Armée de terre - Mobilisation : un nouveau plan et une politique des personnels - Information : une accentuation des efforts - L'École militaire du Corps technique et administratif (EMCTA) : une nouvelle école - La place de la femme dans l'Armée de terre
Mobilisation : un nouveau plan et une politique des personnels
Dans notre chronique du mois de janvier, traitant notamment de l’instruction collective des réserves, nous avions annoncé la refonte du plan de mobilisation en raison de la réorganisation des forces d’active. Le nouveau plan sera mis en place à partir de l’été 1978. Il opère une transformation majeure dans la mesure où il repose sur deux principes nouveaux :
– Regroupement d’une grande partie des anciennes formations de défense opérationnelle du territoire dans de grandes unités d’infanterie motorisées, d’active ou de réserve. C’est ainsi que les unités provenant des écoles constitueront 4 divisions d’infanterie.
– Généralisation de la « dérivation » avec extension jusqu’au niveau division. Le corps d’active est l’organe mobilisateur du corps dérivé. En outre, le personnel de celui-ci provient de celui-là, tant pour le noyau actif que pour les réservistes qui y ont servi et qui se sont retirés à moins de 200 km. Le régiment d’active est par ailleurs responsable de l’entraînement et de la mise en condition opérationnelle alors que les cadres de réserve participent à la préparation de la mise sur pied et à l’entraînement collectif.
Le plan de mobilisation se caractérise également :
– dans le domaine des effectifs, par un allégement portant en priorité sur les formations territoriales de l’infrastructure, par une augmentation du taux d’encadrement et du volume des noyaux actifs et par une meilleure répartition des charges entre les régions militaires.
– dans le domaine des équipements, par un recours plus restreint à la réquisition et par une meilleure adaptation des matériels aux missions.
Il doit donc permettre d’atteindre à une plus large disponibilité des forces mises sur pied en temps de guerre. Sa réalisation effective exigera environ deux ans mais son efficacité nécessitera un entraînement des unités. L’une des conséquences de son adoption concerne la gestion et la formation du personnel de réserve. La politique qui vient d’être définie en la matière vise à utiliser, pour la constitution des unités mobilisées, les personnels les plus qualifiés, à former l’encadrement nécessaire et assurer l’entraînement collectif en portant l’accent sur les formations destinées à faire partie des grandes unités.
En matière de gestion, les tendances sont les suivantes. L’Armée de terre conservera sur ses contrôles les 60 000 officiers de réserve qui y figurent actuellement. L’avancement sera accéléré pour certains d’entre eux afin de disposer de chefs de corps plus jeunes. Les 240 000 sous-officiers de réserve seront conservés en gestion. La personnalisation de celle-ci permettra de mieux adapter cette ressource aux 52 500 postes à pourvoir. Pour les hommes du rang, on cherchera à disposer des plus jeunes et des plus entraînés. La majorité sera affectée mais pour une durée plus brève.
L’instruction collective portera en priorité sur les cadres des états-majors des grandes unités mobilisées et de leurs régiments. Un exercice de mise sur pied de celles-ci sera programmé tous les cinq ans. L’instruction collective comprendra des stages de recyclage des cadres dans les unités d’activer dérivantes et des convocations verticales de durée réduite.
La convocation de la 115e Division d’infanterie (division dérivée) en 1978 permettra notamment de mettre au point des mécanismes adaptés au système de dérivation.
Information : une accentuation des efforts
Les conditions prévisibles d’engagement puis de déroulement d’un combat futur ainsi que l’évolution des mentalités impliquent, pour atteindre à la meilleure efficacité dans l’action collective, que l’adhésion de chacun soit obtenue dès le temps de paix. Réaliser une communication de qualité entre tous les échelons hiérarchiques, des plus hautes aux plus modestes, en constitue l’un des fondements. C’est la raison pour laquelle le haut commandement de l’Armée de terre s’est activement engagé depuis quelques années dans l’amélioration de l’information. Son action s’effectue dans trois directions :
– sensibiliser la totalité des cadres aux phénomènes de la communication.
– renforcer les structures réglementaires pour obtenir une meilleure circulation et une meilleure adaptation de l’information.
– faciliter l’action des responsables en leur fournissant des aides concrètes.
À ce dernier titre, un film est en cours de mise en place. Intitulé « Informer, s’informer pour commander », il vise à sensibiliser les officiers et sous-officiers mais aussi à leur donner un outil de travail en matière de formation au commandement.
L’EMCTA : une nouvelle école
Former des officiers masculins et féminins pour les corps techniques et administratifs de l’armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, telle est la mission confiée à l’École militaire du corps technique et administratif (EMCTA) mise en place en août 1977 à Coëtquidan, auprès de l’ESM (École spéciale militaire) et de l’EMIA (École militaire interarmes). Le recrutement s’effectue par concours, soit au profit de titulaires d’un Deug ou équivalent (concours direct), soit au profit de sous-officiers de carrière ou sous contrat, aspirants et ORSA du niveau baccalauréat (concours semi-direct), soit sur titres, dans la limite de 10 % du recrutement total.
La première promotion, forte de 53 élèves, comprend huit femmes.
L’enseignement couvre les domaines suivants : commandement, mission d’instructeur et d’éducateur, combat, formation technique, administrative et logistique. Cette formation sera complétée durant une seconde année qui se déroulera en école d’application ou de spécialisation.
La place de la femme dans l’Armée de terre
La politique de féminisation de l’Armée de terre a fait l’objet d’une présentation dans la chronique du mois de juin 1977. Mais il semble que les transformations auxquelles elle conduit n’aient pas toujours été perçues à leur juste mesure par les cadres, tant masculins que féminins. Pour cerner davantage encore les besoins et approfondir les moyens les mieux adaptés pour y répondre, le général Chef d’état-major de l’Armée de terre a décidé d’organiser un colloque Saria (1) qui sera mené par une association civile ayant une parfaite maîtrise des techniques modernes d’animation de groupe.
Ce colloque aura en particulier pour objectif de définir les actions à entreprendre pour faire prendre aux cadres féminins une conscience claire des devoirs et des droits attachés à leur situation nouvelle et pour faire comprendre à l’ensemble des cadres masculins le rôle dévolu au personnel féminin. Intitulé « La place de la femme dans l’Armée de terre », le séminaire devrait également permettre de mieux faire connaître à la nation comment l’armée de terre répond aussi, dans ce domaine, aux aspirations de son temps. ♦
(1) Saria : Session d’accueil, de réflexion, d’incitation et d’aide. Il s’agit là d’une forme de recherche de groupe qui a déjà été expérimentée à diverses reprises dans l’Armée de terre et dont le principe repose sur l’étude de cas mettant en lumière les raisons de la réussite de certains éléments au sein d’une institution donnée.