Maritime - France : organisation du commandement en deuxième région maritime - États-Unis : mise sur cale d'une frégate nucléaire ; nouveau sous-marin - Portugal : lancement d'une corvette - Turquie : commande de patrouilleurs lance-missiles - URSS : nouveau sous-marin soviétique
France : organisation du commandement en 2e Région maritime
L’organisation du commandement en 2e Région maritime qui avait été remaniée pour prendre effet le 1er octobre 1972 (1), va subir à partir du 1er janvier prochain une légère modification. À cette date l’Escadre de l’Atlantique (Alesclant) cessera d’être une force indépendante et relèvera de l’amiral commandant en chef de l’Atlantique et Préfet maritime de la 2e Région (Ceclant/Prémar II).
Sous l’autorité du Chef d’état-major des armées (Céma) et par l’intermédiaire du Chef d’état-major de la Marine, Ceclant/Prémar II a pour mission d’assurer dans sa zone de responsabilité :
– la sûreté et le soutien opérationnel de la Force océanique stratégique (Alfost) et éventuellement des Forces aériennes stratégiques (FAS) ;
– la défense maritime du territoire placé sous sa juridiction ;
– la défense de nos intérêts maritimes et plus particulièrement de nos voies de communication maritimes.
Objectif
L’organisation du commandement maritime en Atlantique est conçue pour :
– faciliter le passage sans solution de continuité du temps de paix au temps de crise ou de conflit en favorisant la permanence et l’unité du commandement ;
– s’adapter à l’exécution des missions permanentes de Ceclant/Prémar II, notamment pour ce qui concerne les taches de sûreté, tout en préservant l’aptitude des forces à l’action extérieure de rétorsion ou d’intervention.
Principes
La 2e Région maritime est divisée en trois arrondissements conformément aux dispositions du décret du 22 avril 1927 : Brest, Lorient, La Pallice.
Ceclant/Prémar II dispose de subordonnés directs, officiers généraux ou capitaines de vaisseau qui :
– soit, sont commandants de forces maritimes ou d’éléments de forces maritimes en sous-ordre placés sous le plein commandement de Ceclant/Prémar II et qui, à ce titre, ont leurs responsabilités propres ;
– soit, sont adjoints à Ceclant/Prémar II et, à ce titre, l’assistent dans l’exercice de certaines de ses responsabilités et dirigent dans ce but l’action de tout ou partie de son état-major ;
– soit, cumulent les deux attributions ci-dessus.
Le Commandement
L’ensemble des bâtiments, unités, formations et services militaires dépendant de Ceclant/Prémar II est réparti entre cinq commandements maritimes en sous-ordre. Ceux-ci sont exercés par :
– Trois autorités maritimes à terre qui remplissent également les fonctions d’adjoint à Ceclant/Prémar II (voir infra) :
• Le Préfet maritime adjoint qui commande les unités à terre et les services militaires de la région qui ne relèvent pas d’un autre commandement.
• Le major général du port de Brest, commandant militaire des services de l’arsenal. Ses missions principales sont le soutien des forces maritimes, affectées, stationnées ou de passage et la défense de l’arsenal.
• Le commandant de l’Aéronautique navale en 2e Région (Aéro II), commandant organique des forces et bases de la région et responsable de la sécurité des aéronefs en vol. À ce titre, il relève de l’amiral porte-avions (Alpa) pour les flottilles de l’aviation embarquée et l’Alpatmar pour les flottilles de patrouille maritime. Ce dernier commandement mis en place en octobre dernier regroupe l’ensemble des moyens qui permettent d’exécuter les missions aériennes de surveillance en mer à grande distance. La mission fondamentale d’Aéro II est la préparation au combat et aux tâches du temps de crise ou de conflit des éléments relevant de son commandement.
