Dix-sept ans après l'exclusion quasi totale du péronisme de la vie publique argentine, le parti péroniste vient d'être reconstitué cette année en vue de sa participation aux élections de mars 1973. Aujourd'hui – 14 novembre 1972 – l'ancien dictateur quitte son exil madrilène pour regagner sa patrie. La reconnaissance juridique d'un mouvement susceptible de mobiliser entre 40 et 60 % de l'électorat est loin d'avoir résolu les problèmes que posent sa réintégration effective et celle de son chef dans la communauté nationale ; elle est, toutefois, la constatation inévitable d'un phénomène qui, en dépit des controverses et des passions qu'il suscite encore, a poussé ses racines assez profondément pour résister à tous les changements de régime et à toutes les tentatives de « démystification ». Le sujet étant trop vaste pour que l'on puisse en faire une étude exhaustive en quelques pages, cet article a seulement pour but défaire ressortir certains traits du péronisme, assez déterminants pour qu'ils permettent d'en saisir la nature et de comprendre le rôle qu'il a joué dans l'évolution politique de l'Argentine.