Défense à travers la presse
Les ruines de la détente… la paix malade des petites guerres… la peur : ce sont là quelques-uns des titres par lesquels nos confrères attiraient l’attention de leurs lecteurs sur la situation internationale en ce mois de mai frileux dont les vignerons de Bourgogne affirment qu’il « fait ou défait ».
L’avenir est peut-être aussi incertain que les prochaines vendanges, d’où cette peur dont les manifestations indisposent André Glucksmann (dans Le Monde du 13 mai 1980) mais que Jacques Cagliari cherche à expliquer dans Le Quotidien de Paris (8 mai) : « Nous sommes en présence de trois phénomènes qui, mêlés, constituent un mélange hallucinatoire. Le premier, c’est la découverte par les dirigeants américains de leur impuissance à empêcher les Soviétiques de mener une politique de force chaque fois que la situation préalablement minée le permet… Le second phénomène, permanent celui-ci mais qui nous désoriente trop souvent encore, est la guerre des propagandes qui s’étend à la planète entière, exploite tous les incidents, tous les déséquilibres, et où les Soviétiques jouissent d’une supériorité certaine pour deux raisons : le chauvinisme russe est imperméable au doute ; l’irresponsabilité des media occidentaux offre de larges possibilités d’action aux agents communistes. D’où le troisième phénomène, conjugaison des deux autres, la défaillance américaine et le déploiement sans vergogne de la force soviétique : la peur est devenue l’élément déterminant de la situation. Les Américains n’effraient plus personne, tout le monde, de la Chine à l’Europe en passant par les pays du Golfe Persique, redoute les Soviétiques. »
De son côté André Glucksmann (Le Monde) constate que l’Europe compte ses moutons et que, si « le mirage de la détente s’estompe », celle-ci fut pour les Européens « un moment de bien-être à l’écart des tempêtes mondiales… Reste à choisir son maître à pile ou face dans un lent et silencieux suicide ». On voit que les nouveaux philosophes n’ont pas laissé à l’abandon la morbidité romantique. En revanche c’est à une froide analyse devant l’échiquier que nous convie le général Gallois dans Le Matin de Paris du 20 mai. Après avoir observé que les deux superpuissances sont protégées par leur mutuelle maîtrise des techniques les plus avancées, il constate que le nombre de zones d’insécurité augmente sans cesse entre ces deux pôles de stabilité :
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