Outre-mer - États enclaves dans l'Afrique du Sud et « Bantoustans » - Conséquence de la crise du pétrole en Afrique noire
L’échec du coup d’État au Lesotho, les projets d’extension vers la mer de certains Bantoustans, dont les chefs commencent à jouer un rôle sur la scène internationale, posent à nouveau le problème de l’évolution des territoires enclavés dans l’Afrique du Sud et celui de l’influence que ces derniers peuvent exercer sur les « États » formés par le gouvernement de Pretoria en application des principes du développement séparé des communautés blanches et noires.
Trois pays indépendants sont englobés, totalement ou en partie, dans l’Afrique du Sud. Anciens protectorats britanniques, ils ne furent jamais dépendants de Pretoria ; ils étaient administrés par le Colonial Office sous le contrôle du gouverneur général de l’Union sud-africaine. Depuis que ces territoires, le Botswana, le Lesotho et le Swaziland, sont devenus indépendants, respectivement en 1964, 1966 et 1968, ils forment avec l’Afrique du Sud une union monétaire et douanière, mais les deux premiers au moins semblent désireux de secouer la tutelle de fait que Pretoria leur impose.
Le Botswana, dont la capitale est Gaberone, compte 700 000 km2 et 600 000 habitants. Il n’est relié à la Rhodésie et à l’Afrique du Sud que par un chemin de fer qui appartient à une société rhodésienne. Avant 1969, sa population active ne trouvait d’emploi que dans ces deux pays. Depuis lors, la société De Beers exploite une très riche zone diamantifère située à Orape et dont la production atteignait déjà presque 3 millions de carats en 1973 ; deux filiales de l’Anglo-American Corporation exploitent des mines de nickel, cuivre et soufre situées à Pickwe et Selibe. Ces nouvelles activités favorisent l’emploi et surtout elles augmentent de plus de 100 % les ressources budgétaires du pays, bien que la participation de l’État dans les sociétés d’exploitation soit minime (15 %). Le Botswana, englobé dans la Namibie, l’Afrique du Sud et la Rhodésie, a une frontière commune avec la Zambie, longue de trois cents mètres, à la limite orientale du Caprivi Strip. Il en profite pour chercher à se désenclaver en construisant, avec l’aide américaine, une route de 360 km partant de Francistown vers le réseau ferré de la Zambie qui, lui-même, sera relié bientôt par le Tanzam à Dar-es-Salam (Tanzanie). Sir Seretse Khama, président du Botswana, qui a toute chance d’être réélu aux élections de 1975, mène une diplomatie indépendante, sans toutefois chercher à provoquer son puissant voisin méridional ; il se rapproche du Président Kaunda de Zambie, noue des relations avec des pays socialistes non représentés à Pretoria comme la Tchécoslovaquie (1968), l’URSS (1970), la Yougoslavie (1971), la Roumanie (1972) dont les ambassadeurs non-résidents sont en poste à Lusaka.
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