– Deux autorités à la mer :
• Le Commandant de l’Escadre de l’Atlantique dont la mission principale est de préparer ses forces au combat suivant les directives du département et de Ceclant. L’Escadre de l’Atlantique comprend :
a) directement sous l’autorité d’Alesclant, les croiseurs, frégates, corvettes, escorteurs d’escadre, escorteurs rapides, avisos et pétroliers ravitailleurs affectés à l’escadre ainsi que le groupement des Fusiliers-marins commandos ;
b) sous l’autorité de l’officier général commandant le groupe des porte-avions et de l’aviation embarquée (Alpa) tous les porte-avions et porte-hélicoptères et les flottilles qui lui sont affectées.
• Le Commandant de la 2e Escadrille de Dragage et de Forces côtières qui exerce en outre le commandement organique des bâtiments de la région ne relevant pas d’une autre autorité, y compris les bâtiments des missions océanographique et hydrographique de l’Atlantique.
La mission fondamentale de cette autorité est la préparation de ses forces à leurs tâches du temps de crise ou de conflit et l’exécution des missions opérationnelles qui lui sont fixées par Ceclant/Prémar II.
En outre un officier général de l’Armée de terre remplit par délégation de Ceclant/Prémar II les fonctions de commandant de la défense du Finistère.
L’État-major
Ceclant/Prémar II dispose de quatre officiers généraux ou supérieurs adjoints. Dans les domaines définis ci-dessous, ceux-ci assistent Ceclant/Prémar II et, dans la limite des délégations de signature qui leur sont consenties, traitent en son nom les affaires de leur ressort. Il n’y a qu’un seul état-major pour Ceclant/Prémar II et ses quatre adjoints :
Prémar II adjoint est adjoint préfecture pour ce qui concerne l’organisation, la gestion et la mobilisation du personnel, l’infrastructure et le service courant. Il suit les affaires administratives et judiciaires que le Prémar ne peut déléguer.
Le Major général est adjoint logistique pour ce qui concerne le soutien des forces maritimes et la mobilisation au matériel.
Aéro II est adjoint aéro pour ce qui concerne l’emploi et le soutien des formations et organismes opérationnels de l’aéronautique navale. Pour leur mise en œuvre opérationnelle, afin que soit assurée l’unité indispensable de conception et de direction des opérations aéronavales, il est subordonné à l’adjoint OPS dont il est le remplaçant normal.
L’Amiral adjoint opérations est chargé :
— de conduire ou de suivre pour le compte de Ceclant/Prémar II toutes les opérations maritimes de sa zone de commandement ;
— en liaison avec les commandants de forces :
– d’établir les programmes d’activité de toutes les forces,
– de planifier les opérations du temps de paix,
– de préparer les plans correspondant au temps de crise, celle-ci pouvant déboucher sur un conflit armé,
– de préparer les accords techniques avec les autorités alliées.
Il est responsable du fonctionnement du centre d’opérations maritimes.
Un officier général de l’Armée de terre est adjoint pour la défense du Finistère : il est habilité à traiter les affaires de Défense opérationnelle du territoire (DOT) concernant l’ensemble de la 2e Région maritime.
États-Unis
Mise sur cale d’une frégate nucléaire
La DLGN39 Texas, 2e des trois frégates nucléaires de la classe DLGN38 Virginia, a été mise sur cale le 18 août 1973, c’est-à-dire à un jour près un an après le prototype. La 3e unité DLGN40 devrait en principe être mise en chantier en décembre 1973 et toutes rallier la flotte entre fin 1975 et 1977. La DLGN Virginia avait été inscrite au budget 1969-1970, la suivante à celui de 1970-1971 et la DLGN40 au budget 1971-1972.
