Défense à travers la presse
Pour circonscrit qu’il soit, il arrive qu’un événement avive des craintes irréfléchies ou tout au moins sans réelles justifications. On a encore pu s’en rendre compte à l’occasion des opérations militaires conduites par la Chine en territoire vietnamien. Nombre de journaux n’ont pas hésité à jouer avec les nerfs de leurs lecteurs : « Le troisième conflit mondial a-t-il déjà commencé ? » titrait Le Nouvel Observateur qui, au demeurant, ne fut pas le seul à grossir aussi exagérément les conséquences de ce qui se déroulait à la frontière sino-vietnamienne.
Les arguments étaient de deux sortes : d’une part la Chine se sentait encerclée, d’autre part son expédition dans les provinces septentrionales du Vietnam devait inéluctablement faire jouer le pacte d’amitié signé entre Hanoï et Moscou au mois de novembre précédent. On omettait simplement de souligner que si le Vietnam avait effectivement rejoint le COMECON (Conseil d'assistance économique mutuelle), il n’appartenait en rien au Pacte de Varsovie qui engage automatiquement ses signataires en cas d’agression contre l’un d’entre eux.
Examinant la situation géographique et diplomatique de la Chine, Georges Gorse, dans Le Monde du 25 février doutait qu’elle puisse réellement se sentir encerclée : « Ce n’est pas évident. Qui encercle qui ? Sur la carte du monde on peut tracer tous les cercles que l’on veut mais, comme le disait Malraux pour la politique française, le centre n’est nulle part. Les Russes n’auraient-ils pas le droit à leur tour de se juger encerclés ? D’un côté la Chine dont tout montre qu’on l’aidera à s’armer, le Japon qui a signé un traité avec la Chine, l’Amérique au loin. De l’autre l’Europe dont on a tout lieu de penser que l’intégration voulue par certains s’étendra au domaine militaire… ».
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