements usés et leur modernisation, le renforcement des capacités de défense des approches maritimes, la défense aérienne des régions importantes, la mécanisation des forces terrestres et l’accroissement de leur puissance de feu sans qu’il soit nécessaire d’en augmenter les effectifs, l’amélioration des conditions de vie du personnel, le développement de la recherche technique et du renseignement.
Le plan prévoit une défense de 4 630 000 millions de yens répartis comme suit et par comparaison avec le 3e Plan :
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4e Plan |
3e Plan |
Armée de terre |
1 740 000 |
980 000 |
Marine |
1 070 000 |
570 000 |
Armée de l’air |
1 260 000 |
570 000 |
Agence de défense, Administration et divers |
560 000 |
225 000 |
Total |
4 630 000 |
2 345 000 |
Les dépenses militaires prévues sont donc près du double de celles du 3e Plan mais comme elles ont été basées sur une progression annuelle de l’économie nippone de l’ordre de 7 %, elles ne correspondent pas en fait à une augmentation de la part relative des dépenses militaires, volume qui restera l’un des plus faibles du monde (0,88 % du PNB). Rien ne justifie donc dans ce plan les accusations de militarisme lancées par certains observateurs.
Pour ce qui la concerne, la marine a dû temporairement renoncer à l’embryon de la petite force océanique qu’elle projetait de mettre sur pied. Le Gouvernement lui a, en effet, refusé les crédits qu’elle sollicitait pour la construction d’un ou deux petits porte-hélicoptères. Néanmoins, 54 bâtiments de guerre, logistiques ou auxiliaires, totalisant 69 600 tonnes Washington seront commandés au cours du plan. Celui-ci prévoit en effet :
a) la construction de : 2 frégates (DDH) porte-hélicoptères de 5 200 t chacune ; 1 frégate (DDG) de 3 850 t équipée de missiles surface-air à moyenne portée ; 1 frégate (DDA) de 3 500 t dotée de missiles surface-surface ; 3 destroyers ASM (DDK) de 2 500 t ; 3 escorteurs de 1 500 t ; 3 escorteurs de 1 450 t ; 2 sous-marins de 2 200 t ; 3 sous-marins de 1 800 t ; 19 dragueurs et chasseurs de mines de divers types ; 6 vedettes de patrouille ; 1 petit pétrolier ravitailleur AOE de 5 000 t : 1 petit bâtiment base de sous-marin de 2 000 t ; 5 bâtiments amphibies (LST) de 1 500 à 2 000 t ; 1 hydrographe de 2 000 t.
b) l’acquisition de : 43 avions patrouilleurs P-2J ASM version nippone modernisée du Neptune de l’US Navy ; 9 hydravions ASM du type PS-1 ; 34 hélicoptères ASM.
Si l’on tient compte des unités et aéronefs qui seront retirés du service d’ici la fin du 4e Plan, on peut considérer que la marine disposera à cette époque d’une flotte forte d’environ 170 navires totalisant 214 000 t contre 210 et approximativement 174 000 t. Lorsque les dernières unités inscrites au 3e Plan, encore en construction, auront été admises au service actif, le gros du potentiel de la flotte sera alors constitué, vers 1977-1978, de : 2 frégates (DDH) porte-hélicoptères de 5 200 t ; 2 frégates (DDH) de 4 700 t classe Haruna ; 3 frégates lance-missiles AA ; 1 frégate lance-missiles surface-surface ; 46 destroyers et escorteurs : 15 sous-marins à Diesel à hautes performances.
Le tout soutenu par une flotte logistique bien adaptée et une aéronautique navale forte d’environ 200 aéronefs, la plupart d’ailleurs à vocation ASM. La marine japonaise occupera alors la quatrième place dans la hiérarchie des marines. Armée par un personnel de valeur, elle pourra alors constituer, comme c’est d’ailleurs le cas dès maintenant, la base d’un développement progressif plus important si la conjoncture économique, politique et stratégique en Extrême-Orient oblige le Japon à faire pour sa défense, soit après 1977, soit avant, un effort plus grand qu’actuellement.
Otan : exercice Sunny Seas 73
Cet exercice de moyenne importance s’est déroulé entre le 22 janvier et le 8 février 1973 au large de la péninsule ibérique. Mis sur pied par l’amiral Ralph W. Cousins (SACLANT), il a été dirigé par le contre-amiral américain responsable de la zone IBERLANT. Des navires britanniques, américains, néerlandais et portugais y ont participé ainsi que les unités de la STANAVFORTLANT. Notre Marine a aussi participé à Sunny Seas 73 avec le Clemenceau, la frégate lance-missiles Duquesne, les escorteurs d’escadre Bouvet et Vauquelin, l’escorteur rapide Le Normand, les sous-marins Dauphin et Marsouin, le bâtiment de soutien logistique Rhône et le pétrolier La Seine.
Après une phase d’entraînement aux armes et mise au point des procédures de transmissions, Sunny Seas 73 s’est achevé par une phase tactique comportant des exercices de défense aérienne et sous-marine.