Caractéristiques :
– déplacement : 10 000 tonnes ;
– dimensions : 177,3 x 18,5 x 9 m ;
– propulsion : 2 réacteurs D2G de la General Electric - 2 turbines à vapeur développant 100 000 CV - 2 hélices ;
– vitesse ; supérieure à 30 nœuds ;
– armement : 2 rampes doubles MK26 permettant à la demande de lancer soit des missiles surface-air à longue portée type SM2, soit des Asroc anti-sous-marins (ASM), soit des missiles surface-surface Harpoon ; 2 tourelles simples de 127 CA du type MK45 ; 2 hélicoptères ASM (hangar dans l’entrepont à l’AR) ; 2 plateformes triples de Tubes lance-torpilles (TLT)/ASM ; 2 TLT fixes débouchant sur le tableau AR (torpilles filoguidées) ; 1 radar de veille surface ; 1 radar tridimensionnel à balayage électronique en fréquence ; 1 radar de veille air digitalisé ; 3 radars de guidage pour les missiles ;
– sonar : 1/SQS 26 à convergence et réflexion sur fond.
Le missile SM2 mis en œuvre par ces frégates est l’ultime version du système Tartar qui, depuis des années, équipe de nombreux bâtiments américains et étrangers. En agissant tant sur la miniaturisation des équipements que sur le propulseur et le profil de vol, les ingénieurs américains ont réussi, sans changer beaucoup la géométrie du missile par rapport à l’engin initial Tartar RIM24, à accroître sa portée de 14 à 23 nautiques sur le SM1 ; celle-ci dépassera 40 nautiques sur la version SM2.
Le Harpoon est un missile surface-surface aérodynamique d’une portée de 70 nautiques en cours de développement. Il aura une trajectoire basse (15 à 20 m) et pourra être lancé par avion, bâtiment de surface et dans une version ultérieure par sous-marin en plongée.
L’artillerie de 127 qui équipera les Texas, sera d’un modèle allégé, entièrement automatique (20 coups/minute) depuis la soute jusqu’à la pièce ; il n’y aura pas de servants sauf dans la soute.
À l’origine, il avait été prévu d’équiper ces frégates nucléaires du système Aegis. L’élément majeur de ce système qui va être expérimenté sur le Norton Sound à partir de 1975, est le radar SPY1. Appelé aussi MFAR (Multi Fonction Array Radar), il sera du type à balayage électronique par déphasage et comprendra 4 faces planes d’antenne assurant une ouverture volumétrique instantanée. Il assurera les fonctions de veille-air éloignée, la poursuite des cibles à toutes distances et le guidage des missiles SM2. L’Aegis ne pouvant être paré à temps, l’équipement électronique des Texas sera finalement celui indiqué plus haut, équipement retenu pour les deux frégates nucléaires DLGN36 California et DLGN37 South Carolina en achèvement à flot, voire sur le point d’entrer en service pour la California. Déplaçant 10 000 t également, ces frégates ont un armement un peu moins sophistiqué que les Virginia (missiles surface-air SM1 à moyenne portée avec CT digitale, 2/127 CA, Asroc pour la lutte ASM). Pour en revenir au système Aegis, il devrait équiper les futurs destroyers de 5 000 t que l’US Navy compte mettre en chantier à la fin de l’actuelle décennie ou au début de la prochaine pour remplacer les DDG type Chartes F. Adams présentement en service et qui à cette époque commenceront à prendre de l’âge.
