Outre-mer - Le problème du Sahara occidental et les relations maghrébines après Boumediene - Tchad : un pays disloqué, un pouvoir convoité, un État en déshérence
Le problème du Sahara occidental comporte actuellement 3 volets : l’action militaire et diplomatique du Front Polisario (Front populaire de libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro), le dialogue du gouvernement mauritanien avec les dirigeants sahraouis, les relations des 3 pays voisins de l’ancienne possession espagnole, relations sur lesquelles l’évolution de la situation intérieure de chacun d’eux et celle de la politique mondiale peuvent avoir une influence. Ces 3 aspects du même problème sont évidemment complémentaires : une solution ne peut être trouvée ni sur le terrain, ni par les alliances contractées par le Polisario, ni par un accord des Sahraoui avec une seule des parties concernées, ni par une amélioration des relations entre les pays limitrophes, mais par une évolution simultanée de chaque volet qui ne saurait être obtenue sans intervention extérieure, à un niveau encore indéterminé et sous une forme de nature à satisfaire à la fois le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie sans oublier le Polisario dont on a trop tendance à croire qu’il agit comme une simple émanation de la politique algérienne.
Le mouvement de libération du peuple sahraoui, qui a constitué un gouvernement difficile à localiser, reçoit une aide matérielle et diplomatique de l’Algérie, mais dans les circonstances actuelles, on ne peut affirmer qu’à défaut de ce soutien il cesserait d’exister. Il est même possible qu’avec l’appui d’autres pays ou d’organisations musulmanes, la complicité des tribus sahariennes et des tendances algériennes les plus radicales, il soit en mesure de contraindre Alger à conserver une ligne politique qui lui soit favorable. Pour l’heure, depuis juillet 1978, époque où il a décidé de ne plus intervenir en territoire mauritanien après la chute du président Moktar ould Dada, décision qui fut reconduite en octobre lors du Congrès du mouvement, le Polisario concentre ses moyens militaires sur le Maroc. Des raids relativement nombreux et meurtriers ont atteint l’armée marocaine dans le sud du royaume chérifien : les sabotages des installations économiques du secteur de l’ancienne possession espagnole contrôlé par le Maroc n’ont pas cessé. En septembre les Sahraoui ont opéré avec succès dans la province de Goulimine, en janvier 1979 à Lem Sail, au nord-est d’El Aïoun au Sahara occidental, et à Tan-Tan, chef-lieu de la province la plus méridionale du Maroc et base aérienne importante. Les dirigeants sahraouis, en particulier M. Brahim Ghali, responsable des opérations, visent d’une part à obliger l’armée marocaine à accroître ses moyens de défense à un moment où la situation économique du royaume est défavorable, d’autre part à montrer aux Mauritaniens que la protection que le roi du Maroc leur propose est illusoire non seulement parce qu’elle n’a pas réussi à assurer la sécurité en Mauritanie même, mais aussi parce que l’armée marocaine sera de plus en plus obligée de se replier sur son territoire menacé.
Sur le plan diplomatique, domaine de M. Hakim Brahim, le Polisario cherche, bien entendu, à se faire reconnaître par le plus grand nombre de pays ou, du moins, à obtenir d’eux une neutralité bienveillante qui a contrario prive le Maroc de ses appuis internationaux. L’Algérie, à la rigueur, serait capable d’accepter un compromis sur le Sahara occidental, obtenu par la médiation d’un ou de plusieurs États neutres : les Sahraouis ne veulent à aucun prix d’une solution de compromis parce qu’elle ne consacrerait pas leur indépendance. C’est pourquoi, d’ailleurs, les gouvernements du monde occidental aussi bien que ceux des pays socialistes ou arabes hésitent tant à reconnaître l’existence d’un gouvernement du Sahara. Jusqu’à présent seuls 17 pays, dont 13 africains, ont admis l’existence légale de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Le dernier en date fut la Tanzanie qui, en tant que membre du Comité de l’OUA (Organisation de l’union africaine), était chargé de préparer la réunion au Sommet sur la crise déclenchée par la partition de ce territoire. La nouvelle altitude tanzanienne a surpris, d’autant plus que le président soudanais, le général Nemeiri, président en exercice de l’OUA, avait choisi les pays membres de ce Comité en fonction de leur neutralité sur le problème à résoudre : la Tanzanie a donc dû quitter cette instance qui ne comprend plus que le Soudan, le Nigeria, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Mali et dont les travaux ne sont pas près de s’achever, bien que la réunion d’un « sommet » spécial de l’OUA ait été recommandée par l’organisation africaine depuis 1976,
Il reste 82 % de l'article à lire
Plan de l'article