Cinéma - À Lausanne : journées du film militaire
Le groupement de Lausanne de la Société des officiers vaudois a organisé pour la seconde fois des journées (internationales) du film militaire, qui se sont déroulées du 5 au 8 novembre dans l’Aula du collège des Bergières. 17 pays y ont participé, à savoir la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grande-Bretagne, la Hongrie, l’Italie, les Pays-Bas, les République démocratique et fédérale d’Allemagne (RDA et RFA), la Roumanie, la Suède, la Suisse et la Tunisie. À la dernière minute, l’Irak, qui avait annoncé sa participation, a retiré ses 2 films de la compétition. Le nombre total de nations a donc été sensiblement le même que lors de la première confrontation lausannoise en 1978.
Une cinquantaine de films étaient soumis au jugement du jury, cette fois unique, contrairement à celui de 1978 qui avait été scindé en deux, l’un militaire, l’autre civil. Le jury de 1980, présidé par le capitaine Edouard Graf, organisateur des journées 1978, comportait des personnalités suisses, dont Jean-Michel Henry, coorganisateur de la manifestation de 1978. Pour la seconde fois, on avait fait l’honneur au signataire de ces lignes de l’adjoindre au jury national, en souvenir de la création du Festival international du film militaire de Versailles.
Cette année, la compétition se trouvait à un niveau plus qu’honorable, malgré l’absence de certains pays producteurs (Norvège, Pologne, Yougoslavie, Autriche, entre autres) qui brillaient d’habitude dans ce genre de confrontation. Le Grand-Prix, matérialisé par un magnifique fusil de collection, est allé à la France pour le très beau film de Pierre Dubrulle, Les forces de haute mer, qui propose un exposé intelligent et d’une très haute qualité artistique sur les tâches actuelles d’une marine de guerre. Un second prix (le premier n’ayant pas été attribué) est revenu à la France dans la catégorie « expériences et archives » pour le reportage intitulé 16 000 hommes en terrain libre – Exentia 1979, sympathique démonstration de l’utilité des manœuvres en terrain libre pour le rapprochement de l’armée et de la Nation. Le film français Commander aujourd’hui, que certains donnaient comme favori, a déçu l’ensemble des spectateurs, son niveau artistique et humain étant nettement inférieur à celui de son prédécesseur immédiat, Informer, s’informer pour commander.
L’Allemagne fédérale a récolté quelques lauriers parfaitement mérités, notamment un premier prix dans la catégorie des films de relations publiques (information) avec Bei der Flotte ist das so, qui plaide généreusement et efficacement en faveur de l’esprit d’équipe, garant du succès et de la réussite dans la marine. Dans la catégorie « publicité » qui, rappelons-le, n’est pas admise au festival français, les Allemands de l’Ouest, ont présenté des films remarqués et primés : un second prix a été attribué à l’unanimité au film d’instruction montrant les avantages du système allemand de remise en état des pistes d’aviation, intitulé Volltreter-Startbahn Schnell, alors que le premier prix de publicité allait à Radpanzer Condor, vantant les qualités du véhicule blindé Condor, fabriqué par Thyssen-Heuschel. Sans qu’il ait pu être récompensé par le jury, le court-métrage sur l’utilité des simulateurs pour bien maîtriser les systèmes d’armes modernes, Ausbildungsgeräte, Trainer, Simulatoren, a séduit une large audience. L’Allemagne de l’Est s’était pour sa part contentée de l’envoi de 2 films de propagande conventionnelle qui, de l’avis même du représentant officiel de ce pays, n’avaient pas leur place dans cette confrontation.
Dans le domaine du film d’instruction, un premier prix a distingué le film américain A New Breed of Cat : the Human Factors Revolution, qui souligne de façon compétente le rôle du facteur humain pour le développement des équipements et des méthodes employées pour les armes dans les forces aériennes. La Roumanie a obtenu un diplôme d’honneur dans la même catégorie pour son reportage Le polygone de l’affermissement physique et psychique, tourné dans les camps spéciaux d’entraînement de l’armée populaire. La Suisse s’est vu attribuer un second prix pour le film Silence radio dans le secteur Falco, où l’on voit une patrouille confrontée aux problèmes de la guerre électronique au cours d’une exploration. 2 films d’instruction, l’un britannique, Fail out for a Smoke, sur les dangers du tabac, l’autre canadien, A Man for all Occurrences, mettant en scène un incurable gaffeur de l’aviation, furent jugés quelque peu puérils.
Pour des raisons diverses, on doit encore sortir du lot quelques œuvres dont les qualités sont évidentes : Ordine Attaco (qui avait obtenu pour la Suisse un prix au Festival international de Paris en 1979), 1 BE Corps, vaste panorama de la vie militaire belge, De nuit, attention (Suisse), film d’instruction sur la prévention des accidents lors de mouvements nocturnes, Sealegs (États-Unis), qui montre les différences qui existent entre l’aviation basée sur la terre ferme et celle qui se trouve sur les porte-avions, La Défense antiaérienne à basse altitude, film publicitaire français (Dassault), Training the Reserve Officer (Finlande), sur l’entraînement des chefs de l’infanterie en temps de paix, Field Howitzer 155-1, film publicitaire de production allemande vantant les mérites de la collaboration anglo-germano-italienne dans le domaine de l’industrie de guerre.
Un mot encore de l’organisation. Un net progrès a pu être constaté par les participants par rapport à la première manifestation vaudoise. La salle de projection du collège des Bergières est fort bien équipée et ses dépendances sont pratiques. Transports des personnalités bien organisés eux aussi. Signalons que la remise officielle des prix eut lieu dans la salle du Presbytère en présence du Président de la Confédération helvétique, du Président de l’assemblée cantonale de Vaud et du syndic (député-maire) de Lausanne qui, tous les trois, ont prononcé des allocutions dont l’humour a été apprécié par une audience très large. Jamais deux sans trois, c’est ce que semblent se dire les organisateurs des journées du film militaire de Lausanne et rendez-vous a été pris pour novembre 1982. ♦