Défense à travers la presse
Pour surprenant que cela puisse paraître, le voyage à Washington de M. Deng Xiaoping n’a pas donné lieu à des analyses stratégiques de la nouvelle situation ainsi créée en Asie. Manifestement nos confrères considèrent que, pour éclatant qu’il soit, ce rapprochement sino-américain n’a guère de chances d’avoir dans l’immédiat des effets militaires en dépit des propos peu mesurés tenus par le vice-Premier ministre chinois au magazine Time du 29 janvier 1979 en faveur d’une coalition antisoviétique.
Beaucoup plus intriguant semble le blocage des SALT II (Négociations sur la limitation des armes stratégiques), et les éditorialistes reviennent à maintes reprises sur ce sujet, souvent avec les redites qu’il est bien impossible d’éviter. Mais un événement a donné à cette question un éclairage nouveau : le sommet de la Guadeloupe de janvier 1979.
Foreign Affairs, dans sa dernière livraison, établit un bilan détaillé des SALT II mais d’un point de vue strictement américain. Or, l’attention se porte de plus en plus sur cette « zone grise », située entre les sanctuaires américain et soviétique et qu’occupe principalement l’Europe. Les armes stratégiques déployées dans cette zone seraient, à ce que l’on sait, prises en compte par les futures négociations, les SALT III. Une perspective qui inquiète le général Georges Buis qui s’en explique dans Le Nouvel Économiste du 15 janvier : « C’est sur ce point que le bât blesse. Les Américains auraient en effet accédé à une demande soviétique réitérée depuis six ans : prendre en considération dans les conversations SALT les forces nucléaires stratégiques britanniques ainsi que les françaises. Pourquoi les Européens iraient-ils souscrire à une déclaration qui les engage aussi dangereusement ?… Les « Otaniens » de la zone grise, qui risquent d’être frappés par les missiles SS-20 sans pouvoir répondre eux-mêmes et sans l’assurance d’une réponse américaine automatique, n’ont pas d’autre choix que de pousser M. Carter à faire entrer ces armes dans les conversations SALT III, en dépit de la contrepartie : les engins européens de même portée y entreraient aussi. Mais le problème est tout différent pour la France, que sa capacité de frappe nucléaire contre le sol soviétique a érigée en sanctuaire dissuasif. La dissuasion rendant solitaire, Paris ne peut participer à des négociations où sa simple présence affaiblirait la crédibilité de sa détermination, donc sa stratégie ».
Il reste 80 % de l'article à lire