Défense à travers la presse
L’Union soviétique au seuil de la suprématie militaire… l’Europe sous la menace d’une attaque surprise… l’Occident a peur… Sous ces titres alarmants quelques experts ont. ces temps-ci, énoncé les griefs qu’ils faisaient au système de défense de l’Otan : déploiement inadapté, érosion continue des forces conventionnelles, absence de standardisation, délai de mobilisation trop long, bref les forces du Pacte atlantique seraient aussi peu préparées à une guerre-éclair que l’étaient les Israéliens en octobre 1973. Du coup l’Europe de l’Ouest serait en droit de tout redouter, on nous l’assurait sans ménager nos nerfs. Un officier supérieur belge, le général Robert Close, a même publié un livre sur la question et à son avis les armées du Pacte de Varsovie pourraient être sur le Rhin en moins de 48 heures (L’Europe sans défense ? ; Éditions Arts et Voyages, Belgique). Ce qui fit l’étonnement du ministre ouest-allemand de la Défense, M. Georg Leber, qui répliqua : « Si les blindés russes arrivent sur le Rhin en 48 heures, c’est que la Bundeswehr aura réglé la circulation aux carrefours ! ».
La boutade n’est pas sans bon sens. Elle a son prix. Le général Alexander Haig, commandant en chef des forces de l’Otan en Europe, lui apporte sa caution en réfutant la thèse du général Close, « une thèse universitaire vieille de six ans » fait-il observer. Il n’empêche que nous assistons à un renforcement des moyens classiques du pacte de Varsovie, de sorte que celui-ci pourrait déclencher une attaque surprise. Ce point de vue, de l’avis de certains, mérite cependant réflexion. Comment évaluer le potentiel militaire soviétique ?
C’est précisément la question que pose Jacques Isnard dans Le Monde du 14 janvier : « Certes, la puissance militaire soviétique est impressionnante, considérée sous le double point de vue du nombre des matériels engagés et du volume des effectifs mobilisés. Il est difficile de contester de telles observations qui incitent à s’interroger sur la destination finale de cet arsenal et sur les motifs d’un effort financier qui dépasse, apparemment, les seuls besoins de défense de l’Union soviétique… Mais rapporté en termes de densité militaire, l’effort de défense soviétique revêt déjà une dimension quelque peu différente et oblige à nuancer certains jugements : avec un territoire quarante fois plus étendu que celui de la France et avec des frontières dont le contour représente une fois et demie le tour de la terre, l’Union soviétique entretient des forces armées dont les effectifs globaux sont à peine sept fois supérieurs à ceux de la France ».
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