Nouveau sous-marin
Le projet de budget de la Marine pour l’exercice 1973-1974 évoqué dans notre chronique de mai 1973 prévoit la mise en chantier du premier d’une nouvelle classe de sous-marins stratégiques, dite Trident. Par 49 voix contre 47, le Sénat a récemment approuvé cette construction. À l’étude depuis plusieurs années le projet Trident, connu à l’origine sous l’appellation d’ULMS (Under sea Long range Missile System) a abouti à la mise au point d’un missile dénommé Trident 1C4. Long de 10 400 m et pesant 30 t au lancement, le 1C4 comportera 3 étages de propulsion à poudre. Il aura une portée de plus de 4 000 nautiques et sera doté d’une ogive à 14 et peut-être même 20 têtes du type Multiple Independently targeted Reentry Vehicle (MIRV). Les caractéristiques du nouveau sous-marin qui le mettra en œuvre n’ont pas été complètement révélées. On sait seulement qu’il aurait 170 m de long, un déplacement en plongée de l’ordre de 16 000 t et une vitesse maximale de 25 nœuds. Doté d’une double coque (ballasts entourant la coque sur toute sa longueur), il sera équipé d’un réacteur du type NRC d’une durée de vie de 20 ans. Le nombre de missiles embarqués serait de 24. Dans un premier temps, l’US Navy envisage de construire 10 sous-marins stratégiques de ce nouveau type à la place des Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) actuels les plus anciens équipés de Polaris A1 ou A2 de 1 500 et 2 500 nautiques de portée respectivement. Le prototype de ces bâtiments, dont la construction vient d’être approuvée, entrerait en service en 1978.
Portugal : lancement d’une corvette
La corvette João Roby d’environ 1 400 t pleine charge (tpc) a été lancée aux chantiers espagnols Bazan de Carthagène le 3 juin 1973. Cette unité fait partie d’une série de quatre commandée en Espagne par la marine portugaise. La première, baptisée F486 Baptista De Andrade, avait été lancée en mars. Les deux autres encore en cours de construction ont été baptisées Alfonso Corqueira et Oliveira Ecarmo. L’industrie d’armement française est intéressée par cette construction (moteurs Pielstick, 100 mm automatique, Sonar, Conduites de tir Vega).
Ces escorteurs sont dérivés des six unités de même tonnage de la classe João Coutinho construites en 1970-1971 pour moitié en Allemagne (RFA) et pour moitié en Espagne. L’armement (3/76 - mortiers ASM) et l’équipement de détection de ces bâtiments étant moins élaborés que ceux prévus pour les João Roby, la marine portugaise envisagerait de les refondre à partir de 1976 sur ce dernier modèle afin de disposer d’une série de 10 escorteurs homogènes.
Turquie : commande de patrouilleurs lance-missiles
Le 3 août 1973, la marine turque a signé un contrat avec la firme allemande Lürsen portant sur l’achat de quatre patrouilleurs rapides type 57. Le premier de ces bâtiments, construit en Allemagne, sera remis à la marine turque fin 1976. Les trois autres bâtiments seront construits en Turquie aux chantiers de Tazkizak. Ces bâtiments seraient équipés de missiles surface-surface qui, s’ils sont opérationnels à cette date, pourraient être les Harpoon américains.
La marine turque s’est d’autre part enrichie des bâtiments que lui ont récemment cédés les États-Unis et parmi lesquels figurent deux patrouilleurs rapides du type PG (Patrol Gunboat) Asheville de 250 tpc équipés d’une version anti-surface du missile surface-air Tartar. Il s’agit des PG95 Defiance rebaptisé Yilderin et du PG97 Surprise renommé Bora. La livraison d’un 3e patrouilleur du même type est attendue.
URSS : nouveau sous-marin soviétique
Un avion Lockheed P-3 Orion de surveillance maritime norvégien a récemment survolé et photographié au large de Mourmansk un sous-marin stratégique soviétique d’un type nouveau naviguant en surface.
D’après les photographies qui ont été remises à la presse occidentale, il s’agirait d’un bâtiment d’au moins 150 m de long et d’un déplacement voisin de 14 000 t en plongée. Il est équipé de 12 tubes contenant chacun un missile balistique que les experts disent être du type SSN8 de 4 000 nautiques de portée, dont le lancement expérimental il y a quelques mois dans le Pacifique a été couronné de succès. Il s’agit là probablement de la première manifestation d’un SNLE très différent des unités de 10 000 t du type Yankee, équipé de 16 missiles type SSN6 de 1 500 N de portée, dont on estime le nombre en service à une trentaine. Ce pourrait être le Delta dont on évoque la construction depuis plus d’un an. ♦