Mars 1973 - n° 320

Le développement des moyens audio-visuels est la concrétisation d’un ensemble de novations techniques dont il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il constitue un fait de civilisation, et de penser que c’est à ce titre qu’il s’inscrira dans l’histoire. Ce n’est pas la première fois qu’un facteur technique prend une signification psychologique d’ampleur collective, mais c’est sans doute la première fois que la répercussion est aussi vaste et aussi profonde. D’autant que ce fait de civilisation se situe à la convergence de plusieurs séries. Lire les premières lignes

  p. 5-20

« Nous sommes, nous dit l'auteur, les héritiers d'une émergence miraculeuse, meurtrière et menacée … Cette émergence humanisée porte un nom : c'est le développement … grande espérance de notre époque … nouveau nom de la paix. » Mais cette espérance, nous rappelle-t-il, comporte une éthique qui, elle-même, implique une action. Tel est le propos de l'auteur que son expérience et son œuvre désignent comme l'un des maîtres à penser du développement. On se rappellera en effet qu'il a exercé de hautes fonctions de direction, à l'Électricité de France notamment, qu'il a été de 1959 à 1966 Commissaire général du Plan d'équipement et de la productivité (Plan intérimaire, IVe et Ve Plans) et qu'il préside aujourd'hui aux destinées de la Fondation de France, dont le but est de contribuer au renouveau du mécénat, au sens le plus large du mot et sous une forme adaptée aux exigences de la société. Citons, parmi ses ouvrages, le plus célèbre : « Le Plan ou l'Anti-hasard », un classique, pourrait-on dire, de la philosophie de la planification. Lire les premières lignes

  p. 21-34

La multipolarisation ne change pas seulement le nombre des acteurs mais la nature de leurs relations et cette transformation ne consiste pas seulement à passer du conflit à la coopération. Il s’agit d’une diversification et d’une transformation plus profonde et plus complexe qui fait apparaître de nouveaux clivages et de nouvelles solidarités et dans laquelle l’influence indirecte et réciproque que les évolutions et les révolutions respectives des différentes sociétés exercent les unes sur les autres prend une importance croissante. Cette influence jadis gelée à l’époque de la guerre froide par le monolithisme des blocs est désormais libérée par la détente. Quelle Europe naîtra de cette conjoncture complexe : une Europe dominée par la coopération des deux grands ? Une Europe à dominante atlantique ? Une Europe de l’Oural à l’Atlantique ? Ou bien une Europe européenne et équilibrée ? Cette Europe-là ne se fera pas sans une ferme volonté des Européens, ni, hélas, sans frictions ; d’où le titre que l'auteur, chargé de recherches au Centre d’études des relations internationales (CERI) et chargé d’enseignement au cycle supérieur d’études politiques de la Fondation nationale des Sciences politiques (FNSP), donne à son analyse. Lire les premières lignes

  p. 35-54

Au cours de l'année 1972 les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient n'ont cessé d'enregistrer des progrès dans le domaine financier et dans celui du contrôle des réserves. Il en résulte pour certains d'entre eux des surplus financiers fabuleux, créant ainsi des risques de désordres économiques graves. Il s'agit là, estime l'auteur, directeur des relations extérieures d'Elf-ERAP et conférencier familier de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), d'une véritable bombe atomique financière. Mais il y a plus grave encore…

  p. 55-72

L'Égypte et la Libye ont décidé, le 2 août 1972, de former un seul État ; la fusion devra être effective le 1er septembre 1973. À la différence des projets unitaires arabes antérieurs restés sans effet, l'union égypto-libyenne semble bien devoir se concrétiser comme le prouvent certaines décisions de principe déjà prises, telles le choix du Caire comme capitale du nouvel État, et l'élection au suffrage universel de son futur président. De plus, la solidarité des deux chefs d'État s'est affirmée depuis quelques mois. Est-il vain de se demander si c'est l'Égypte qui s'amarre ainsi au vaisseau libyen ou l'inverse ? Et qu'adviendra-t-il de l'amarrage syrien inscrit dans l'Union des Républiques arabes ? Telles sont quelques-unes des questions évoquées ici par l'auteur, spécialiste renommé et attentif des problèmes arabes et musulmans. Lire les premières lignes

  p. 73-82

Longtemps les Français ont nourri à l'égard de la puissance économique allemande un certain complexe d'infériorité. Cette attitude est de moins en moins justifiée. Si l'on analyse, en effet, en détail tous les facteurs intervenant dans le développement du potentiel des deux pays – potentiel étant pris ici au sens large et incluant aussi bien la capacité d'initiative politique que la démographie et l'environnement, ainsi que l'économie proprement dite – on constate que notre pays a de bonnes raisons d'envisager l'avenir avec confiance.

