Afrique - Les marches sud-africaines - Rivalités idéologiques et luttes d'influence dans la Corne orientale
Parmi les pays qui entourent la République d’Afrique du Sud, le Mozambique et le Botswana sont liés à l’économie sud-africaine et n’ont pas de ressortissants blancs, du moins en nombre important. Ils font partie de la zone que Pretoria considère comme placée sous son influence indirecte sans qu’ils soient en mesure de lui causer des problèmes insurmontables. Ce ne serait pas le cas si, au Zimbabwe et en Namibie, s’installaient des gouvernements qui lui seraient hostiles, d’une part du fait que ces pays peuvent bénéficier d’une autonomie économique plus complète, d’autre part en raison de la présence, sur leur territoire, de populations blanches dont la citoyenneté ne peut être contestée et qui attendent de leur puissant voisin la garantie de leurs droits. Étant donné la nature actuelle du régime sud-africain, Pretoria est amené à croire que, dans ces pays, se joue l’avenir de sa propre image politique. Pour ces raisons, la Namibie et le Zimbabwe représentent, aux yeux de sa communauté blanche, les marches avancées de sa sécurité : les plus progressistes estiment qu’il s’y déroule une expérience de cohabitation dont les résultats seront déterminants pour l’évolution par paliers du système de l’Apartheid.
Les deux pays sont passés par la phase du « règlement interne ». Dans le cas du Zimbabwe, l’intervention britannique a permis de dépasser ce stade, d’aboutir à un cessez-le-feu et de proclamer l’indépendance avec l’assentiment de toutes les parties en cause. La Namibie reste en retrait ; on a même l’impression que Pretoria profite du manque d’autorité de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour gagner un répit qui lui permet d’observer l’évolution de l’ancienne Rhodésie et de déterminer son attitude future en fonction des résultats obtenus dans les domaines de la cohabitation des races, de la sécurité et de la libre entreprise.
Le 1er juillet 1980, l’Assemblée élue en décembre 1978 chargea M. Mudge, président de la DTA (Alliance démocratique de Turnhalle – Namibie) (1), parti très largement majoritaire, de former un Conseil des ministres. Il avait fallu quelque dix-huit mois pour que l’Assemblée de constitutionnelle devint nationale, pour organiser un corps de fonctionnaires namibiens, pour transférer à Windhoek la direction de certains services qui étaient rattachés à l’administration sud-africaine depuis plusieurs décennies, enfin pour créer un commandement autonome des forces sud-africaines opérant en Namibie et le placer, dans un premier temps, sous l’autorité de l’administrateur général désigné par Pretoria : il passerait sous le contrôle d’un gouvernement local lorsque celui-ci serait formé.
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