Dans l'enjeu de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), des SALT 2 et des MBFR, la formidable puissance militaire de l'Union soviétique pèsera lourdement. S'aidant d'un rapport de l'amiral Moorer, président du Comité des Chefs d'état-major américains, notre chroniqueur militaire fait l'analyse de cette force qui, en dépit de son retard technologique sur celle des Américains, reste objectivement redoutable et appelle une constante vigilance de la part des Européens.
Une évaluation américaine de la menace militaire soviétique
L’idée d’une conférence sur la sécurité et la coopération en Europe et celle de négociations sur la réduction mutuelle et équilibrée des forces en Europe centrale ont soulevé de nombreuses questions quant à la finalité, les avantages et aussi les inconvénients de telles démarches.
La réduction des forces notamment — bien qu’elle ait trouvé son origine à l’Ouest — continue de susciter certaines craintes : celle d’une rupture d’équilibre d’abord, celle aussi que les négociations se ramènent en fait à un dialogue entre deux pays : les États-Unis et l’U.R.S.S. dont le poids militaire, politique et économique pèse très fort dans le système d’alliances en présence. L’évaluation américaine de la menace militaire représentée par l’U.R.S.S. — expression qu’il faut entendre au sens de danger potentiel résultant des seules possibilités militaires de ce pays — n’est pas faite pour calmer les appréhensions sur le premier point. Que ce soit dans les rapports traditionnellement faits au Congrès en début d’année ou lors de déclarations devant l’opinion, il est notable que les responsables de la défense américaine aient unanimement insisté sur les dangers présentés par la croissance de la puissance militaire soviétique.
L’analyse, tentée ici, de leurs estimations envisage successivement la situation qui prévaut globalement d’abord dans le domaine des forces stratégiques, puis dans celui des forces « d’emploi général ». Bien que cette analyse ne s’applique pas spécifiquement à l’Europe, ses données suffisent à montrer, une fois de plus, l’extrême difficulté et le danger des tractations envisagées pour réduire les forces sur ce théâtre.
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