  p. 83-96

Dans l'enjeu de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), des SALT 2 et des MBFR, la formidable puissance militaire de l'Union soviétique pèsera lourdement. S'aidant d'un rapport de l'amiral Moorer, président du Comité des Chefs d'état-major américains, notre chroniqueur militaire fait l'analyse de cette force qui, en dépit de son retard technologique sur celle des Américains, reste objectivement redoutable et appelle une constante vigilance de la part des Européens. Lire les premières lignes

  p. 97-105
  p. 107-112
  p. 113-122

Le 17 octobre 1972 étaient présentés à Vairao, sur l'île de Tahiti en Polynésie française, les installations du Centre océanologique du Pacifique, dont les travaux sont orientés vers l'aquaculture, le développement des pêches thonnières et l'exploitation des matières minérales. L'auteur, directeur général adjoint du Cnexo, traite ici non seulement des possibilités technologiques d'exploitation des nodules poly métalliques (manganèse, cuivre, nickel…) gisant sur les grands fonds marins, mais aussi des conditions de coût et de rendement de cette exploitation. Dès maintenant des sociétés américaines, allemandes, japonaises travaillent activement pour être en mesure de recueillir une part de ce trésor marin. Si la France ne veut pas laisser passer sa chance, elle se doit de faire dès maintenant l'effort nécessaire pour être en bonne place dans cette compétition.

  p. 123-136

À propos de l'article « Le sénateur Jackson tire les enseignements de SALT 1 » publié dans Aviation Week and Space Technology le 11 décembre 1972. Lire les premières lignes

  p. 137-140

Chroniques

L’accord de Paris du 27 janvier 1973 a libéré les populations vietnamiennes d’une guerre qui était devenue le cadre habituel de leur existence, au point qu’une génération au moins ne pouvait qu’imaginer ce que peut être la paix. Politiquement, il n’a rien réglé, mais il a permis d’engager un processus non-guerrier au terme duquel des solutions politiques seront peut-être trouvées à des problèmes qui ne pouvaient pas être résolus par les armes. Quelques mois après l’admission de la Chine populaire aux Nations unies et les voyages du président Nixon à Pékin et à Moscou, cet accord a confirmé la fin de l’après-guerre. L’ouverture du « second âge nucléaire » (avec les missiles antimissiles et les engins à ogives multiples), la promotion des alliés européens et japonais des États-Unis en rivaux commerciaux de ceux-ci, la recherche d’accords globaux par ces derniers et par l’Union soviétique, qui sont plus que jamais des partenaires-adversaires, la naissance d’un nouvel âge du Pacifique, etc. ne laissaient déjà aucun doute sur l’ampleur et la signification des changements. C’est dans ce contexte général que s’insère l’accord de Paris, au-delà de ce qu’il représente par lui-même. Sans doute la crise du Moyen-Orient paraît-elle toujours, aussi insoluble, mais il se pourrait qu’avec la fin de la guerre du Vietnam elle apparût de plus en plus comme un non-sens, et que, par conséquent, la rationalité politique parvînt à s’imposer enfin aux passions raciales et religieuses. Lire la suite

  p. 141-145

Dans le cadre de la politique nationale d’aménagement du territoire, les Armées poursuivent, depuis 1958, une politique domaniale marquée par un souci de regroupement fonctionnel et de décentralisation. Malgré l’apparente incompatibilité de ces deux préoccupations, il a été néanmoins possible de réduire de 1 200 hectares en douze ans le domaine militaire immobilier dans la région parisienne. Cette réduction ne saurait évidemment se prolonger à cette cadence sans compromettre les impératifs de la Défense Nationale, mais les efforts d’adaptation des implantations militaires se poursuivent sous la forme d’aliénation, d’échanges compensés ou d’acquisition. Lire la suite

  p. 146-152

À l’occasion du nouvel an, M. Walter Scheel a tenu une conférence de presse sur les problèmes de politique extérieure et de défense de la RFA. Il a notamment apporté un certain nombre de précisions sur la position de son pays, vis-à-vis de la réduction mutuelle et équilibrée des forces (MBFR) en Europe, ainsi qu’à l’égard des relations avec les États-Unis. Lire la suite

