L'Égypte et la Libye ont décidé, le 2 août 1972, de former un seul État ; la fusion devra être effective le 1er septembre 1973. À la différence des projets unitaires arabes antérieurs restés sans effet, l'union égypto-libyenne semble bien devoir se concrétiser comme le prouvent certaines décisions de principe déjà prises, telles le choix du Caire comme capitale du nouvel État, et l'élection au suffrage universel de son futur président. De plus, la solidarité des deux chefs d'État s'est affirmée depuis quelques mois. Est-il vain de se demander si c'est l'Égypte qui s'amarre ainsi au vaisseau libyen ou l'inverse ? Et qu'adviendra-t-il de l'amarrage syrien inscrit dans l'Union des Républiques arabes ? Telles sont quelques-unes des questions évoquées ici par l'auteur, spécialiste renommé et attentif des problèmes arabes et musulmans.
Vers une nouvelle République arabe unie (RAU)
L’événement de 1973 dans le monde arabe, ce devrait être, à l’automne, la création d’une nouvelle République Arabe Unie. La décision d’une fusion entre Égypte et Libye a en effet été prise, le 2 août 1972, par les deux chefs d’État. Elle doit, après soigneuse préparation technique et approbation du plan d’union par les deux peuples, recevoir effet au plus tard le 1er septembre 1973.
Cependant, nombreux sont encore les observateurs du monde arabe et les analystes de la politique internationale qui doutent de la réalisation effective de ce plan. La Déclaration de Benghazi, par laquelle le président Anouar as Sadat et le colonel Maammar al Gaddhafî ont fait connaître leur décision, a d’emblée suscité, dans l’opinion internationale, beaucoup de surprise, et plus encore de scepticisme. La première République Arabe Unie, constituée le 15 février 1958 par l’union de la Syrie et de l’Égypte, a été disloquée le 27 septembre 1961 à la suite de l’avènement à Damas, par voie de coup d’État, d’un gouvernement « séparatiste » (1) ; elle a laissé le souvenir d’un échec, dans l’opinion occidentale du moins, car en Syrie c’est l’anniversaire de la réunion, et non pas celui de la sécession, que l’on célèbre à l’heure actuelle. Une deuxième République Arabe Unie réunirait sans doute, au départ, certaines conditions de fait plus favorables ; mais elle ne bénéficierait pas du prestige unificateur d’un Gamal Abdel Nasser, et elle se trouverait en présence de problèmes beaucoup plus dramatiques et plus difficiles à résoudre que ce ne fut le cas voici une douzaine d’années. L’instabilité générale de l’Orient s’est d’ailleurs largement accrue durant ce laps de temps, et les manifestations unitaires arabes semblent, bien souvent, oratoires plutôt qu’efficaces.
Cependant, le délai de préparation de la fusion égypto-libyenne s’est déjà, pour plus de la moitié, écoulé. Le moment paraît donc venu d’examiner les perspectives de ce plan d’unification, en essayant de relever, le cas échéant, l’influence déjà exercée par cette décision unitaire sur certains aspects de la vie politique arabe.
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article