Outre-mer - Rhodésie : le jeu serré de deux renards - La coopération militaire française en Afrique : un facteur d'équilibre
La fin de l’année 1978 aurait dû être une date importante pour la Namibie et la Rhodésie, puisque ces deux territoires devaient accéder, à cette date, à une indépendance sanctionnée par des élections au suffrage universel. En ce qui concerne la première, on sait que Pretoria a rejeté le plan de surveillance et d’assistance militaire présenté par le secrétaire général de l’ONU et que des élections se dérouleront bien avant la fin de l’année mais sans contrôle international. Cette position dure a été atténuée, le 19 octobre 1978, par l’annonce faite par M. Botha, le nouveau Premier ministre sud-africain, que son gouvernement acceptait l’organisation d’élections sous contrôle de l’ONU entre mars et juin 1979, sans renoncer pour autant à désigner, le 4 décembre, une assemblée que M. Mudge, le leader de l’Alliance démocratique de la Turnhalle (DTA), espère voir dotée de pouvoirs constituants. La décision sud-africaine, prise après consultation des cinq pays occidentaux membres du Conseil de sécurité, qui ont consenti à amender dans le sens exigé par Pretoria les recommandations de M. Waldheim sur l’organisation du scrutin, reste ambiguë car on ignore avec qui le Finlandais Maatti Ahtisaari, délégué de l’ONU, devra collaborer : un Gouvernement issu d’une assemblée constituante et vraisemblablement dirigé par M. Mudge ou l’administrateur sud-africain actuellement détenteur du pouvoir exécutif ?
Il est peu probable que la SWAPO (South-West Africa’s People Organization) donne son agrément à un compromis qui n’a d’autre raison d’être que d’éviter une nouvelle condamnation de l’Afrique du Sud par l’Assemblée générale de l’ONU, condamnation qui serait sans doute assortie de sanctions économiques. Le groupe africain de l’ONU s’est déjà déclaré opposé à une interprétation limitative des propositions de M. Waldheim. Il est possible, à la suite du rapprochement de l’Angola et du Zaïre, de la reprise progressive des relations diplomatiques du régime de M. Neto avec le monde occidental, de la nécessité de sortir du marasme économique où se trouve plongé le pays depuis son indépendance, que Luanda, qui a libéré les prisonniers de guerre sud-africains, soit amené à modérer les prétentions du mouvement dirigé par M. Nujoma.
En Rhodésie, comme on le sait, le problème se présente de manière différente puisque les guérilleros, qui s’opposent au régime multiracial mis en place par M. Ian Smith, comprennent deux mouvements distincts, la ZAPU (Zimbabwe African People’s Union) de M. Nkomo, basée en Zambie, et une fraction de la ZANU (Zimbabwe African National Union), dirigée par M. Mugabe et installée au Mozambique. Les militants modérés de ce dernier mouvement, sous la direction de M. Sithole, appuient le Gouvernement intérimaire de Salisbury. Des rivalités personnelles, ethniques et doctrinales séparent donc les deux branches du « Front patriotique » qui fut constitué dans le seul but d’être reconnu par l’OUA (Organisation de l’unité africaine) comme mouvement de libération unique du Zimbabwe. De même qu’en Namibie une SWAPO légale se livre à des activités politiques non-violentes au moins dans la capitale, Salisbury a autorisé la ZANU à tenir des réunions sur le territoire national. Jusqu’en septembre 1978, M. Smith s’est efforcé d’attirer dans son camp M. Nkomo. L’armée rhodésienne, commandée par le général Peter Walls, a continué à s’attaquer exclusivement aux bases de la ZANU et s’est même heurtée en septembre aux forces du Mozambique, sans grande réaction internationale, il faut le reconnaître. Le chef Chirau, dirigeant de la ZUPO (Zimbabwe United People’s Organisation) et membre du Gouvernement intérimaire, a rencontré secrètement à Londres le président de la ZAPU.
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