Institutions internationales - L'Otan et la Pologne - La session de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) - Les vingt ans de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE)
Traditionnellement, les dernières semaines de l’année sont dominées par la clôture de la session de l’Assemblée générale de l’ONU, par la réunion de celle de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) et de celles de plusieurs instances de l’Alliance atlantique. Cette année, l’aggravation des tensions a donné aux débats de l’UEO et du Conseil atlantique des dimensions particulières.
Le 10 décembre, avant de quitter New Delhi, M. Leonid Brejnev a proposé un « plan de paix et de sécurité » pour le Golfe persique, qui a été considéré à l’Ouest comme ne comportant aucun élément nouveau. En fait, ce plan repose sur la volonté de l’URSS de faire admettre l’invasion de l’Afghanistan comme un fait acquis, ce que n’acceptent pas les Occidentaux, qui par ailleurs ne peuvent rien faire contre cette opération. L’Afghanistan reste une hypothèque qui pèse sur toute discussion Est-Ouest. La crise polonaise s’est ainsi inscrite dans un contexte dominé par la méfiance. L’hypothèse d’une intervention militaire soviétique semblait, à la mi-décembre, avoir perdu une part de sa valeur, car elle n’aurait été que la concrétisation d’un fait déjà acquis. Le 5 décembre à Moscou, les dirigeants des pays membres du Pacte de Varsovie ont déclaré que la Pologne « était, est et restera un pays socialiste ». Dans le même temps, l’accumulation de forces soviétiques, est-allemandes et tchécoslovaques aux frontières de la Pologne et le renforcement des divisions soviétiques stationnées en Pologne même, avaient isolé celle-ci. Dans le même temps encore, on enregistrait le retour des arguments évoqués en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968 : « complot impérialiste », « agression intérieure », « dangers contre-révolutionnaires », « menées anti-socialistes », etc. Il s’agissait donc de savoir si M. Kania parviendrait à « normaliser » la situation ou s’il devrait « faire appel » à l’URSS. De toute manière, les Polonais n’avaient pas le choix.
L’Otan et la Pologne
Le 2 décembre à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance atlantique ont tenu un conseil restreint consacré à la Pologne. C’était le point culminant de la traditionnelle « semaine atlantique ». Le prélude en avait été une déclaration de M. Joseph Luns, Secrétaire général de l’Otan : « Une intervention militaire soviétique en Pologne sonnerait sûrement le glas de la détente et pourrait avoir sur les relations Est-Ouest d’autres conséquences dont il est impossible d’estimer la gravité ». Les ministres des Affaires étrangères ont été d’accord pour constater que « compte tenu notamment du fait que la Pologne est entièrement entourée de pays membres du Pacte de Varsovie, on ne voit pas comment une intervention directe pourrait faire plus de bien que de mal ». Le communiqué officiel de leur réunion déclare : « La détente ne pourrait pas survivre si l’URSS devait à nouveau violer les droits fondamentaux de tout État à l’intégrité territoriale et à l’indépendance. La Pologne doit être libre et décider elle-même de son avenir. Les alliés continueront à respecter les principes de non-intervention et invitent instamment les autres pays à faire de même. Toute intervention signifierait une altération fondamentale de l’ensemble de la situation internationale. Les alliés seraient obligés de réagir de la manière qu’exigerait la gravité d’un tel développement ». Ce communiqué est le plus ferme enregistré ces derniers temps dans une enceinte occidentale, et l’Alliance a fait preuve d’une cohésion qu’elle n’avait pas démontrée même au lendemain de l’invasion de l’Afghanistan. Mais les ministres se sont abstenus, à juste titre, de préciser les ripostes envisagées. Il n’était pas question d’une intervention militaire, indépendamment même de l’argument géostratégique. C’est que l’Alliance est strictement défensive, que sa finalité est le maintien de la sécurité et de l’intégrité de ses membres, qu’elle est organisée en fonction de cet objectif, et qu’elle a un champ géographique bien déterminé : les territoires des États-membres, leur espace aérien, les espaces maritimes nord-atlantique et méditerranéen. Ce n’est qu’en cas d’agression contre ce champ géographique défini par l’article 6 du Traité de Washington (et modifié par les protocoles d’accession de la Grèce et de la Turquie en 1952) que peuvent jouer les mécanismes d’assistance mutuelle prévus par l’article 5 de ce même traité. Restent donc, comme moyens de riposte, l’arrêt des pourparlers diplomatiques entre l’Est et l’Ouest (à l’exclusion, semble-t-il, de ceux sur le Traité de limitation des armes stratégiques, SALT), des mesures économiques, etc.
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