Défense à travers la presse
En intervenant devant les auditeurs de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le Premier ministre Raymond Barre a donné à certains commentateurs l’occasion de se livrer à leurs démons favoris : prendre la partie pour le tout, donner la priorité à un des éléments de l’analyse sur le fil logique de celle-ci. C’est ainsi que selon Le Matin de Paris (12 septembre 1980), « les propos de Raymond Barre ne manqueront pas d’alerter à nouveau ceux qui dénotent dans la politique française de sérieuses tendances atlantistes ». Et ce qui n’est encore ici qu’une simple indication devient dans L’Humanité du même jour un réel procès d’intention :
« M. Barre fait de nos armées un maillon de la défense européenne. Et comme personne n’ignore que l’Allemagne de l’Ouest ne fait pas mystère de ses revendications territoriales, on imagine dans quelle crise, pour la défense de quelles valeurs morales, les armées de notre pays peuvent être entraînées demain… L’européanisation des forces françaises, officialisée par M. Barre, inclut dès à présent le principe du conflit localisé, c’est-à-dire qu’elle s’inscrit dans la stratégie américaine dite de la riposte graduée… Notre indépendance est aliénée puisque notre défense n’est plus nationale ».
L’organe du parti communiste n’est pas seul à se montrer aussi critique : Ouest-France croit pouvoir informer ses lecteurs que « le concept de dissuasion graduée est donc confirmé » tandis que le journal L’Alsace souligne de son côté « qu’on abandonne un point essentiel de la doctrine gaulliste qui préconisait la dissuasion absolue ». En revanche, dans Le Figaro (12 septembre) Serge Maffert n’entrevoit pas de tels glissements dans la doctrine française :
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