Institutions internationales - La crise de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) - La crise institutionnelle de l'Europe - La modernisation des forces nucléaires de l'Otan
La fin d’une décennie offre toujours le prétexte à une rétrospective. Au cours des 10 dernières années, la carte du monde s’est modifiée. Depuis qu’en février 1972 Nixon et Mao se sont rencontrés à Pékin, la Chine a fait son entrée sur la scène du monde, malgré l’URSS : c’est sans doute l’événement international qui aura les plus grandes conséquences pour les 10 années qui viennent. Dès maintenant, les accords de la Chine avec les États-Unis et le Japon ont modifié le jeu international.
De plus en plus, on s’apercevra que le centre de gravité du monde se situe quelque part dans le nord du Pacifique, à égale distance des États-Unis, de l’Union soviétique et du gigantesque complexe Chine-Japon. Plus près de nous, d’autres événements se sont inscrits dans l’histoire. En avril 1975, les Américains durent abandonner Saïgon. Le 20 novembre 1976, la mort du général Franco, après un règne de 36 ans, marqua la fin d’un régime et ouvrit de nouveaux horizons à l’Espagne. Le 19 novembre 1977, Anouar el-Sadate se rendit en Israël pour y rencontrer Menahem Begin, et cette démarche évoqua le geste de Robert Schuman qui, le 10 mai 1950, proposa à l’Allemagne une formule de coopération économique susceptible de prolongements dans le domaine politique. Le 9 mai 1978, Aldo Moro fut assassiné, quelques mois après le leader du patronat allemand, Hans Martin Schlcyer. Aujourd’hui, près de 40 000 Cubains participent, avec un encadrement soviétique, à des opérations militaires en Afrique. Depuis un an, un octogénaire, l’ayatollah Ruhollah Khomeiny, tient l’avenir de l’Iran entre ses mains, lance un défi total aux États-Unis et à l’Occident, et annonce « la guerre de l’Islam contre le blasphème ». Dans les derniers jours de décembre 1979, l’intervention soviétique en Afghanistan a gravement affecté l’équilibre déjà précaire des forces dans cette région vitale pour les Occidentaux : les maîtres des nids d’aigle afghans tiennent les routes vers le Pakistan et vers les grandes plaines hindoues, et Kaboul n’est qu’à 700 kilomètres du détroit d’Ormuz.
Ces événements se sont inscrits dans une situation générale dominée par un bouleversement total des conditions de l’approvisionnement énergétique des pays occidentaux, et au-delà de l’économie des nations industrialisées, ce sont les conditions de leur stabilité politique qui se trouvent mises en cause par cette hausse considérable du coût du pétrole, cependant que l’opposition de l’Islam à l’Occident – l’un et l’autre entités morales et politiques – recèle des risques de conflits dont nul ne peut prédire les développements qu’ils pourraient prendre. La coexistence pacifique ne survit que par le jeu du vocabulaire. Aussi bien l’année 1980 s’ouvre-t-elle sous le signe de l’inquiétude.
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