Afrique - Sahara occidental : indispensable, un compromis paraît toujours difficile à réaliser - Victimes de ses dissensions, le Tchad tombe sous la coup du colonel Kadhafi
Durant les derniers mois de 1980 et le début de l’année 1981, des événements survenus en Afrique ou au Proche-Orient ont modifié les préoccupations des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, créant un état d’esprit qui peut avoir des conséquences sur leurs relations mutuelles. Les plus marquants sont le projet de fusion de la Libye et du Tchad, que l’on considère en général comme l’amorce d’un processus d’annexion, l’arbitrage ou plutôt l’entremise algérienne dans l’affaire des otages américains d’Iran, enfin la réunion de Lomé au cours de laquelle le Nigeria a su jouer un rôle déterminant pour faire condamner unanimement l’action libyenne par les 12 chefs d’État présents. Les divisions, qu’ont connues les États de l’Afrique de l’Ouest après la décolonisation du Sahara espagnol, sont estompées par la prise de conscience que les ambitions du colonel Kadhafi ne pourraient être que favorisées par toute crise survenue dans la région et qui, comme ce fut le cas du Tchad, ne trouverait pas une solution rapide.
Jusqu’ici, sur le problème du Sahara occidental, les pays voisins étaient divisés suivant ce qu’on pourrait appeler leurs affinités idéologiques : en pays favorables à un certain libéralisme (le Maroc comme le Sénégal) et en régimes plus autoritaires, dirigés en général par des militaires, comme le Mali, le Niger et maintenant la Mauritanie, régimes qui avaient certaines sympathies pour Alger sans toutefois soutenir inconditionnellement ses thèses. Or, ce sont ces derniers pays qui se considèrent aujourd’hui comme les plus menacés par l’expansionnisme libyen. Le fait que l’Algérie, qui n’a pas condamné ouvertement la pénétration des forces du colonel Kadhafi au Tchad ni le projet de fusion qui en a découlé, puisse être considérée comme alliée de la Libye dans le soutien du Front POLISARIO (Front populaire de libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro), peut détruire à leurs yeux le bien-fondé du dossier juridique qu’elle présente dans l’affaire du Sahara. Cette circonstance serait plutôt favorable au Maroc ; en revanche, la part importante prise par la diplomatie d’Alger dans la libération des otages américains d’Iran risque d’inciter les États-Unis et certains pays occidentaux à plus de compréhension à l’égard des thèses algériennes sur le problème sahraoui.
Trois pays sont directement concernés par ce problème, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie. Les deux premiers sont impliqués dans la conduite de la guerre ; le troisième cherche à maintenir sa neutralité mais, bénéficiaire au départ avec le Maroc de la partition du territoire sahraoui, il est entraîné insensiblement du côté algérien, après avoir renoncé à sa part, par les apparentements d’une fraction de la population avec les dirigeants du POLISARIO. Jusqu’à maintenant, les États voisins, ainsi que l’OUA (Organisation de l’unité africaine), ont joué un rôle d’observateur : ils ne sont pas intervenus et n’ont pas tenté d’arbitrage sérieux de peur de voir leurs prises de position ou leurs décisions rompre le jeu des alliances subtiles qui protège l’intégrité de nations mal soudées, ainsi que l’équilibre instable sur lequel repose la survivance de l’organisation africaine. Ils demeurent donc dans l’expectative, à l’exception de la Libye qui soutient la fraction la plus radicale du POLISARIO et dont la capitale abrite fréquemment les dirigeants de ce mouvement, particularité inquiétante que nous avions soulignée depuis deux ans.
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