• La revue Projets, dans son numéro de mai, publie un article que l’on peut rapprocher des conclusions du débat sur les nouvelles armes économiques, telles qu’elles ont paru dans le numéro de mars de la revue Défense Nationale.

Dans cet article, M. Pierre Chalmin, maître-assistant au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), étudie « l’arme alimentaire » : l’embargo américain du 4 janvier 1980. Pour lui, cet embargo pose la question de la « crédibilité de la notion d’arme alimentaire ». L’enjeu est d’importance, car si l’URSS (Union soviétique) se retire d’Afghanistan, « on pourra implicitement en déduire que l’arme alimentaire est, au moins temporairement, le principal atout des pays occidentaux ». Il analyse ensuite les mécanismes et les effets de cet embargo, ces derniers étant de toute façon limités dans le temps au début de l’été 1980, moment où la prochaine récolte soviétique commencera à arriver, avec une période difficile de mars à août. Du côté américain, l’opération a été réussie dans la mesure où le marché n’a pas été bouleversé, grâce à de nouveaux acheteurs, mais elle a été coûteuse et son efficacité s’est trouvée limitée par l’attitude des Sud-Américains. Les Soviétiques ont réagi en diversifiant leurs achats, en Argentine et en Asie, mais il leur restera un déficit important dans le domaine de la nourriture animale. L’auteur en conclut que les mécanismes ont remarquablement fonctionné, et pourtant l’Union soviétique n’est pas à genoux. L’effet de surprise n’a pas suffi et les Soviétiques vont maintenant modifier la structure de leurs importations et améliorer leur agriculture. À moins d’une récolte soviétique en 1980/1981 qui soit exceptionnellement mauvaise, « l’arme alimentaire » – dans une conception militaire – a, à notre avis, montré son inefficacité. Par contre, dans le cadre du dialogue pays développés/pays en développement, l’arme alimentaire reste d’actualité, que ce soit du côté américain ou soviétique. Mais ceci est une autre histoire.

• La revue Politique internationale, dans son numéro 7 du printemps 1980, dans un article de Georges Sokoloff, responsable des enseignements sur l’économie de l’URSS à l’Université de Paris III, traite un sujet assez analogue sous le titre : « Exercices d’embargologie, du bon usage de l’arme économique ».