L’échec du plan Hussein, du moins sous sa forme initiale, est patent. Il n’est toutefois pas sans intérêt d’en retracer la genèse et d’évaluer l’incidence que ne manquera pas d’avoir la proposition du souverain hachémite sur l’évolution de la situation au Proche-Orient et notamment sur le clivage qui est en train de s’opérer entre les États arabes de cette région.
Quelques réflexions sur le Plan Hussein
À propos du plan Hussein, il a été, ces dernières semaines, beaucoup écrit dans la presse occidentale ; mais l’on s’est très peu attardé sur ce qui constitue, formellement, son contenu. Le résumé du message du souverain hachémite à la nation jordanienne a été condensé en quelques lignes (1), et les dispositions organiques concernant la structure du Royaume Arabe Uni, qu’il énonce pour l’avenir, n’ont guère été commentées. Les apparences, en effet, n’ont trompé personne : le texte royal, dont les grandes lignes avaient d’ailleurs été préalablement diffusées, n’est pas un programme constitutionnel à étudier comme tel, mais un acte de politique et de stratégie, qui doit être considéré dans les objectifs qu’il poursuit et dans les moyens dont son auteur et ses alliés, ouverts ou discrets, disposent.
L’originalité du procédé témoigne des qualités d’imagination du jeune monarque. Il s’agit, entre autres, et nous y reviendrons, de formuler une « solution politique » partielle pour le conflit arabo-israélien. Mais, au lieu d’énoncer les moyens d’atteindre une telle solution, le plan la suppose acquise, et décrit ce qui pourrait alors advenir : son auteur semble espérer que la valeur et la séduction de l’édifice ainsi projeté le feront apparaître si désirable que pourront dès lors être éliminés les obstacles qui s’opposent à sa réalisation. Du moins est-ce l’attitude que le roi Hussein se donne : d’emblée, nous sommes ici dans le domaine de l’habileté.
Le choix du moment
Même parmi les détracteurs du plan, il ne s’est trouvé personne pour contester que le roi Hussein ait, pour prendre une initiative, bien choisi son moment. Il a agi dans une période de vide politique, alors que d’analogues tentatives de règlement pacifique du conflit, qui avaient suscité de réels espoirs, venaient d’échouer, en sorte que le sentiment général était que l’on se trouvait dans l’impasse.
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