  p. 153-158

Bien que l’on n’y trouve pas le caractère prestigieux attaché à la réalisation des matériels aériens les plus sophistiqués, le marché des avions d’entraînement militaire à réaction n’en constitue pas moins un objectif majeur pour l’industrie aéronautique. En effet, dans ce domaine particulier, l’analyse de la conjoncture permet d’envisager l’avenir avec le plus grand optimisme. C’est ainsi que les spécialistes s’accordent généralement à relever de très nombreuses conditions favorables à un développement assez spectaculaire. Lire la suite

  p. 158-163

À l’étude depuis mars 1969, le 4e Plan de défense japonais couvrant la période allant du 1er avril 1972 au 31 mars 1977, après avoir été plusieurs fois remanié, a été finalement adopté par le Gouvernement le 9 octobre 1972. Lire la suite

  p. 164-167

Prélude de bon augure à son voyage en Éthiopie, le séjour à Djibouti de M. Georges Pompidou, président de la République, s’est effectué dans les meilleures conditions du 15 au 17 janvier. Aucun incident, si minime fut-il, n’est venu troubler le déroulement d’un programme qui a permis au Chef de l’État de se rendre compte par lui-même des mesures à prendre dans le Territoire français des Afars et des Issas en vue d’y perpétuer une présence française indispensable à l’amélioration du niveau de vie de ses habitants, à la défense de nos intérêts stratégiques et au maintien de la paix, dans la « Corne » orientale de l’Afrique. Lire la suite

  p. 168-174

Bibliographie

Pierre Mendes France : Dialogues avec l’Asie d’aujourd’hui  ; Éditions Gallimard, 1972 ; 282 pages - André Nolde

Le titre de ce petit livre de poche, rapporté par Pierre Mendès France d’un voyage au Japon, en Chine et en Asie du Sud-Est au début de 1972, rend très exactement compte de son contenu. Il s’agit bien, en effet, de dialogues, de conversations, tantôt soigneusement préparées, tantôt à bâtons rompus au hasard des rencontres, avec les personnages les plus divers : dirigeants au plus haut niveau, industriels, techniciens, journalistes, intellectuels, cooliesLire la suite

  p. 175-175

Georges Lichtheim : De l’impérialisme  ; Éditions Calmann-Lévy, 1972 ; 265 pages - André Nolde

George Lichtheim, d’origine allemande, ayant fait ses études à Berlin et à l’université de Heidelberg (Bade-Wurtemberg), citoyen britannique, professeur à l’université de Stanford aux États-Unis, cherche, dans le présent ouvrage, à s’expliquer et à nous expliquer le contenu du terme impérialisme si couramment employé dans des sens parfois différents, par les scientifiques, les politiciens et le grand public. Lire la suite

  p. 175-176

Hannah Arendt : Le système totalitaire  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 313 pages - André Nolde

Cette nouvelle traduction en français (1) d’un ouvrage de Hannah Arendt confirme l’audience internationale de plus en plus large acquise peu à peu par ce penseur réfléchi et ce connaisseur profond de la science politique contemporaine. Lire la suite

  p. 176-176

Maurice Papon : Le gaullisme ou la loi de l’effort  ; Éditions Flammarion, 1972 ; 260 pages - André Nolde

Il ne faut guère s’y tromper. Quoi que nous en dise l’auteur, son livre – ne serait-ce que par la date de sa parution – est avant tout un programme politique – celui d’un des trois grands partis qui se présentent aux élections de mars 1973. Il a cependant, par rapport aux autres programmes publiés ou connus, une singularité. Il est précédé d’un très long développement à allure philosophique – 127 pages sur 260 – consacré à l’examen d’une question très pertinente, mais qui n’est pas nouvelle à vrai dire : l’action politique du général de Gaulle procédait-elle d’une doctrine ? Et si oui, comment pourrait-on formuler cette doctrine, puisque le général s’est toujours refusé à toute systématisation de sa pensée ? Lire la suite

  p. 177-177

Gilles Martinet : Le système Pompidou  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 188 pages - Georges Vincent

On sait avec quelle vigueur le général de Gaulle, au temps de « la traversée du désert », fustigeait « le système » en lequel s’étaient dégradées les institutions et la pratique de la IVe République. On s’attendait donc à ce que l’auteur, aujourd’hui directeur du Nouvel Observateur et militant socialiste, après avoir appartenu jadis aux jeunesses communistes et avoir été ensuite l’un des fondateurs du Parti socialiste unifié (PSU), se livrât à une critique acerbe et typiquement marxiste du pouvoir. Lire la suite

  p. 178-178

Didier Truchet : Le projet de force de frappe multilatérale  ; Puf, 1972 ; 74 pages - H. N.

