Institutions internationales - Nouvelles difficultés monétaires pour l'Europe - Un « Comité des sages » pour l'élargissement de la Communauté européenne - Tension commerciale Europe–États-Unis
Le traité de paix israélo-égyptien sera-t-il signé le jour anniversaire de la visite de M. Sadate à Jérusalem, comme certains le souhaiteraient pour associer spectaculairement les deux événements ? Toujours est-il qu’à certains égards, et bien que toutes les difficultés n’aient pas été surmontées, plusieurs pays réagissent comme si la paix entre Jérusalem et Le Caire était déjà devenue un facteur nouveau du problème du Proche-Orient. L’attribution du Prix Nobel de la Paix à MM. Sadate et Begin a donné aux négociations de Camp David une signification particulière. Mais elle a en même temps exacerbé certaines tensions au sein du monde arabe.
Ceux qui voient dans M. Sadate un « traître » et dans son comportement une « capitulation » ont pris la haute distinction qu’il partage avec l’« ennemi sioniste » comme un défi. Le fait de couronner M. Begin pour ses « efforts courageux » au moment même où il annonçait l’extension des implantations juives en Cisjordanie en dépit des prises de position de l’ONU et des recommandations américaines, ne pouvait qu’exaspérer les Palestiniens. À cet égard, l’automne 1978 restera comme une période décisive dans l’histoire du conflit du Proche-Orient. Mais cet automne sera également enregistré par les historiens pour d’autres événements. L’élection d’un Pape venu de l’Est pose des problèmes moraux et politiques qui ne tarderont sans doute pas à apparaître. La signature du traité de paix entre la Chine et le Japon (qui est une défaite diplomatique pour l’Union soviétique) ouvre une nouvelle ère pour l’Asie du Sud-Est et le monde du Pacifique (certains Américains parlent de ce Pacifique comme de « la Méditerranée de l’an 2000 »), à l’heure où, à Pékin, de nouveaux pas sont régulièrement franchis vers la « réappréciation » du rôle de Mao Tsé-Toung dans l’histoire politique récente de la Chine. Cet automne 1978 restera aussi inscrit dans l’histoire par la nouvelle crise qui a affecté le dollar, et qui, par conséquent, a remis en lumière les conséquences de la confusion monnaie nationale – monnaie internationale, et a rendu beaucoup plus difficile la mise en place du Système monétaire européen (SME).
Nouvelles difficultés monétaires pour l’Europe
Le 6 octobre, M. Roy Jenkins, président de la Commission des communautés européennes, déclarait : « La Communauté a atteint un stade de son développement où son avenir pourrait dépasser les espérances de ses fondateurs ou être sérieusement compromis ». Il estimait que tout dépendrait de la manière dont la Communauté ferait face à trois problèmes : l’élection de l’Assemblée parlementaire (à tort présentée comme « Parlement ») au Suffrage universel direct (SUD), l’élargissement et la création d’une zone de stabilité monétaire. Or, le fort recul du dollar – même s’il a connu par la suite un redressement spectaculaire – a posé avec une acuité accrue la question de ses relations avec le futur système européen, qui risque de jouer le rôle d’un pôle d’attraction sur les marchés financiers. Cette dégradation de la monnaie américaine rend plus difficiles les négociations en vue de la mise en place de ce système. Elle renforce en effet la position de ceux qui, en Allemagne fédérale (RFA) ou aux Pays-Bas, aussi bien qu’en Grande-Bretagne et en Italie, mais pour des raisons évidemment inverses, ont manifesté d’emblée des réticences à l’égard du projet. Ceux qui espèrent que le système sera quand même créé font valoir, d’une part que les errements du dollar, s’ils rendent la mise en place du SME plus difficile, illustrent plus que jamais la nécessité de faire quelque chose pour établir une zone de stabilité monétaire en Europe. Ils soulignent d’autre part que l’affaire n’est pas uniquement technique, mais aussi politique. Le chancelier Schmidt et le président Giscard d’Estaing peuvent-ils, après s’être tellement engagés – et encore récemment – renoncer et reconnaître que les Européens sont totalement et irrémédiablement dépendants du dollar ? En fait le système européen aurait besoin pour ses premiers pas, et a fortiori pour sa phase d’élaboration, d’une période de calme relatif sur les marchés des changes.
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