Flottes de combat. Fighting Fleets
Nos lecteurs marins connaissent bien maintenant cet ouvrage, dont l’édition mise à jour et enrichie de nouveaux apports paraît tous les deux ans. Les Flottes de combat ne le cèdent en rien en qualité à leur célèbre homologue anglais, le Janes. L’ouvrage constitue un répertoire détaillé et abondamment illustré des flottes militaires de tous les pays du monde. Il présente également leurs systèmes d’armes et leurs équipements (moyens de détection notamment). Il met ainsi à la disposition des marins une mine de renseignements de toutes sortes y compris sur la structure des principales forces, l’organisation du commandement et leurs capacités. C’est un ouvrage absolument indispensable à tout commandant de bord.
Dans son introduction, notre confrère y retrace les traits essentiels et l’évolution des flottes de combat des quatre premières puissances maritimes militaires : les États-Unis, l’Union soviétique, la Grande-Bretagne et la France.
L’auteur souligne cette année qu’aux États-Unis la marine est aujourd’hui l’élément clef de la politique militaire. Depuis 1970, le budget de la Navy est le plus important des trois armées. La modernisation de la flotte US se poursuit grâce à la mise en service de navires plus puissants mais au prix d’une diminution du nombre des bâtiments. Diminution toute relative d’ailleurs quand on songe que sont en construction ou prévus : 2 porte-avions nucléaires géants. 2 croiseurs nucléaires type Virginia, 24 superdestroyers type Spruance, 4 navires d’assaut type Tarawa, 4 sous-marins nucléaires stratégiques type Ohio (18 500 t. et 24 missiles de portée 4 200 n.) et 31 sous-marins nucléaire d’attaque type Los Angeles. Soit au total 83 bâtiments et 840 000 t. dont 570 000 t. déjà en construction !
La marine soviétique n’est pas moins formidable. Elle dépasse même en tonnage la marine américaine. Elle met en service un modèle de SNLE dit Delta III (appellation Otan) armé de 16 missiles de portée 4 800 n., le plus grand sous-marin à flot dans le monde. Dans le domaine des porte-aéronefs, après la mise à l’eau du Kiev, son frère le Minsk est en achèvement à flot et un troisième est en construction. Il semble que l’URSS veuille faire de ces bâtiments des hybrides tenant à la fois du croiseur et du porte-aéronefs.
La puissance maritime soviétique connaît cependant des limites. Après l’effort considérable de génération quasi simultanée de la masse de ses navires modernes dans un temps record, l’Union soviétique se trouve aujourd’hui confrontée au problème de leur remise en état et de la mise à jour de leurs armes et équipements au détriment de la poursuite du rythme des constructions neuves dont on note actuellement un étalement. Par ailleurs, cette marine est certes présente sur tous les théâtres maritimes, mais son activité y demeure faible pour de multiples raisons. Il y a tout d’abord le manque de qualification technique des équipages composés en quasi-totalité de jeunes recrutés : l’insuffisance ensuite de la flotte logistique malgré le soutien qu’apporte la marine marchande. Il y a aussi la situation géographique très particulière de l’URSS qui ne débouche sur des mers libres qu’à partir d’Arkhangelsk ou de Vladivostok. La perte récente des facilités qu’accordaient l’Égypte avec sa base navale d’Alexandrie et la Somalie avec Berbera complique le problème.
La Royal Navy est toujours l’arme préférée de la Grande-Bretagne qui veille à lui conserver son 3e rang mondial. Elle a 100 000 t. en construction. À noter son effort particulier en sous-marins nucléaires d’attaque : elle a 8 SNA en service et 4 en chantier, ce qui en fait une force de chasse sous-marine redoutable même si elle n’est équipée que de torpilles filoguidées.
L’auteur cache à peine son inquiétude pour l’avenir de la Marine française qui, au terme du plan d’équipement 1976-1982 n’aura plus que 250 000 t., soit 70 000 t. de moins qu’actuellement. Il pose la question des moyens nécessaires pour assurer la mission de surveillance de la zone exclusive des 200 nautiques, tant autour de l’Hexagone qu’autour de nos terres d’outre-mer. Espérons que le prochain plan naval promis par le président de la République y apportera une solution. ♦