Armée de terre - Première étape de la réorganisation de l'Armée de terre - Présence de l'Armée de terre dans l'océan Indien
Première étape de la réorganisation de l’Armée de terre
Au mois de juin 1975, soit trois mois après sa prise de commandement, le général Lagarde, Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), avait fait connaître son intention de procéder à une réorganisation de l’Armée de terre afin, compte tenu des moyens qui lui étaient concédés, de mieux l’adapter à ses missions.
Cette réorganisation repose sur les six principes suivants : alléger les frais généraux de l’Armée de terre, faire cesser la disparité qui sépare les blindés et mécanisés et les formations territoriales, doter les forces d’une mobilité supérieure, gagner en unité du commandement, répartir les formations sur le territoire national de façon plus harmonieuse, rajeunir et alléger le système de mobilisation.
Il ne fait pas de doute que ce projet, étant donné son importance, devait faire l’objet de décisions prises au plus haut niveau du pouvoir politique. Par ailleurs, les dimensions mêmes de la réorganisation envisagée impliquaient que cette dernière ne se fasse que par étapes successives afin d’éviter heurts et bouleversements susceptibles d’en compromettre le succès.
Le contenu de chacune des transformations envisagées ne sera donc connu qu’au fur et à mesure des décisions de mise en œuvre.
Au mois de septembre 1975, les commandements territoriaux et opérationnels ont été fusionnés. Il en a résulté une meilleure unité du commandement, une simplification de la subordination hiérarchique et une plus grande cohérence dans les domaines de l’instruction, de l’emploi, du soutien logistique et de l’administration. Par ailleurs, depuis le 1er janvier, la Direction technique des armes et de l’instruction (DTAI) a été transformée en une Direction des écoles et de l’enseignement, tandis qu’un bureau instruction a été simultanément créé au sein de la division Emploi-plan-instruction de l’EMAT. Ainsi devrait apparaître une meilleure convergence des actions du haut commandement au bénéfice de toute la hiérarchie, y compris de l’échelon des corps de troupe.
L’étape suivante, annoncée par le général Lagarde fin décembre, porte sur un premier ajustement des effectifs et surtout sur la valorisation des unités de Défense opérationnelle du territoire (DOT).
En premier lieu, le Cémat a décidé que les effectifs de l’administration centrale seraient abattus de 10 % en moyenne. Les économies ainsi obtenues se répercuteront de proche en proche, de manière à renforcer l’encadrement des corps de troupe et des organismes qui, dans ce domaine, sont les plus défavorisés. L’objectif poursuivi est d’atténuer l’écart qui sépare trop souvent les besoins réels des effectifs réalisés.
Le deuxième volet de cette nouvelle étape a pour objet l’amélioration de la polyvalence et de la mobilité de l’ensemble des forces. Il vise à faire cesser progressivement la trop grande distinction existant encore entre forces de manœuvre et forces du territoire, qu’il s’agisse de leurs structures, de leurs équipements ou de leur entraînement interarmes.
Jusqu’à présent, les régiments des forces du territoire étaient placés chacun sous les ordres directs des commandants de division militaire et organisés pour l’accomplissement de leur mission ponctuelle de défense.
Il en résultait un inconvénient majeur pour le commandement qui ne disposait, en ce qui concerne les forces du territoire, que de régiments isolés dispersés sur l’ensemble du territoire sans véritables liens avec d’autres formations, notamment interarmes, liens nécessaires à des actions dépassant la simple protection des points sensibles.
L’objectif en 1976 est de réunir ces régiments au sein de nouvelles divisions opérationnelles. À cet effet – et ce n’est qu’un premier pas – trois divisions d’infanterie ont vu le jour, le 1er janvier 1976 :
– en 3e région militaire, la 9e Division d’infanterie de marine – PC Saint-Malo – constituée à partir de la 9e Brigade (1er Rima de Granville, 2e Rima d’Auvours, 3e Rima et Régiment d'infanterie chars de marine ou RICM de Vannes, 11e Régiment d’artillerie de marine ou Rama de Dinan) et du 41e régiment d’infanterie de la Lande d’Ouée ;
– en 4e RM, la 15e Division d’infanterie – PC Limoges – groupant le 57e RI de Souge, le 126e RI de Brive, le 22e Rima d’AIbi, le 5e Chasseurs de Périgueux et le 20e Régiment d’artillerie de Limoges ;
– en 5e RM, la 14e DI – PC Lyon – groupant le 99e RI de Sathonay, le 92e RI de Clermont-Ferrand, le 75e RI de Valence et le 1er Régiment étranger de cavalerie (REC) d’Orange.
Le 1er août prochain sera créée la 27e division alpine – PC Grenoble – à partir des formations des actuelles 27e et 17e Brigades alpines.