Le projet de « force multilatérale » (MLF) a provoqué un débat majeur au sein de l’Otan entre 1960 et 1965, nous rappelle Didier Truchet. Cette tentative unique d’intégrer l’arme atomique a échoué. Le propos de ce mémoire est de dégager les causes de cet insuccès. La démonstration apparaît des plus convaincantes. Ni le temps, ni le milieu n’étaient favorables, nous dit-on ici ; les expédients techniques imaginés ne pouvaient en aucun cas résoudre un problème politique ; alliance et arme nucléaire étaient des notions divergentes. Les circonstances sont-elles meilleures aujourd’hui, les concepts assimilables, les mots réconciliés ? On peut en douter, si l’on considère la circonspection avec laquelle les experts abordent les difficultés que poserait dans l’Europe des « Neuf » la relève de la garde nucléaire américaine. En tous les cas, ce pertinent petit livre vient très opportunément justifier leurs réticences. ♦

  p. 178-178

Reuter, Blondeau, Dubois et Ruzie : L’application du droit international par le juge français (actes de colloque)  ; Éditions Armand Colin, 1972 ; 160 pages - Claude Delmas

L’ouvrage est mince, mais riche : il est le compte rendu d’un colloque organisé, sous l’impulsion du professeur Jean Charpentier, par la « Société française pour le droit international », et il pose quelques-unes des questions fondamentales qui concernent les relations entre un droit transnational (notamment européen) et les droits nationaux. De tout temps, l’application du droit international par le juge interne a retenu l’attention des internationalistes : c’est en effet au niveau du juge interne que s’apprécie l’efficacité des normes internationales concernant les individus, et c’est à l’occasion de cette application que se définissent concrètement les rapports entre le droit international et le droit interne. Lire la suite

  p. 179-179

Georges Tenekides : L’élaboration de la politique étrangère des États et leur sécurité. T. I et T. II  ; Éditions Montchrestien, 1972 ; 240 et 260 pages - Claude Delmas

Il s’agit là, comme dans toute cette collection, d’un cours professé à la Faculté de Droit de Paris. C’est dire que l’on y trouve, rassemblées dans une intention pédagogique, de nombreuses données qui, pour extérieures qu’elles paraissent au sujet, n’en sont pas moins indispensables, dans la mesure où elles permettent de mieux le cerner. C’est ainsi, par exemple, que M. Ténékidès a voulu conceptualiser certaines circonstances de fait, ou certaines attitudes, pour en extraire des constantes. « Ce n’est pas, nous dit-il, parce que l’irrationnel jaillit parfois avec la brutalité de l’imprévu et de l’exceptionnel que l’on pourrait se croire autorisé de renoncer à expliquer les situations embrouillées ou chaotiques, sans tenter de découvrir entre des assemblages de faits à première vue disparates, des liens de causalité ; d’isoler en somme le « principe » qui commande des situations apparaissant de prime abord comme inintelligibles ». Lire la suite

  p. 179-179

Pierre Fieste : La rentrée en scène du Japon  ; Éditions Armand Colin, 1972 ; 170 pages - Claude Delmas

Cette étude a pour origine un rapport préparé pour un colloque organisé par le Centre d’étude des Relations internationales (CERI) sur le thème des relations inégales entre États. Le cas du Japon en face des États-Unis depuis 1945 et de son émancipation progressive a paru particulièrement intéressant à étudier de ce point de vue. Au point de départ, un pays en ruines et profondément traumatisé par la défaite n’avait d’autre recours que de se soumettre à peu près totalement à son vainqueur, au point que celui-ci put, en rupture avec l’histoire, lui faire accepter comme allant de soi son propre système de valeurs. Lire la suite

  p. 180-180

Revue Défense Nationale - Mars 1973 - n° 320

Revue Défense Nationale - Mars 1973 - n° 320

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mars 1973 - n° 320

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