Faits et dires
* Jusqu’à présent on a dit que les armes nucléaires ont constitué une force de dissuasion qui a empêché l’éclatement d’une guerre majeure, et c’est probablement vrai. Mais on peut en même temps se demander s’il en sera toujours ainsi. Les armes nucléaires, de quelque ordre de grandeur ou de quelque type qu’elles soient, se perfectionnent chaque année davantage et elles s’ajoutent à l’arsenal d’un nombre croissant de pays. Comment pourra-t-on être sûr que l’usage d’armes nucléaires, même a des fins de défense nationale ou dans des conflits limités, n’entraînera pas une escalade inévitable, portant à une destruction que l’humanité ne pourra jamais ni envisager ni accepter ?
Jean-Paul II à l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour
l’éducation, la science et la culture), le 2 juin 1980
* Face à l’Union soviétique (URSS) qui maintient sa ligne, l’Occident s’est affaibli. Il s’est désorganisé dans ce sens qu’il n’y a plus eu de ligne d’action qui soit clairement comprise par ceux qui s’interrogent sur lui, en particulier le Tiers-Monde.
Président Giscard d’Estaing,
dans L’Express du 10 mai 1980
* La France est une des grandes puissances militaires indépendantes. Notre pays est respecté parce qu’on le sait capable d’assurer sa défense, fondée sur une armée disciplinée, organisée, entraînée, qui peut dissuader toute agression et agir comme on l’a vu où il le faut et quand il le faut.
Président Giscard d’Estaing,
à l’ENSOA (Saint-Maixent), le 8 mai 1980
* Si l’on souhaite apporter une réponse d’ensemble (à la crise internationale actuelle), il faudra que les grands responsables se rencontrent. Il y a à l’heure actuelle un calendrier international qui fait qu’une telle rencontre n’est pas possible avant 1981. Pour qu’elle soit utile, il ne faut pas qu’elle soit monstrueuse. Il faut qu’elle réunisse ceux qui exercent des responsabilités essentielles dans la recherche de la paix et de la détente internationale.
Président Giscard d’Estaing à Sion,
à son retour de Varsovie, le 19 mai 1980
* Les atteintes qui ont été portées à la détente conduisent à s’interroger sur les perspectives que pourrait ouvrir la prochaine conférence de Madrid (en novembre sur l’application des accords d’Helsinki) si les gestes nécessaires pour rétablir un climat favorable n’étaient pas effectués.
Président Giscard d’Estaing,
Helsinki, le 2 juin.
* Le jour où il n’y aura plus de politique indépendante de la France, il n’y aura plus d’histoire de France. Il faudra fermer le livre. Ce n’est pas moi qui le fermerai.
Président Giscard d’Estaing,
à la télévision, le 23 mai 1980
* L’arme nucléaire tactique est liée à la stratégie de la dissuasion. Il n’y a pas de coupure entre l’arme nucléaire tactique et l’arme nucléaire stratégique. Notre volonté est celle de la semonce, de l’avertissement, pour être prêts à élever la bataille au seuil nucléaire stratégique si nos intérêts vitaux sont en jeu… La bombe à neutrons n’a pas les inconvénients sur le plan de la dissuasion que d’aucuns lui prêtent. Nous conduisons des études et nous n’avons pas décidé de nous en priver. C’est une décision qui sera prise par le chef de l’État en conseil de défense.
M. Yvon Bourges,
à France Inter le 7 mai 1980
Après l’UDF (Union pour la démocratie française) on a vu le RPR (Rassemblement pour la République) publier un document sur la politique de défense. On en retiendra les prises de positions suivantes : le RPR chiffre à neuf le nombre de SNLE (Sous-marin nucléaire lanceur d’engins) dont la France devrait disposer en 1992 ; le Pluton doit être remplacé par un missile d’une portée de 300 km ; accord de principe pour la mise au point de la bombe à neutrons mais « il faut savoir que ce système d’armes ne rentre pas dans le mécanisme de notre dissuasion ». De surcroît le RPR estime que la multiplication des armes tactiques pourrait entraîner une perte de crédibilité de notre dissuasion. Le RPR demande le renforcement de la Marine et une adaptation des forces classiques sur la base d’un volontariat pour les forces techniciennes et de la conscription avec un service de 4 mois. Enfin le RPR souhaite un effort de défense civile, car cela renforcerait à ses yeux la crédibilité de la dissuasion.
* L’Union soviétique a lancé au monde le défi stratégique le plus important à long terme depuis le début de la guerre froide. Sous-estimer l’importance de ce défi serait une erreur historique.
Président Carter à Philadelphie, le 9 mai 1980
* Les pays du Pacte de Varsovie ont lancé le 16 mai 1980 un appel pour la convocation « d’une réunion dans les plus brefs délais, au niveau le plus élevé ; des dirigeants des pays de toutes les régions du monde » pour liquider les foyers de tension. Ils demandent en outre « la conclusion d’un traité mondial sur le non-recours à la force ; la cessation de la production d’armes nucléaires et la réduction graduelle de leurs stocks jusqu’à liquidation totale, et l’interdiction de la mise au point de nouveaux types d’armes d’extermination massive. »
* Selon un article du journal Krasnaïa Zvezda (Étoile rouge), l’Union soviétique dote actuellement son armée de nouveaux équipements, parmi lesquels les ordinateurs de combat, pour répondre aux nouvelles armes chimiques mises au point en Occident (il est fait directement mention de la Grande-Bretagne). Les contingents soviétiques s’entraînent en outre pour mener le combat sous l’assaut d’armes chimiques et de gaz neurotoxiques.
Agence Reuter, le 30 mai 1980
* La Chine a expérimenté avec succès à deux reprises à la mi-mai un missile balistique intercontinental. Le tir a eu lieu sur une cible située dans le Pacifique sud. La portée de cet ICBM (missile balistique intercontinental) serait de 9 000 km.