Faits et dires
* Les responsabilités du Président de la République font que c’est lui seul qui doit et peut prendre les décisions en matière de dissuasion. Ce sont des décisions qui, si elles sont prises, sont prises sans aucun échelon intermédiaire entre le président de la République et l’exécution. La dissuasion est un faisceau de risques tournés vers l’adversaire et dont un au moins est mortel. Il est donc important d’avoir un arsenal dissuasif qui, suivant les adversaires et suivant les situations, leur permet de ne pas pouvoir être assurés à l’avance du risque final et notamment du risque mortel. C’est cela la dissuasion.
Président Giscard d’Estaing,
à TF1, le 18 novembre 1980
* La France ne peut que se réjouir de voir une Amérique forte et décidée à assumer pleinement ses responsabilités internationales… Cette constatation ne rend que plus nécessaire de mettre fin à l’anomalie que constitue, depuis la fin de la dernière guerre, l’effacement de l’Europe dans les affaires du monde.
Président Giscard d’Estaing, le 10 novembre 1980,
après avoir reçu le chancelier Helmut Schmidt.
* La France est attachée à son indépendance. Voilà pourquoi elle accomplit un grand effort en matière de défense. La France a toujours eu, en matière de détente, une conception exigeante ; elle n’a jamais recouvert de ce mot la tentation neutraliste, la complaisance à l’égard de quiconque, ou quelque pacifisme illusoire. La France assure sa sécurité par son effort de défense, est fidèle à ses alliances et entend poursuivre avec l’Union soviétique et les pays de l’Est un dialogue qu’elle juge nécessaire à la stabilité et à la paix en Europe et dans le monde. Elle a contribué à faire reculer la politique des blocs et ne souhaite pas y revenir.
M. Raymond Barre,
interview au Soir de Bruxelles,
25 novembre 1980
* La défense de la France doit être nationale, nucléaire et équilibrée dans ses concepts et ses moyens. Une frappe nucléaire tactique doit s’intégrer dans la manœuvre dissuasive générale et ne peut donc être que du ressort de l’autorité politique la plus élevée. La bombe à neutrons s’insère parfaitement dans ce concept mais aucune décision ne sera prise à ce sujet avant 2 ans.
M. Joël Le Theule (ministre de la Défense),
au quotidien Rhône-Alpes, 6 novembre 1980
* Le monde est on ne peut plus incertain. Personne actuellement n’est capable de dire comment se présenteront les événements militaires dans 2 ans ou dans 4 ans… Des situations nouvelles peuvent se présenter de façon tout à fait inattendue ; c’est pourquoi nous ne devons pas nous laisser enfermer dans les schémas habituels… Il n’est pas possible de tout miser sur le nucléaire et de ne rien avoir à côté. Mais il ne serait pas raisonnable non plus de nous cantonner dans un seul système nucléaire, les sous-marins par exemple.
Général Claude Vanbremeersch,
Chef d’état-major des armées (Céma),
au Dauphiné libéré, le 22 novembre 1980
* Dans sa forme actuelle le traité SALT II (Traité de limitation des armes stratégiques), signé mais non ratifié par Washington, est mort.
Sénateur Percy, émissaire du président Reagan
à Moscou, le 28 novembre 1980
* L’accord SALT II tient compte d’un juste équilibre des forces. Il ne saurait donc être question d’amendement à l’avantage d’une des parties. Il serait erroné de s’imaginer que l’URSS peut faire des concessions à son propre détriment.
Général Sergei Achromejev,
chef adjoint de l’État-major, le 28 novembre 1980
* Ceux qui s’en prennent, à Washington, aux accords SALT ressemblent à un homme qui scie la branche sur laquelle il est assis.
La Pravda, 16 novembre 1980
* Les gouvernements de l’Alliance atlantique doivent convenir d’un programme militaire et d’une stratégie politique afin que certains pays membres puissent faire face efficacement aux conflits qui pourraient se produire dans des régions où le traité de l’Atlantique Nord ne s’applique pas.
Assemblée de l’Atlantique Nord,
Bruxelles, le 21 novembre 1980
* Nous poursuivrons notre programme de préparation militaire avec détermination, nous mobiliserons les ressources du peuple américain, la richesse américaine, afin que notre programme soit efficace et puisse être l’arme de dissuasion pour éviter la guerre… Nous ne concédons pas la supériorité militaire.
M. Kampelman, coprésident de la délégation américaine
à la conférence de Madrid, 17 novembre 1980
* Dans le cadre des tentatives pour résoudre les problèmes internationaux à partir de positions de force, l’Union soviétique prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité et celle de ses alliés. Sur ce point, personne ne doit avoir de doute.
M. Tikhonov,
chef du gouvernement soviétique,
6 novembre 1980
* Les progrès de leur marine ont permis aux Soviétiques de disputer à l’Otan le contrôle de la Méditerranée. En 1951, nous avions dans ce secteur une supériorité absolue. Aujourd’hui le décor a changé de manière dramatique.
Amiral William Crowe,
commandant des forces de l’Otan
en Europe du Sud, le 18 novembre 1980
* La notion de politique de détente réaliste part de l’idée que la détente ne peut reposer que sur l’équilibre des forces. C’est pourquoi assurer sa propre sécurité n’est pas ennemi de la détente, mais la condition indispensable de cette dernière.
Chancelier Helmut Schmidt,
au Monde, 2 décembre 1980