Marine française
La phase aéronavale de l’exercice Sterne
On sait que notre pays est lié à certains États, d’Afrique notamment, par des accords de défense. L’exercice Sterne qui s’est déroulé du 6 au 8 décembre 1972, avait pour but de vérifier dans quelle mesure la force d’intervention était, sur la demande de ces États, en mesure de leur porter secours tant par voie de mer que par voie aérienne. Comme il n’était pas possible que Sterne se déroulât dans un de ces pays, la Corse fut choisie pour les figurer.
Pour rendre l’exercice le plus proche de la réalité, tout au moins sur le plan maritime, le seul qui nous intéresse dans cette chronique, des unités de la force d’intervention normalement basées dans le Sud-Ouest de notre pays furent donc transportées à Brest et embarquées sur les bâtiments de la flotte. Elles furent ensuite acheminées par mer vers l’Île de Beauté, la distance Brest-Corse représentant, à 500 nautiques près, celle séparant la métropole de l’Afrique occidentale. Ainsi, l’aspect aéronaval de cet exercice put être joué avec un réalisme certain. Le porte-avions Clemenceau était au cœur de l’opération amphibie avec douze cents hommes de la 11e Division parachutiste à son bord. Pour les mettre à terre, il avait embarqué 9 SA321 Super-Frelon et 12 HSS [NDLR 2023 : Sikorsky S-58] de la Marine, 6 SA330 Puma de l’Armée de terre et des SA316 Alouette III de ces deux Armées, faisant ainsi la preuve de la polyvalence de ce type de bâtiment.
L’appareillage de Brest eut lieu le 3 décembre 1972. Le réalisme fut aussi météorologique : après une traversée mouvementée du golfe de Gascogne, les troupes étaient largement amarinées. À 25 nœuds de moyenne, le Clemenceau, accompagné de son alter ego, le Foch, fort de la puissance de ses 40 avions embarqués (Étendard, Crusader et Alizé) franchissait le détroit de Gibraltar entouré de la frégate lance-missiles Suffren, des escorteurs d’escadre Maille-Brézé, Tartu et du pétrolier ravitailleur d’escadre La Seine. Il avait été auparavant rallié par l’escorteur lance-missiles Du Chayla venant directement du Canada.
Dès la matinée du 6 décembre, les Crusader et Étendard, se ravitaillant en vol à d’autres Étendard équipés pour ce type de mission, portaient les premiers coups à terre par vagues successives, alors que le Foch, en complet silence radio et radar, était de surcroît hors de portée de la chasse « ennemie ». Six North American F-100 Super Sabre de l’Armée de l’air participaient à cette frappe, à partir d’un aérodrome « intermédiaire » et le 7, sous la couverture de la chasse embarquée sur le Foch, le Clemenceau entamait devant Porto-Vecchio un imposant ballet aérien d’hélicoptères pour mettre à terre, en quelques heures, les 1 200 hommes embarqués, avec leur équipement complet ainsi que leurs véhicules légers, leurs automitrailleuses Panhard AML, et les fûts d’essence. Les hélicoptères donnaient la preuve de leurs possibilités d’emport, dans la soute ou sous élingue, et de leurs capacités manœuvrières. La rigueur dans la programmation et la discipline dans l’exécution ont témoigné des progrès de la coopération Terre-Marine dans les opérations de débarquement.
Les avisos du 3e Plan quinquennal
Les 4 premiers des 14 avisos inscrits à la 3e loi de programme militaire porteront les noms d’Estienne d’Orves, Amyot d’Inville, Drogou et Detroyat en souvenir de marins qui s’illustrèrent durant la Seconde Guerre mondiale pour la libération du pays.
L’aviso Estienne d’Orves est actuellement sur cale dans la grande forme de Lorient ; il sera mis à l’eau en juin prochain en même temps que la frégate ASM Duguay-Trouin du type Tourville. Les deux bâtiments suivants sont en cours de préfabrication à Lorient également
Rappelons les caractéristiques de ces avisos :
– déplacement moyen : 1 170 t ;
– longueur (entre pp) : 76 m
– largeur à la flottaison : 10,30 m ;
– profondeur de carène : 3 m ;
– propulsion : 2 moteurs Diesel SEMT-Pielstick type 12 PC-2 entraînant chacun une hélice à 4 pales orientables et réversibles par l’intermédiaire d’un réducteur ;
– puissance électrique : elle sera fournie par 3 Diesel-alternateurs dont 2 de 320 kW et un de 200 kW ;
– vitesse maximale : environ 24 n à PMP (Puissance maximale permise) ;
– distance franchissable : 4 500 N/15 nœuds ;
– autonomie en vivres : 15 jours ;
– armement : il comprendra une tourelle simple de 100 CA automatique conduite soit par un radar de tir monopulse en bande X associé à un calculateur mi-analogique, mi-digital, soit par un poste optique DM type A associé à 2 postes de veille optique : 2 canons de 20 mm ; un lance-roquettes ASM sextuple de 375 mm et 4 tubes fixes lance-torpilles recevant les éléments but d’un sonar panoramique à moyenne fréquence en dôme fixe ;
– équipement radar : 1 radar de veille combinée DRBV 51 ;
– équipage : 4 officiers + 16 officiers mariniers + 42 marins = 62 hommes. Les installations du bord permettront d’embarquer en plus 2 officiers, 3 officiers mariniers et 24 marins, soit au total 29 personnes. ♦