Maritime - Renaissance de la Revue maritime et création d'une Association pour la fondation d'un institut naval - États-Unis : évolution de la flotte durant l'année fiscale 1975 - France : l'Atlantic MK II ; participation française aux opérations de dégagement du canal de Suez ; exercices Sterne 1974 ; exercice Damsel Fair 78 - Sénégal : cession d'un bâtiment
Renaissance de la Revue Maritime et création d’une Association pour la fondation d’un Institut naval (AFIN)
La Revue Maritime, dont l’origine remonte à 1861, avait dû cesser de paraître à la fin de 1971 lorsque le ministre avait à cette époque décidé de créer une revue commune aux trois armées : « Forces armées françaises ». Aviateurs et marins avaient alors déploré cette décision qui les privait les uns et les autres de leurs revues spécifiques.
Tous ceux qui aiment la mer et la Marine se réjouiront donc de cette renaissance. Elle s’accompagne d’ailleurs de la création d’une « Association pour la fondation d’un Institut naval » (AFIN) dont la vocation sera l’étude et le développement des disciplines maritimes essentielles.
Notre confrère affirme sa volonté d’extension de son champ d’intérêt. Une grande place y sera réservée à l’océanologie et à ses marines scientifiques. Au numéro de juin, on trouve d’ailleurs, outre un article de l’amiral de Joybert sur « La mer, la France et ses dix marines », un texte du directeur général du Centre national pour l’exploitation des océans (Cnexo), M. Yves La Prairie, « L’océan : des atouts, des réponses ». Les chroniques sont intitulées : Marine nationale ; Marines militaires étrangères ; Marine marchande ; Océanologie ; Navires.
La direction et la rédaction de la revue sont confiées à Marcel Bougaran, capitaine de vaisseau (e.r.) qui est en même temps secrétaire général de l’AFIN. Ses bureaux se trouvent au Musée de la Marine au Palais de Chaillot, 75016 Paris.
Le prix du numéro est de 9 F. L’abonnement d’un an : France 90 F – Étranger 110 F.
États-Unis : évolution de la flotte durant l’année fiscale 1975
Des informations qui nous sont parvenues récemment permettent de compléter aujourd’hui celles que nous avons données sur la puissance navale américaine dans notre chronique de mai 1974, à propos du budget 1975 de l’US Navy. Son potentiel sera le suivant comparé à celui de 1974 :
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Flotte active |
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au 1er juillet 1974 |
au 30 juin 1975 |
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a) Navires de combat : |
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Sous-marins stratégiques |
41 |
41 |
Porte-avions |
14 |
14 |
Croiseurs |
7 |
5 |
Frégates lance-missiles |
29 |
32 |
Destroyers lance-missiles |
29 |
29 |
Destroyers classiques |
32 |
35 |
Escorteurs |
63 |
64 |
NDLR 2021 : Sous-total de surface |
160 |
165 |
Sous-marins nucléaires d’attaque |
61 |
67 |
Sous-marins classiques |
12 |
10 |
Patrouilleurs |
14 |
16 |
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302 |
314 |
b) Navires amphibies : |
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Navires de commandement |
2 |
2 |
Transports de chalands de débarquement |
14 |
14 |
Porte-hélicoptères d’assaut |
7 |
7 |
LST (Bâtiment de débarquement de chars) |
20 |
20 |
Autres amphibies |
9 |
3 |
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52 |
46 |
c) Bâtiments de guerre des mines : |
9 |
3 |
d) Navires logistiques et auxiliaires : |
135 |
126 |
TOTAL GÉNÉRAL (a + b + c + d) : |
498 |
489 |
L’aviation navale va passer de 7 425 aéronefs à 7 511 mais le nombre des appareils réellement en service va diminuer puisqu’il passera entre le 1er juillet 1974 et le 30 juin 1975 de 6 475 à 6 283. Sur ce dernier total, le nombre des aéronefs, y compris ceux du Marine Corps, effectivement opérationnels (dans l’active et la réserve) sera de 5 570 dont :
– assaut : 1 278
– interception : 779
– Anti-sous-marin (ASM) : 171
– patrouilleurs : 386
– entraînement : 1 204
– hélicoptères : 1 134
Si le potentiel aérien n’appelle pas de commentaires, la composition et l’évolution de la flotte entre le 1er juillet 1974 et le 30 juin 1975 mérite quelques éclaircissements.
