Revue des revues
• La revue américaine Foreign Affairs publie dans son numéro d’hiver 1980-1981 un article de Robert W.Tucker, professeur de sciences politiques à l’Université John Hopkins. Cet article, sous le titre « The Purposes of American Power », analyse les objectifs de la politique étrangère des États-Unis.
Le professeur Tucker estime en effet que, pour la troisième fois depuis 1945 (1), son pays se trouve confronté à un changement de route, avec un nouveau débat qui s’ouvre sur la sécurité. Ce débat n’est pas nouveau, mais celui qui avait eu lieu à propos du Vietnam avait fait admettre que, dans un monde pluraliste, l’expansion communiste n’était plus une menace et que les interventions militaires n’avaient plus de raison d’être. À l’époque, la sécurité reposait sur un rapport favorable des forces, mais les administrations Johnson et Nixon ont accepté la parité avec l’Union soviétique, tout en supposant que cette dernière admettait le maintien du statu quo. Le problème du Golfe est venu s’ajouter à une nouvelle situation où le rapport des forces est devenu favorable à l’URSS.
On est ainsi ramené à la situation de 1947, avec un sentiment d’insécurité analogue à celui qui était alors ressenti, mais où la menace sur les pétroles du Golfe se substitue à une menace directe sur l’Europe. Le problème se complique du fait que les États de cette région sont instables et ne verraient pas d’un bon œil une « intervention » américaine se produire sur leur territoire. Le Golfe n’en constitue pas moins un « vide » qui risque d’être rempli par l’un ou par l’autre. Si ce vide persistait, c’est qu’il y aurait un changement révolutionnaire du système international, où la force militaire perdrait de son ancienne utilité. Mais ce serait également vrai pour les forces des deux superpuissances.
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