Institutions internationales - L'ONU hors des crises - La crise politique de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) - Le Fonds monétaire international (FMI) et le Tiers-Monde
Une crise chasse l’autre. Alors que la présence de l’Armée rouge en Afghanistan ne donnait plus lieu qu’à des reportages sur la résistance afghane et ne suscitait plus d’inquiétudes quant à ses répercussions internationales, l’attention se cristallisa sur la Pologne. Les grèves de la Baltique et de Silésie, le remplacement de M. Gierek par M. Kania à la tête de l’État, la création de « syndicats libres », les critiques de la Pravda à l’encontre de cette atteinte à l’un des dogmes essentiels du communisme, laissèrent craindre une intervention comparable à celle qui, en août 1968, mit fin au « printemps de Prague ». Si cette intervention paraît peu probable dans l’immédiat, elle ne peut pas être exclue du champ des possibilités.
Au même moment, en Turquie, l’Armée intervenait pour mettre fin à une anarchie qui mettait en danger non seulement l’avenir économique du pays, mais sa cohésion sociale et son rôle stratégique dans une région-clé déjà gravement atteinte par l’intervention soviétique en Afghanistan et par la révolution iranienne. Au même moment, la guerre éclatait entre l’Iran et l’Irak. Les causes en sont complexes : revendications territoriales, vieil antagonisme Arabes-Persans, inquiétudes de Bagdad devant les risques de contagion de la révolution iranienne dans les populations chiites, question kurde, contrôle du détroit d’Ormuz, etc. Quelques jours auparavant, le président malgache, M. Ratsiraka, avait proposé un projet de conférence au sommet sur le thème « océan Indien, zone de paix », dans lequel il voyait l’aboutissement diplomatique de la conférence que les Nations unies prévoient de réunir sur ce sujet au Sri-Lanka en 1981. Dans la mesure où elle concerne le détroit d’Ormuz et tous les États du Golfe, la guerre irano-irakienne rend ce projet à la fois plus « actuel » et irréaliste. La gravité de cette situation a relégué au second plan les changements intervenus en Chine (qui équivalent pourtant à une « seconde mort » de Mao), les campagnes électorales allemande et américaine, la rencontre entre Mme Thatcher et M. Giscard d’Estaing, la crise de l’acier, etc.
L’ONU hors des crises
Réunie en session extraordinaire, l’Assemblée générale de l’ONU a ajourné le 15 septembre ses travaux sur le dialogue Nord-Sud sans être parvenue à un résultat. Elle a adopté un texte sur la stratégie internationale pour la troisième décennie du développement, mais elle n’a pu que constater l’échec des négociations sur les procédures à suivre. Les pays industriels à économie de marché sont d’accord pour participer à des négociations globales et universelles qui permettraient d’ouvrir le dossier de l’énergie avec les pays en voie de développement au sein de l’ONU, forum de prédilection du Tiers-Monde. Mais, outre que ce cadre ne leur paraît pas idéal, ils émettent des réserves dès qu’il s’agit de passer au stade pratique : ils veulent sauvegarder l’autonomie de négociation des institutions spécialisées comme le FMI (Fonds monétaire international), la Banque mondiale ou le GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce). Par ailleurs, les pays du Tiers-Monde souhaiteraient amener les États industriels socialistes à participer à la négociation, mais ceux-ci se contentent de leur apporter leur appui moral. La relance du dialogue Nord-Sud dépendra de la situation économique internationale et de la stratégie à long terme de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) : le pétrole est en effet la principale arme dont dispose le Tiers-Monde pour obtenir l’accord des pays industrialisés dans des domaines comme l’aide, les transferts de technologie, la réforme du système monétaire, etc. La solidarité des pays pétroliers, notamment de ceux possédant des excédents financiers, est vitale pour les pays en voie de développement pour, à la fois, soutenir l’effort interne des plus démunis d’entre eux et continuer à exercer une pression sur le monde industrialisé. D’autres actions viendront peut-être prendre le relais, telle que, à l’initiative du Mexique et de l’Autriche, la réunion de sommets auxquels participeraient un certain nombre de chefs d’État du Nord et du Sud.
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