Défense à travers la presse
À l’occasion des débats parlementaires sur le budget de la Défense, il n’est aucun journal qui n’ait omis de présenter à ses lecteurs un examen plus ou moins approfondi de nos moyens militaires et de la stratégie chargée de les mettre, éventuellement, en œuvre. Il a surtout été question de la marine et de notre place au sein de l’Alliance atlantique. Simultanément les revues anglo-saxonnes consacraient de fort intéressants articles à la situation prévalant entre les deux Grands et aux implications qui en découlaient pour les autres puissances.
Dans la revue britannique Survival (nov-déc) Michael D. Salomon, de l’Université de Pittsburgh analyse dans le détail les principales théories énoncées aux États-Unis au sujet de la parité nucléaire des deux Grands. Il en déduit que l’effort principal a porté sur la comparaison des armements et de leur utilisation et il regrette que l’esprit de description l’ait ainsi emporté dans ces spéculations. Il ne faut pas, à son avis, compter seulement sur la stratégie opérationnelle :
« Le plus important est que le doute ait germé sur la stabilité de l’équilibre stratégique, sur le maintien d’une limite nucléaire à même de prévenir une éventuelle menace ou un chantage de l’Union soviétique. À l’origine de cette évolution, quatre facteurs : premièrement, on s’est aperçu que l’hypothèse selon laquelle la doctrine stratégique de l’URSS était comparable à celle des États-Unis, sans doute moins élaborée, était fausse. L’attitude soviétique dans les négociations SALT a montré que la pensée militaire du Kremlin se fixait surtout sur la possibilité de survie et non sur le maintien d’une parité stratégique. Deuxièmement, la rapidité des progrès techniques a mis à mal la notion de limite en matière d’affrontement nucléaire… Troisièmement, la puissance de l’arsenal nucléaire soviétique a conduit à éliminer la simple idée de représailles dans le cas où l’affrontement atteindrait le seuil nucléaire. Enfin il est apparu qu’en dépit de leurs revers économiques, les Soviétiques s’appliquaient à accroître régulièrement leur potentiel militaire aussi bien dans le domaine de la recherche que dans le déploiement des armes. Il fallait bien en conclure que la conception soviétique en matière de défense était tout à fait différente de celle des Américains. Ce n’est pas dans la même optique que Moscou et Washington considèrent l’équilibre stratégique même dans le cadre de la détente. »
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