Marine - Italie : le programme décennal de constructions neuves - Grande-Bretagne : lancement de l'Invincible - États-Unis : la Navy renonce au programme hydroptères - URSS : échanges de visites entre les marines française et soviétique
Italie : Le programme décennal de constructions neuves
Les revues spécialisées commencent à donner des informations sur les caractéristiques des navires que la marine italienne compte construire dans le cadre du plan décennal de modernisation de la flotte qui a été approuvé le 13 mars 1975 par le Parlement. Ce plan accorde à la marine un budget exceptionnel réparti sur dix ans de 1 000 milliards de lires (valeur 1974) et dont les crédits annuels correspondants devraient donc être réévalués en fonction de la dépréciation monétaire.
Tel qu’il a été défini par la marine, ce plan devrait permettre d’ici à 1985,
• de construire :
– 1 porte-hélicoptères léger ;
– 2 destroyers lance-missiles dérivés des plus récents bâtiments de ce type en service, les 2 Audace de 4 000 tonnes ;
– 4 frégates type Lupo de 2 900 tpc ;
– 8 frégates type Maestrale ;
– 2 sous-marins de 1 000 t ;
– 1 pétrolier ravitailleur :
– 1 bâtiment de sauvetage ;
– 1 hydrographe (fin de son financement) ;
• d’acquérir :
– 40 hélicoptères ASM (Lutte anti sous-marine) ;
– 14 patrouilleurs ASM BR 1150 Atlantic ;
• de moderniser diverses unités en service (nouveaux senseurs, nouvelles armes).
Ce plan est, pour ce qui concerne certains de ses éléments, déjà en voie d’exécution. C’est ainsi que le navire hydrographe, l’Ammiraglio Magnaghi, de 1 582 tpc, est maintenant en service. Deux des frégates de 2 900 tpc, le Lupo et le Sagittario, sont en achèvement à flot ; la première a déjà entrepris ses premiers essais à la mer. Le pétrolier ravitailleur qui porte le nom de Vesuvio, a été lancé le 4 juin dernier. Déplaçant 8 700 t en pleine charge, il est identique au Stromboli, admis au service actif en 1975. Ce type de bâtiment équipé d’un portique à postes doubles pour le ravitaillement à la mer, paraît tout à fait adapté au théâtre de la Méditerranée et aux missions de la marine italienne.
Les sous-marins seront dérivés du Nazario Sauro de 1 631 t en immersion en achèvement à Monfalcone et de son sistership Cesare Battisti encore sur cale.
Les caractéristiques du futur porte-hélicoptères, qui s’appellera Giuseppe Garibaldi, sont maintenant définies :
– déplacement : 12 000 tpc ;
– dimensions : 179 x 23.40 (flottaison) ;
– puissance des machines : 80 000 CV ;
– vitesse : 30 nœuds.
Il sera muni d’un pont d’envol continu de 174 m de long et 30,4 de large avec îlot à tribord. Ce pont sera relié au hangar par 2 ascenseurs (1 en avant et 1 à l’arrière de l’îlot). La DCA du bord sera assurée par 3 systèmes surface-air à courte portée Aspide/Albatros (version italienne du Sea Sparrow de l’Otan) et par 4 bitubes de 40 Breda. Le Garibaldi aura 2 tubes triples lance-torpilles ASM et il est prévu de le doter de 6 rampes de lancement de missiles surface-surface du type Teseo (Oto Melara MK-2).
Le groupe aérien comprendra 16 hélicoptères ASM SH 3D Sea Ring ou un panachage d’hélicoptères et d’avions ADAC/ADAV. Ces derniers pourraient être des Sea Harrier britanniques.
Le Garibaldi aura un équipage de 550 hommes et il pourra parcourir 7 000 nautiques à 20 nœuds. Le choix du chantier constructeur est en cours.
Les 8 frégates classe Maestrale déplaceront 3 400 tpc, auront une vitesse de 30 nœuds (propulsion du type CODOG comprenant 2 turbines à gaz de 20 000 CV et 2 diesels de 3 900 CV agissant sur 2 hélices à pas variable. L’armement comprendra une pièce de 127 CA automatique. 4 missiles Teseo, un système Aspide/Albatros et 2 hélicoptères ASM.
Grande-Bretagne : lancement de l’Invincible
Le premier croiseur anti-sous-marins de la Royal Navy, l’Invincible, a été lancé le 3 mai dernier en présence de la Reine aux chantiers Vickers de Barrow-in-Furness où il avait été mis sur cale en juillet 1973. L’Invincible devrait être suivi par 2 bâtiments du même type, l’Illustrions mis en chantier en 1976 et par l’Indomptable mais en définitive ce dernier pourrait bien, pour des raisons budgétaires, ne pas être construit.
