Afrique - Après discussions pour le renouvellement de la Convention de Lomé - L'effondrement de la dictature ougandaise et l'équilibre de l'Afrique orientale
En matière de développement il y a sans doute plus de tâches que d’outils mais aussi plus d’erreurs que de sagacité. En Afrique le constat est aisé à dresser : combien d’idéologies contraires n’ont-elles pas entravé les échanges à moins qu’elles ne les aient suscités de manière désordonnée au détriment de tel ou tel pays et de sa population ! Le Mozambique et le Gabon sont deux exemples significatifs de ces attitudes extrêmes. Dans le meilleur des cas il arrivait bien souvent que l’aide sollicitée ne fût pas appropriée aux besoins réels, ayant alors pour conséquence d’essouffler l’économie au lieu de la stimuler. La coopération bilatérale, en dépit de toutes les suspicions dont on la chargeait, a souvent bien mieux servi les intérêts des pays bénéficiaires que l’assistance internationale : une meilleure connaissance réciproque favorisait l’élaboration des dossiers et le choix des priorités. Très tôt cependant apparut la nécessité de mieux coordonner les échanges entre pays industrialisés et pays en voie de développement. Certes, il y avait déjà pour cela les organismes spécialisés de l’Onu, mais la création de communautés européennes allait ouvrir la voie à une coopération interrégionale, celle qui porte actuellement le nom de convention de Lomé et qui, à l’origine, a été signée à Yaoundé. Dans les semaines qui viennent cette convention doit être renouvelée avec des adaptations qui font l’objet d’âpres discussions depuis le mois de juillet dernier.
Le Traité de Rome instituant la CEE et signé en mars 1957 prévoyait, dans son titre IV, cette association avec des pays d’outre-mer. Dès cette époque la durée des accords était fixée à 5 ans. C’est ainsi que le 20 juillet 1963 était signée la première convention du genre : celle de Yaoundé 1 renouvelée le 29 juillet 1969 (Yaoundé II). À l’époque, 18 pays africains et malgache sont liés de la sorte à la Communauté européenne en tant que telle. Ces pays sont tous francophones ; il faudra attendre l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun pour que certains États du Commonwealth demandent à leur tour à bénéficier des dispositions de la convention de Yaoundé. Ce sera chose faite avec la convention de Lomé, du 28 février 1975, celle-là même qui fait l’objet d’une renégociation mais qui associe aux « Neuf » du Vieux continent 57 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique : les ACP. Les détracteurs de cette entreprise originale lui font grief d’un certain néocolonialisme. On verra qu’en réalité les pays associés à la CEE émettent des revendications ou des reproches beaucoup plus positifs et sans coloration idéologique.
Ces accords d’association constituent probablement les seuls jalons efficacement fichés sur la voie d’un nouvel ordre économique international. Quelles en sont les dispositions essentielles ? La Communauté européenne ouvre son marché à tous les produits industriels et à 96 % des productions agricoles exportées par les ACP, et cela sans quota ni réciprocité. La Convention de Lomé stipule qu’une aide d’un montant total de 4 milliards de dollars sera fournie à ses associés au cours des 5 années correspondant à la durée de l’accord. Mais le trait le plus marquant est certainement le Stabex (Système de stabilisation des recettes d'exportation), garantissant la stabilité des recettes d’exportation d’un certain nombre de produits de base : huile d’arachide, café, bois, peaux, etc. Le mécanisme du Stabex vise donc à dédommager les pays ACP en cas de fléchissement du cours des produits répertoriés d’un commun accord, un catalogue dans lequel les ACP souhaiteraient inscrire à l’avenir toutes leurs productions.
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