Institutions internationales - Un « Sommet » européen positif - Difficultés pour la Politique agricole commune (PAC) - Élargissement de l'Otan
L’enlèvement de M. Aldo Moro aurait pu être le thème d’une tragédie classique : la raison d’État et les raisons du cœur se sont avérées inconciliables. Il a été l’illustration du caractère irréversible que prennent certains antagonismes dans un monde malade des excès de la passion idéologique. Il est vrai que notre temps est caractérisé par la conjonction du « fait nucléaire » et du « fait idéologique ». La limitation de certains conflits s’explique par le recul devant les conséquences du recours aux armes nucléaires, les guerres révolutionnaires peuvent être considérées comme une alternative à la guerre menée avec les engins les plus modernes.
Le terrorisme, qui s’insère directement dans la guerre révolutionnaire, se dresse contre l’État en utilisant des moyens auxquels celui-ci ne peut pas recourir ; il veut désorganiser les services de cet État en en montrant l’impuissance : il veut creuser un fossé entre l’État et la population, en prouvant à celle-ci que le premier n’est pas capable de la protéger. Aussi bien aucun pays n’est-il assuré d’être protégé, parce que les terroristes se réfèrent à une idéologie internationaliste, et parce qu’ils se rient des frontières. Mais si aucun État ne peut se prétendre à l’abri de cette forme de guerre, aucun d’eux ne peut davantage faire appel à des organisations internationales, hormis celles qui, d’ailleurs limitées quant au nombre de leurs adhérents, se préoccupent de coopération policière ou judiciaire. L’État est seul face à ceux qui veulent le détruire : la supranationalité de la riposte est impensable, mais les moyens nationaux restent insuffisants, telle est l’une des grandes leçons que l’on peut tirer de la recrudescence du terrorisme.
Un « sommet » européen positif
Peut-être le premier ministre belge, M. Tindemans, s’est-il montré trop optimiste en parlant à Copenhague le 9 avril, à l’issue de la réunion du Conseil européen, d’un nouveau « grand départ pour l’Europe ». Il n’empêche que, comparé aux rencontres précédentes, ce « sommet » des Neuf est apparu plus constructif. Pour la première fois depuis longtemps, il a été question de reprendre, sous une forme et avec un contenu qui restent, il est vrai, presque entièrement à préciser, sinon le projet avorté d’« union monétaire et économique », du moins une coopération plus étroite dans ces domaines, et notamment dans celui des taux de change. Les dernières initiatives du président Carter n’ont fait qu’ajouter aux inquiétudes que la politique américaine suscite dans les principales capitales d’Europe. Jusqu’à maintenant c’est presque toujours face à un danger, vague ou précis, venu de l’extérieur, que les pays du Vieux Continent ont pris conscience de leur communauté d’intérêt. En renonçant à la bombe à neutrons, le président Carter a provoqué une véritable consternation dans plusieurs capitales européennes, où l’on se demande jusqu’où iront les concessions du président des États-Unis à l’URSS. La demande formulée par Washington de renégocier les termes de l’accord conclu avec la Communauté économique européenne (CEE) pour la fourniture d’uranium enrichi a ravivé une querelle déjà ancienne, la France ayant d’ailleurs fait savoir qu’elle ne se plierait pas aux exigences des Américains. Il semble que l’on cherche, du côté européen, à organiser une riposte à la politique de M. Carter. C’est aussi le cas pour la monnaie et l’économie, qui seront les grands sujets à l’ordre du jour de la conférence des Sept (États-Unis, France, RFA, Grande-Bretagne, Japon, Italie et Canada) qui doit se tenir à la mi-juillet à Bonn. D’un côté les Neuf se sont fixés un programme que le chancelier Schmidt a qualifié d’« ambitieux » en matière de croissance. D’un autre côté, il a été convenu qu’on continuerait d’examiner, lors du prochain Conseil européen, qui se réunira au début de juillet à Brème, « la nécessité d’une stabilisation monétaire accrue, tant à l’intérieur de la Communauté qu’à l’échelle mondiale ». Le retour à l’équilibre des balances des paiements britannique, italienne et sans doute bientôt française, crée des conditions plus favorables pour la stabilisation des taux de change en Europe. Mais rien de durable ne pourra être accompli si le dollar reste faible.
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