Institutions internationales - Volontés anglaises à la CEE - Difficultés communautaires
L’installation officielle d’un nouveau Président à la Maison-Blanche est pour les Américains une cérémonie chargée d’une signification religieuse, et M. Jimmy Carter n’a pas failli à la tradition : par son esprit et par ses termes, son discours s’est inscrit dans la longue série de ceux qui, depuis celui de Georges Washington, ont voulu montrer que la charge de Président des États-Unis était d’essence plus morale que politique. Mais, ce rituel une fois respecté, les réalités politiques se sont imposées, ce qui explique que certaines incertitudes pèsent sur la nouvelle politique américaine.
C’est particulièrement évident à propos des relations entre les États-Unis et l’Union soviétique : qu’il s’agisse de la reprise des négociations sur la limitation des armements stratégiques, de l’attitude à l’égard des « dissidents », du commerce Est-Ouest ou de la prochaine Conférence de Belgrade (qui doit, dans l’été, faire le point des résultats de celle d’Helsinki), le Président Carter doit adapter son attitude aux réalités, et ne pas se contenter de projeter sur celles-ci les promesses qu’il a formulées en tant que candidat. D’où des incertitudes et des hésitations qui, pour naturelles qu’elles soient, n’en représentent pas moins une hypothèque sur les relations internationales.
Volontés anglaises à la Communauté économique européenne (CEE)
Tandis que l’ancien ministre de l’Intérieur britannique, M. Roy Jenkins, prenait pour quatre ans la présidence de la Commission européenne, la Grande-Bretagne a accédé, pour six mois, à la présidence de la Communauté : M. Anthony Crosland, ministre des Affaires étrangères – c’est maintenant son successeur David Owen – qui préside le Conseil des ministres des Neuf, et M. James Callaghan, le Premier ministre britannique, préside le Conseil européen, qui devait se réunir fin mars à Rome et dont une autre réunion est prévue pour juin à Londres. Il y a là le prolongement du verdict exprimé par le peuple britannique lors du référendum de juin 1975, le symbole de la pleine participation de la Grande-Bretagne à l’entreprise européenne. Il est, dans ces conditions, particulièrement significatif qu’à l’occasion de leur première intervention devant le Parlement européen tant M. Jenkins que M. Crosland aient insisté sur le caractère politique de la Communauté européenne. M. Jenkins a été formel : « Je n’entends pas être un président britannique, je veux être un président européen… La Communauté n’est ni une officine de paris ni un stand de loterie où chacun apporte sa mise en espérant retirer davantage qu’il n’a engagé, tout en sachant parfaitement que les enjeux sont fixés une fois pour toutes et qu’un gain ne peut donc être réalisé que grâce aux pertes d’un autre membre. La Communauté peut et doit être davantage que la somme des parties qui la composent. Elle peut créer et donner plus qu’elle ne reçoit, à la condition expresse que les États-membres, les peuples et les gouvernements se demandent quelle contribution ils peuvent apporter, et non pas seulement quel bénéfice ils peuvent retirer… La Commission européenne doit être une institution politique, et non technocratique »… M. Anthony Crosland n’a pas été moins net : « Nous sommes désormais indissolublement liés à l’Europe, par la volonté de notre peuple et de notre gouvernement… Les faits démontrent ta réalité politique de la Communauté économique européenne fondée sur l’élaboration de politiques communes et sur des institutions communes… ». (1)
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