Pour ce qui concerne les porte-avions, les États-Unis ont constamment maintenu sur le pied de guerre 5 bâtiments au moins depuis la guerre de Corée, 2 en 6e Flotte et 3 en 7e Flotte. La nécessité de maintenir en permanence des porte-avions en opérations a été à nouveau confirmée par les récents événements du Moyen-Orient.
Tous les porte-avions étant basés aux États-Unis, l’US Navy estime qu’elle devrait avoir 15 porte-avions en activité pour soutenir les 5 opérationnels en temps de paix. En fait, le nombre de ces bâtiments a varié depuis 1960 entre 14 et 17 avec une moyenne de 15. En 1972, pour des raisons de budget et de difficultés de personnel, on est arrivé à la conclusion que le nombre des porte-avions devait diminuer, cette réduction étant compensée par la mise en service attendue des 3 unités nucléaires du type Nimitz dont les capacités sont largement supérieures à celles des grands bâtiments classiques du type Forrestal ou dérivés.
Pour maintenir à son niveau normal le nombre des porte-avions opérationnels, soit 5 unités, avec un nombre total de porte-avions en service inférieur à 15, on a aussi décidé de baser outre-mer les équipages de remplacement de deux bâtiments, l’un dans le Pacifique, l’autre en Méditerranée. Grâce à cette méthode – avait-on calculé – les 5 navires opérationnels pouvaient être soutenus de façon permanente par 12 porte-avions en activité. Évidemment, ces 12 porte-avions auraient pu en soutenir plus de 5 en opérations en cas d’absolue nécessité mais seulement pendant un temps très court.
En temps de guerre, bien entendu, le problème serait différent et tous les bâtiments disponibles seraient en opérations. En se basant sur cette hypothèse, on avait donc prévu l’an dernier de ramener à 14 à la fin de l’année fiscale 1974 (30-06-74), puis à 13 fin 1975 et finalement à 12 pour les années suivantes, le nombre des porte-avions en activité. En raison, cependant, des difficultés rencontrées pour baser en Grèce un équipage de rechange pour un porte-avions de la 6e Flotte et de l’obligation pour des raisons politiques de déployer périodiquement une unité dans l’océan Indien, il a été décidé de conserver 15 porte-avions en service durant toute l’année fiscale 1975 pour ne ramener ce nombre à 12 que dans les années suivantes.
Le programme de conversion des porte-avions d’attaque (CVA) en porte-avions polyvalents (CV) (avec une capacité ASM) se poursuit. Trois de ces bâtiments ont déjà été convertis : (CV 60) Saratoga (CV-62) Independence (CV-63) Kitty Hawk ; le (CV-67) J.F. Kennedy est en transformation et 2 autres seront modifiés durant l’année fiscale 1975. L’année suivante ce sera le tour des porte-avions nucléaires (CVAN-65) Enterprise et (CVAN-68) Nimitz (actuellement en essais) ; l’Eisenhower et le Vinson en construction seront directement livrés comme CV.
Dans la catégorie des navires dits d’escorte, le chiffre de 160 unités dont 4 à propulsion nucléaire en service au 30 juin 1974, est le plus bas jamais atteint par l’US Navy. Dans cette catégorie de bâtiments, la situation est préoccupante car la Marine estime qu’il lui faudrait plus de 220 escorteurs pour être à l’aise. Certes, la situation commencera à s’arranger un peu durant l’année fiscale 1975 avec l’entrée en service des 3 premiers superdestroyers du type Spruance sur les 30 en construction et d’une nouvelle frégate nucléaire de 10 000 tonnes : le South Carolina.
Il n’en demeurera pas moins que le chiffre total d’escorteurs en service sera très inférieur aux besoins. Certes on pourrait faire appel en cas de nécessité aux destroyers en réserve, une quarantaine environ, et aux grands « cutters » [NDLR 2024 : cotre] de la Coast Guard mais il s’agit pour les premiers de bâtiments déjà bien fatigués, et pour les seconds d’unités aux performances insuffisantes.
