Institutions internationales - Le mythe de l'unité arabe - Nouvelles difficultés Nord-Sud - Inquiétudes et velléités européennes
L’initiative du président Sadate a créé une situation nouvelle au Moyen-Orient, où les rapports de force se trouvent profondément modifiés sans que l’on puisse formuler des hypothèses sérieuses sur leurs prochaines cristallisations. L’essentiel est que le problème politique ne concerne plus seulement les relations entre Israël et les États arabes, mais celles entre les États arabes eux-mêmes. Une nouvelle fois s’impose comme une évidence le caractère mythique de « l’unité arabe ».
Ce bouleversement de la situation au Moyen-Orient a relégué au second plan des questions qui suscitaient de vives inquiétudes, et auxquelles aucun règlement pacifique ne paraît pouvoir être apporté dans un avenir prévisible. C’est notamment le cas de la guerre qui affecte la « corne » de l’Afrique (et qui a été marquée en novembre par la rupture entre la Somalie et l’Union soviétique, ce qui a des répercussions sur le conflit de l’Ogaden) et celui des rivalités qui menacent l’avenir même de la Mauritanie. L’année 1977 s’est ainsi terminée, comme bien des années précédentes, dans une ambiance où l’inquiétude se mêlait à l’espoir, guerres et paix s’entremêlant sans que l’on puisse prévoir l’évolution de cette situation qui possède tous les caractères d’un équilibre instable, au sens que les physiciens donnent à ce terme.
Le mythe de l’unité arabe
En se rendant à Jérusalem, le président Sadate a placé les États arabes devant un fait dont ceux-ci s’accommodent difficilement : il n’y a pas d’unité arabe, et aucune organisation ne peut prétendre parler en leur nom. Ce n’est pas nouveau – la Ligue arabe n’est jamais parvenue à mener une action véritablement unitaire – mais les réactions des États arabes devant l’éventualité d’un accord israélo-égyptien ont donné un caractère particulièrement spectaculaire à cette dispersion des points de vue. Un rêve séculaire ne parvient pas à trouver une concrétisation politique. Mais n’est-ce pas logique ? Comment envisager une union entre des régimes aussi différents que le royaume théocratique d’Arabie et la technocratie socialisante d’Algérie, entre les colonels libyens et les Tunisiens, libéraux à l’occidentale ? Comment concilier les exigences orthodoxes des émirs du Golfe et les impatiences des étudiants du Maghreb ? Même ce qui semblait acquis ne l’est plus dès que l’on serre de près la réalité arabe. Il existe une langue commune, l’arabe littéraire, mais l’homme de la rue marocain ne comprend pas celui de Tunis, et à plus forte raison celui de Tunis ne comprend pas celui de Bagdad. On pourrait aligner, il est vrai, tout le monde sur la langue de culture, par une école commune par exemple.
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