Ainsi sur le territoire des régions militaires concernées, tous les régiments cessent d’être isolés pour être englobés dans de grandes unités, au sein desquelles ils pourront améliorer leur cohésion interarmes notamment à l’occasion de manœuvres communes et de séjour dans les camps. Parallèlement, l’équipement de ces unités sera amélioré dans les domaines antichars et transmissions ainsi que dans celui de la motorisation, pour leur permettre, grâce à une puissance et à une mobilité accrues, d’intervenir rapidement en quelque lieu et en quelque circonstance que ce soit.
Telle est la nouvelle étape de l’évolution de l’Armée de terre, étape qui sera bien entendu suivie par d’autres (1).
G. V.
Présence de l’Armée de terre dans l’océan Indien
Les unités de l’Armée de terre implantées dans l’océan Indien sont intégrées au système interarmées qui assure la présence militaire de la France dans cette partie du monde.
Remaniées depuis l’an dernier en raison de la réouverture du canal de Suez, de l’évolution des rapports franco-malgaches et de l’accession d’une partie des Comores à l’indépendance, les unités terrestres françaises de l’océan Indien sont déployées essentiellement dans le Territoire des Afars et des Issas (TFAI, Djibouti), pour la partie nord de cet océan, dans l’Île de La Réunion et dans l’Île de Mayotte de l’archipel des Comores, pour la partie sud.
C’est dans le TFAI que les forces terrestres sont les plus importantes.
Elles sont pour l’essentiel composées de deux régiments motorisés comportant des éléments blindés et antichars : le 5e Régiment interarmes d’outre-mer (5e RIAOM) et la 13e Demi-brigade de légion étrangère (13e DBLE), renforcés d’un régiment d’artillerie : le 6e Rama.
Le 5e RIAOM possède plusieurs compagnies d’infanterie motorisées et un escadron blindé équipé de chars AMX-13 et d’AMX-13 SS-11, missiles dont la capacité antichar n’est plus à démontrer. La portion centrale du régiment stationne à Djibouti tandis que les unités tiennent un certain nombre de postes à l’extérieur. Il en est de même de la 13e DBLE qui occupe en permanence plusieurs garnisons à l’intérieur du territoire. La demi-brigade comporte également plusieurs unités motorisées et un escadron blindé de reconnaissance possédant également des missiles antichars notamment des Milan. Elle comprend aussi, comme dans la plupart des unités de Légion, une compagnie de travaux du Génie.
L’ensemble de ces unités est appuyé, d’une part par le 6e Rama, unité mixte composée de deux batteries sol-sol et d’une batterie sol-air et d’autre part par un détachement de l’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) équipé d’hélicoptères de manœuvre et d’hélicoptères d’attaque antichars (Gazelle).
Par ailleurs, un bataillon de commandement et des services assure le soutien logistique de l’ensemble du dispositif.
Après l’évacuation de Diégo-Suarez, le redéploiement des forces françaises au sud de l’océan Indien s’est réalisé autour de l’Île de La Réunion. L’état-major interarmées auprès du général commandant supérieur des forces françaises de l’océan Indien s’est installé à La Montagne, au-dessus de la ville de Saint-Denis, où est cantonné le 15e Bataillon de commandement et des services, tandis que dans le sud de l’île est stationné le 2e Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (2e RPIMa). À ces unités s’ajoutent des éléments des différents services (intendance, santé, matériel, génie) ainsi qu’une école militaire préparatoire.
Outre ces forces, des compagnies de parachutistes, dites « compagnies tournantes », détachées à tour de rôle par les régiments de la force terrestre d’intervention, s’ajoutent au dispositif du TFAI et à celui de La Réunion, qu’elles renforcent en permanence.
Enfin, c’est une de ces compagnies tournantes appartenant à la Légion qui assure la présence française dans l’île de Mayotte.
Édouard Vaujaque
(1) Note de la rédaction :
Citons entre autres les projets suivants : Pour distinguer les divisions opérationnelles des actuelles divisions militaires territoriales, celles-ci seraient appelées à perdre leur numérotation et à recevoir des appellations géographiques. Il est question ainsi de transformer l’actuel secteur militaire de Corse en « division militaire Corse » avec PC provisoire à Bastia. De même pourraient être créées en cours d’année les divisions militaires « Midi Pyrénées », « Île de France », « Lorraine », dont les limites coïncideraient toujours avec les régions civiles correspondantes.
Il ne s’agirait pas seulement d’un simple changement de dénomination mais encore d’une modification des attributions de commandement, en ce sens que les commandants des divisions militaires pourraient, outre leurs attributions territoriales, recevoir, sur décision du ministre prise cas par cas, le commandement des troupes. Par contre, là où serait stationnée une division opérationnelle, c’est le commandant de cette grande unité qui prendrait le commandement territorial.
Signalons enfin les projets à l’étude pour permettre la réunion de divisions en nouveaux corps d’armée et celui visant à la réunion de corps d’armée en une armée constituant un commandement spécialisé (comme l’est actuellement la Force aérienne tactique ou Fatac dans l’Armée de l’air). Insistons sur le fait que tous ces projets tendent d’une part à l’unité de commandement et d’autre part à un meilleur rendement des moyens aux moindres frais.