En fait, la situation ne commencera à s’améliorer réellement qu’au milieu des années 1980 lorsque les navires actuellement en construction ou projet, soit 27 unités type Spruance, 4 frégates nucléaires et 50 Patrol Frigates, auront rallié la flotte. Mais vers cette époque certains bâtiments lance-missiles auront atteint ou commenceront à atteindre leur limite d’âge. Ceci concerne en particulier les destroyers de 4 500 t du type Charles F. Adams ; aussi pour remplacer ces bâtiments, l’US Navy envisage-t-elle, comme nous l’avons écrit dans une précédente chronique, de lancer dès 1977 la construction du prototype d’une nouvelle classe d’escorteurs de 5 000 à 6 000 t, qui comprendrait, dit-on, 24 unités dont 8 à propulsion nucléaire, les autres étant à turbines à gaz.
Selon la revue Sea Power, la livraison du prototype de ces bâtiments, baptisé pour l’instant DGX, interviendra en 1981, celle des unités suivantes à partir de 1983.
Pour ce qui concerne les sous-marins nucléaires d’attaque, les 5 dernières unités du type Sturgeon actuellement en achèvement et le Los Angeles, le premier d’une nouvelle classe de sous-marins très rapides, rallieront la flotte durant l’exercice 1975.
Quant au nombre des bâtiments amphibies et des navires de soutien logistique, il restera sensiblement à son niveau de 1974, la légère diminution numérique constatée n’intéressant en réalité que des unités anciennes retirées du service.
France
L’Atlantic MK II
Le plan naval prévoit à partir du début des années 1980 le renouvellement des appareils de nos flottilles de patrouille maritime.
Fin avril dernier, le gouvernement a décidé de lancer l’étude puis la construction d’une nouvelle version de l’Atlantic : l’Atlantic MK II qui sera, tant en ce qui concerne l’armement que l’équipement, largement supérieur à l’avion actuel.
Un premier appareil construit à partir du prototype 04 de l’Atlantic MK II volera vers 1976, suivi d’un second peu de temps après. Ces deux prototypes permettront de vérifier en vol le bon comportement des armes et équipements destinés aux appareils de série et dont la mise au point aura été auparavant effectuée au sol de la façon la plus complète possible.
La série qui pourrait comprendre pour la seule marine française une quarantaine d’avions, sera lancée vers la fin de la décennie, l’objectif étant de commencer à rééquiper progressivement à partir de 1982 les flottilles dotées du Lockheed P-2H Neptune d’abord, puis celles armées en Atlantic MK I.
L’Atlantic MK I ayant été acquis par les marines allemande (20 appareils), italienne (18), et néerlandaise (9), il paraît logique qu’elles s’intéressent à leur tour à la nouvelle version d’un appareil qu’elles connaissent bien et dont elles apprécient les qualités ; d’autres marines aussi pourraient également commander l’Atlantic MK II.
Le nouvel appareil présentera les caractéristiques suivantes : même cellule, mêmes moteurs et mêmes performances que le MK I. Toutefois et sous réserve d’homologation par le Centre d’essais en vols (CEV), la masse maximale au décollage pourrait être augmentée d’une tonne environ. Contrairement à ce qui a pu de-ci, de-là être indiqué dans la presse ou les revues spécialisées, la version MK IIB comprenant 2 réacteurs supplémentaires n’a pas été demandée par la Marine.
Son équipement sera entièrement nouveau et centralisé autour d’un calculateur digital tactique. Il comprendra :
– un système de navigation composé de 2 centrales à inertie, 1 Oméga et éventuellement 1 Doppler ;
– 1 radar destiné à la veille anti-surface et à la détection d’éventuelles indiscrétions des sous-marins ;
– 1 système de contre-mesures passives destiné à détecter les émissions radar et radio ;
– 1 système de détection acoustique destiné à détecter les sous-marins en plongée ;
– 1 détecteur d’anomalies magnétiques ;
– 1 système d’identification IR ;
– 1 système de visualisation des informations comprenant notamment 2 scopes de grandes dimensions ;
Pour ce qui concerne les armes, l’Atlantic MK II pourra comporter : 4 Martel (sous les plans) ou 2 AM39 (en soute) ; des torpilles ASM ou/et des grenades ; des bouées actives et passives ; le tout représentant 3 tonnes d’armement.
