Spécialiste des problèmes du Proche-Orient et du monde arabe, l'auteur s’est rendu récemment en Irak comme envoyé spécial du journal Le Monde. Ayant, dans le passé, effectué plusieurs séjours dans ce pays, il analyse ici la situation politique et économique de l’Irak et dresse un bilan de la coopération franco-irakienne.
L'Irak en mutation
Situé dans le prolongement de la Syrie et de la Jordanie auxquelles il est adossé à l’Ouest, entouré de l’Arabie Saoudite, de la zone neutre et de Koweit au Sud, de la Turquie au Nord et de l’Iran à l’Est, l’Irak constitue, par son histoire et sa position géographique, la marche avancée du monde arabe en direction du sous-continent asiatique et de l’Extrême-Orient.
Riverain du Golfe persique — les Irakiens, se fondant entre autres sur une carte dressée par Mercator au xvie siècle, l’appellent Golfe arabique — ce pays de dix millions d’habitants a une superficie (444 442 km2) qui représente les quatre cinquièmes de celle de la France. Son importance stratégique n’a pas échappé à la Grande-Bretagne qui en a fait une chasse gardée après la Première Guerre Mondiale. C’est probablement une des raisons pour laquelle la majorité des Français le connaissent mal, alors que les relations entre la France et l’Irak sont plus que millénaires puisqu’elles remontent à l’ambassade que Haroun Al Rachid envoya à Charlemagne. De nos jours, cette situation peut paraître d’autant plus paradoxale que les rapports entre Paris et Bagdad n’ont cessé de s’améliorer sur le plan politique et que, dans le domaine économique, les échanges sont importants : ils atteignent un montant global de 1 200 millions de francs. Ainsi, l’automobiliste français ignore-t-il probablement que dans chaque litre d’essence mis dans son réservoir, 15 % provient d’Irak.
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