Rappelons brièvement les caractéristiques de ce bâtiment :
– déplacement : 19 500 t.
– dimensions : 206,6 x 27,5 (flou) x 31,9 (pont d’envol) x 7,3 m.
– propulsion : 4 turbines à gaz, 2 hélices, 80 000 CV.
– performances : vitesse, 29 nœuds ; distance franchissable, 5 000 nautiques/ 18 nœuds.
– armement : 1 système de missiles surface-air à moyenne portée Sea Dart.
– 15 hélicoptères ASM SH 3D Sea Ring ou 10 appareils de ce type et 5 Sea Harrier.
– équipage (bord) : 900 hommes.
Les installations aéro comprendront un pont d’envol avec piste oblique de 167 m de long, réuni à 3 hangars par 2 ascenseurs.
Le coût total de ce bâtiment (sans son groupe aérien et les missiles) s’élève à ce jour à 170 millions de livres mais il est estimé qu’au moment de sa mise en service en 1979/1980, l’addition définitive se montera à 200 millions de livres (soit, respectivement, au taux actuel de la monnaie anglaise : 1 453,5 et 1 710 MF, mais toute comparaison avec des prix français doit tenir compte que les constructions navales pour la Royal Navy ne sont pas soumises à la TVA).
États-Unis : la Navy renonce au programme hydroptères
Ainsi que nous l’avions laissé entendre dans de précédentes chroniques, l’US Navy a définitivement renoncé à construire les hydroptères du type Pegasus qu’elle avait programmés. La décision a été annoncée le 10 avril mais elle aurait été déjà prise au temps de la précédente administration.
À l’origine, la marine prévoyait de construire 30 hydroptères, la RFA 10 autres et l’Italie 10 également, tous sur plans Boeing. Ils devaient avoir la même coque et les mêmes modes de propulsion et de sustentation et une pièce de 76 italienne. Les 4 missiles antisurface dont ils devaient être dotés, étaient par contre différents, Harpoon pour les hydroptères américains et allemands, Teseo pour les Italiens. La Bundesmarine et la marine italienne ont dû renoncer, en raison du coût de plus en plus élevé du programme, aux bâtiments qu’elles projetaient de construire mais les études et l’expérience acquise au cours des essais du prototype Pegasus pourront éventuellement servir à d’autres bâtiments peut-être un peu moins « sophistiqués ».
Jusqu’à ces derniers temps, l’US Navy espérait, le Congrès ayant accepté leur financement, que 6 unités, y compris le Pegasus, pourraient être finalement construites, ce qui aurait permis d’affecter, pour expérimentation, une flottille à la VIe Flotte. Il avait même été prévu de convertir un ancien LST en bâtiment de soutien pour cette flottille. C’est finalement à la suite des dépassements de coût trop exagérés et des critiques formulées à ce propos par le General Accounting Office (équivalent grosso modo, de notre Cour des comptes) que le secrétaire d’État à la Défense a décidé d’interrompre le programme.
Il est curieux de constater que juste au moment où la marine américaine renonce à l’hydroptère, la Royal Navy semble au contraire s’y intéresser. Elle vient, en effet, de louer aux États-Unis un engin civil de 110 t, le Flying Princess, construit par Boeing, aux fins d’expérimentation. Elle pense que l’hydroptère, en raison de sa vitesse élevée (45 nœuds) et de ses qualités manœuvrières, pourrait rendre de grands services dans la surveillance de la zone protégée des 200 nautiques. Les essais entrepris avec le Flying Princess permettront de vérifier si cette estimation est réellement bien fondée.
URSS : Échanges de visites entre les marines française et soviétique
Deux bâtiments soviétiques, le navire-école Smolnyi le destroyer lance-missiles Jgouchi, ont fait, du 24 au 29 mai dernier, une escale de courtoisie à Cherbourg : l’amiral commandant la flotte soviétique de l’Arctique était à bord du croiseur école.
En contrepartie, l’escorteur d’escadre Dupperé, arborant la marque du vice-amiral d’escadre commandant l’escadre de l’Atlantique, et la frégate lance-missiles Duquesne, ont séjourné à Mourmansk du 1er au 6 juin.
Les deux escales se sont déroulées dans une bonne atmosphère et conformément aux programmes qui avaient été arrêtés à l’avance. Le Jgouchi est l’un des 8 destroyers de 4 500 t lance-missiles anti-aériens de la classe Kanin, classe provenant de la transformation de destroyers déjà anciens du type Krupnyi, équipés de missiles antisurface d’un type dépassé. Le Smolnyi par contre est un navire-école tout neuf de 6 500 t qui semble inspiré du Deutschland de la marine fédérale allemande. ♦