Participation française aux opérations de dégagement du canal de Suez
Sur la demande des autorités égyptiennes deux bâtiments de la Marine nationale, le dragueur de mines Acanthe et le bâtiment-base de plongeurs-démineurs Gardénia, sont arrivés à Port Saïd le 14 juin.
Ce groupe, placé sous le commandement d’un capitaine de corvette et comportant une équipe d’une quinzaine de plongeurs démineurs, participera désormais aux côtés d’unités de la Royal Navy et de l’US Navy aux délicates opérations de dégagement du Canal de Suez.
Une opération menée rapidement par une escadrille d’hélicoptères américains spécialisés a permis de parer dans un premier temps aux dangers présentés par d’éventuelles mines magnétiques.
Il s’agit maintenant de déblayer les engins de toute nature non explosés qui encombrent le lit du canal. La participation de la Marine nationale hâtera l’achèvement des travaux de relevage des épaves qui, dans un premier temps, rendront à la navigation cette voie très importante pour le trafic international.
Exercice Sterne 1974
L’exercice annuel de la force d’intervention baptisé Sterne 1974 s’est déroulé en Bretagne du 18 au 21 juin 1974, dans les départements du Morbihan, de l’Ille-et-Vilaine et du Finistère.
En ce qui concerne la Marine nationale, cet exercice a consisté en une action de commandos, le débarquement, puis le rembarquement de forces terrestres importantes, l’appui aérien des opérations au sol.
À cet effet, les porte-avions Foch et Clemenceau, la frégate Suffren, les escorteurs d’escadre Vauquelin et Bouvet et des petits bâtiments ainsi que le Groupement de fusiliers-marins commandos ont pris part à Sterne 1974.
Exercice Damsel Fair 78
Un exercice de dragage appelé Damsel Fair 78 a eu lieu dans le golfe de Tarente entre le 17 et le 27 juin 1974 : y ont participé, outre des unités françaises, des bâtiments italiens et grecs et des plongeurs britanniques.
Les bâtiments français étaient le Bâtiment de soutien logistique (BSL) Rhin à bord duquel le capitaine de vaisseau commandant la IIIe Escadrille de dragage a dirigé une partie des opérations, l’escorteur côtier L’Intrépide, employé comme mouilleur de mines, les dragueurs Magnolia, Camélia, Giroflée et Muguet.
Avant de rallier Tarente, certains de ces bâtiments ont fait escale à Sfax (Tunisie) ou à Civittavecchia (Italie).
Sénégal : cession d’un bâtiment
L’Engin de débarquement d’infanterie et de chars (EDIC) 9095 a été cédé le 1er juillet à la petite marine sénégalaise. Celle-ci comprend en plus de cet EDIC :
– 1 patrouilleur de 240 t, le Saint-Louis, livré en mars 1971. Construit aux chantiers SFCN de Villeneuve-la-Garenne, ce patrouilleur de 18,5 nœuds de vitesse est équipé de 4 canons de 40 et 8 missiles SS-12 ;
– 3 vedettes de surveillance côtière de 70 t transférées en 1966 par la France ;
– 2 petits engins de débarquement du type LCM ;
– 1 ex-navire de pêche utilisé pour l’instruction du personnel.
Un second patrouilleur identique au Saint-Louis est en construction : il doit en principe être livré avant la fin de l’année.
La mission principale de cette petite force navale est d’assurer la protection des pêches le long des 270 nautiques de côtes du pays et la police des voies fluviales navigables et des marigots.
La marine, de même que l’aviation, ne constitue pas une force autonome mais un corps particulier des forces armées. Ses effectifs se montent à moins de 200 hommes.
La base de cette petite flotte est située sur une portion de l’ancienne base française de Dakar. La France fournit une aide technique pour l’entretien des bâtiments et concourt à la formation du personnel. ♦