Défense à travers la presse
Étonnement presque général de la presse : le président Reagan continue à tenir à la Maison-Blanche le langage qui avait caractérisé sa campagne électorale. On attendait plus de souplesse, plus de diplomatie, peut-être certains l’espéraient-ils : or, c’est toujours le temps de l’invective et les décisions qui se profilent ne sont favorables ni aux accommodements ni aux négociations SALT (Traité de limitation des armes stratégiques), ni au renouvellement automatique des accords de 1972 sur la limitation des armements antimissiles.
Aux États-Unis cette fermeté n’est pas objet de scandale, le Congrès l’accepte et même la presse libérale se garde d’engager le fer. Il faut donc se rendre à l’évidence : le ton a changé. Mais, observe Raymond Aron dans L’Express du 28 février 1981 : « Ronald Reagan tint, dès son arrivée à la Maison-Blanche, un langage qui trancha avec celui de Jimmy Carter. La politique de la nouvelle administration ne s’est définie jusqu’à présent que par son style. »
Raymond Aron estime en conséquence que le premier test est celui du Salvador. Puis, examinant l’évolution inévitable que l’attitude américaine va entraîner dans les relations entre l’Europe et les États-Unis, il écrit : « Les vrais dissentiments qui séparent Européens et Américains touchent à l’essentiel. Ouvertement ou non, les Européens, et surtout les Allemands, désirent une détente locale, le Vieux continent étant soustrait aux remous de la rivalité des deux supergrands. Les Européens, à l’exception des Français, renâclent devant l’effort de réarmement que le général Alexander Haig leur demande, comme le faisait son prédécesseur. Les Européens, les Français cette fois inclus, se déclarent partisans de la ratification des accords SALT II et impatients de négocier avec les Soviétiques sur les euromissiles, bien qu’en 1981, les Occidentaux se trouvent dans une position de faiblesse. »
Il reste 85 % de l'article à lire